Iran : 13 vidéos inédites d’une révolution censurée
22.06.2009
Les médias occidentaux ne cessent d’évoquer le nom de Moussavi comme étant le chef du mouvement qui a pris possession de la rue dans toutes les villes de l’Iran. Les mouvements politiques français appellent à soutenir Moussavi contre la milice Bassidj alors que Moussavi a été l’un des premiers membres dirigeants de cette milice. Cette focalisation sur Moussavi désole et excède les Iraniens : nous avons donc décidé de vous faire part des derniers témoignages venus d’Iran et aussi de diffuser toutes les vidéos disponibles pour montrer que personne dans les présentes manifestations ne scande plus le nom de Moussavi. Lisez, regardez, écoutez, imprimez et changez d’attitude car votre indifférence tue.
Aujourd’hui, le mouvement de protestation massive entre dans son septième jour. Il y a 9 jours, le samedi 13 juin, le régime a initié un simulacre de contestation habillée de vert pour imiter une révolution de velours et ainsi montrer l’image d’un système démocratique, mais l’opération lui a échappé quand dans un mouvement spontané près de 2 millions d’Iraniens sont descendus dans la rue sans porter de ruban vert et sans scander de slogan pro Moussavi. Cette foule silencieuse a déplu au régime car elle a lancé un double appel très subversif en fin de rassemblement pour le lendemain : une grève générale et illimitée à l’échelle nationale et un rendez-vous pour se réunir à nouveau à Téhéran sur une Place évoquant la mort de plusieurs dirigeants du régime dans un important attentat en 1980. Le régime a compris le message et dès la fin de cette manif donné un assaut qui fut sanglant.
Cet assaut a sans doute été la véritable erreur du régime. Dans « République », Platon affirme que« la foule est semblable à la mer, par eux-mêmes les flots son paisibles et inoffensifs, mais si quelque tempête s’abat sur eux, ils se montrent aux navigateurs aussi déréglés que les vents qui les soulèvent ». Mais à l’assaut s’est ajoutée l’absence de réaction chez Moussavi et autres supposés modérés du régime comme Khatami. Aujourd’hui, on voit peu de rubans verts dans les manifs et selon un correspondant intérieur, ceux qui en portent sont critiqués par les autres et invités à s’en défaire.
Les slogans que l’on entend reflètent cette rupture : Il n’y a plus de slogans pro Moussavi ! Cependant, on entend Allah Akbar qui fut le cri de guerre des mollahs contre le Chah. Si l’on en croit la presse du régime, les dirigeants n’aiment pas ce choix des manifestants ! Interrogé sur le sujet, un de nos amis résident en Iran a affirmé que ce choix contenait un message : « vous êtes arrivés avec ce cri, nous vous chasserons avec vos propres armes. »
Assez parlé, place à la vérité crue. Des images d’unité face à des hélicos chargés de gaz poivré et de miliciens très armés mais repoussés à mains nues par des gamins qui sont en plus assez élégants.
Cette entrée en scène du peuple bouscule le train-train des faux opposants : cela ne concerne pas uniquement le cas d’Ebadi ou Moussavi : depuis une semaine, on n’entend plus parler des fausses féministes iraniennes ou encore de ces cinéastes primés à Cannes ; aucun n’a cherché à transmettre des images au monde. Le peuple a fait dérailler la machine de propagande du régime, mais cela est bien insuffisant car pour sauver les apparences, la France censure, Cannes se tait, les artistes la bouclent. Normal, le régime finance bon nombre de grosses productions du cinéma français. Le pire est encore d’entendre dans la bouche de quelques-uns l’expression du « mais on ne sait pas ce qu’il se passe là-bas ». Cela devient très choquant quand ces propos sont tenus par des journalistes ou des politiciens français dont des parents ou des amis ont été peut-être déportés.
Les images sont là et les questions aussi, mais chacun tourne le regard. Personne ne va secouer les lobbyistes du régime que sont Satrapi et nos minables sportifs d’origine iranienne.