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Iran : à propos du rapport Kerry
08.05.2009

Les mollahs repoussent toutes les initiatives de dialogue d’Obama. Les Américains ne savent plus comment gérer la nécessité d’un dialogue pour une entente stratégique avec les mollahs. En témoigne le rapport Kerry sur la nécessité de nouvelles sanctions.



à propos des sanctions déjà en vigueur sous Bush | Les Etats-Unis doivent arriver à une entente avec le régime des mollahs aussi bien pour accéder à l’Asie centrale que pour pacifier l’Afghanistan (car les mollahs soutiennent également les Talibans) ou encore pour avoir l’oreille de la rue arabe. C’est une nécessité géopolitique !

En échange, Téhéran exige l’impunité au Moyen-Orient, à la fois pour lui-même et ses milices : le Hezbollah, le Hamas et l’armée de Mahdi, présentes au Liban, en Palestine et en Irak. Cette demande est inacceptable car le patron régional est les Etats-Unis et ces régions très sensibles ne peuvent avoir deux patrons.

Pour obtenir gain de cause sans payer ce prix, Washington a entraîné derrière lui le Conseil de Sécurité pour mettre en place des sanctions très mesurées contre Téhéran. S’il avait l’intention de renverser les mollahs, il aurait agi comme en Irak. Mais dans le cas de l’Iran, son objectif était uniquement d’affaiblir les mollahs pour les faire céder et non les renverser car justement en raison de leurs compétences en terrorisme et en propagande islamique, ils seront utiles aux Américains pour islamiser l’Asie Centrale et l’Ouest de la Chine afin de soustraire ces 2 régions pétrolières, gazières et minières du domaine de l’influence russe et chinoise pour les rattacher aux compagnies américaines.

Revirement attendu en 2007 | Cette politique de sanctions molles n’a évidemment pas été efficace : Téhéran a continué à aider les Talibans au point qu’aujourd’hui on envisage même une défaite américaine en Afghanistan. En novembre 2007, un an avant l’élection présidentielle américaine, Washington a produit un rapport sur les activités nucléaires iraniennes où il était question d’une pause durable décidée par Téhéran dans son programme nucléaire militaire. Ce rapport qui ouvrait la voie au dialogue a été décrié par les autres Etats qui ont des intérêts en Iran car ils y ont vu à juste titre les prémices d’un arrangement secret qui à terme ferait des Etats-Unis un super-géant pétrolier et gazier.

Les Britanniques qui perdront ainsi leur première place mondiale d’un siècle sur le marché pétrolier ont été les premiers à réagir en poussant l’AIEA à contester ce rapport en évoquant l’absence de pause décidée par l’Iran dans son programme nucléaire afin de devenir la principale source de pression sur Téhéran pour lui imposer un deal avec les Six (Conseil de Sécurité+Allemagne) au lieu et à la place d’un deal uniquement avec les Américains.

Revirement réalisé en 2008 | Cependant malgré les craintes fondées des Britanniques, il faut préciser que l’initiative adoptée sous Bush n’a pas été facile à appliquer par ce dernier, car il avait toujours exigé la nécessité d’une suspension des activités nucléaires iraniennes en préalable à tout dialogue. Washington a opéré ce revirement avec Obama qui a fait sauter cette clause en proposant un dialogue sans condition préalable à Téhéran dont l’objectif est d’engager Téhéran, contre son gré, dans un processus politiquement correct d’apaisement qui est censé l’éloigner de ses prérogatives d’agitateur régional, anti-américain et anti-sioniste.

Malgré cette approche tactique brillante, la situation n’a guère évolué car Téhéran continue à refuser le dialogue en inventant toutes sortes d’excuses plus ou moins logiques. La plus valable est que le dialogue sans condition de suspension des activités nucléaires est une reconnaissance du droit de l’Iran à l’enrichissement et donc un motif valable pour mettre fin aux accusations du Conseil de Sécurité.

La Russie le soutient dans cette approche et la Grande-Bretagne aussi d’une certaine manière puisqu’elle a demandé un gel des sanctions et qu’elle accorde une légitimité régionale au Hamas et au Hezbollah en recevant leur représentant en son Parlement.

La situation actuelle | Aujourd’hui, la situation est sensiblement la même qu’avant l’arrivée d’Obama et la mise en place de son processus d’apaisement : Téhéran ne cède pas. Pour remédier à ce refus qui l’exaspère, Washington a décidé de nuancer le contenu du rapport du novembre 2007 sur l’arrêt des activités nucléaires militaires iraniennes en 2003. C’est l’objet du rapport publié par réversible John Kerry, président de la commission des affaires étrangères du Sénat américain.

La nuance Kerry | Ce rapport (que l’on peut qualifier d’étude) affirme que les mollahs ont marqué une pause en 2003 parce qu’ils avaient fait d’énormes progrès nucléaires militaires alors que les précédents rapports d’investigation et d’expertise des services secrets évoquaient des progrès à venir. Cette étude insinue que Téhéran a déjà le savoir-faire nucléaire militaire.

Le texte permet de rehausser le potentiel de la dangerosité des mollahs sans remettre en cause le dialogue, car il ne conteste pas la pause en 2003 des activités nucléaires militaires comme le fait régulièrement l’AIEA, ni la bonne foi des mollahs. Il peut permettre néanmoins d’affirmer le contraire si Téhéran se montre peu réceptif à accepter des compromis.

C’est un avertissement, mais un bis puisque Washington avait déjà évoqué oralement un remaniement de ce rapport 2007 en février 2009 ! Avec un « rapport » dans ce sens, Washington pérennise son laxisme !

Ceci est d’ailleurs très visible dans les propos de Kerry. Selon lui, « la solution ultime au casse-tête que représentent les ambitions nucléaires iraniennes n’est pas technique, mais politique. Seule une décision politique des dirigeants du pays est à même d’empêcher l’Iran de produire un jour une arme nucléaire. Et cette décision est par nature réversible ».

« Réversible » ! C’est la promesse d’un dialogue illimité ! L’avertissement mou succède aux sanctions molles. C’est l’impasse.


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Pour en savoir + sur cette impasse :
- Obama : Selon l’Iran, la réconciliation n’est pas à l’ordre du jour !
- (6 MAI 2009)

| Mots Clefs | Décideurs : OBAMA |
| Mots Clefs | Enjeux : Rétablir les rel. avec les USA & Négociations directes |
| Mots Clefs | Enjeux : Sanctions Ciblées en cours d’application |