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Iran : Petit lifting de son discours nucléaire
21.04.2009

Lors de la conférence de l’AIEA à Pékin, l’Iran a confirmé son intention de construire ses propres centrales nucléaires et de les approvisionner en combustible de fabrication nationale. Il y a certes une volonté de souffler sur les braises, mais également un discours nouveau.



Le 9 avril dernier, Téhéran avait annoncé sa maîtrise totale de la technologie nucléaire : il espérait provoquer une crise afin que par peur d’une escalade guerrière on lui cède sur le plan nucléaire et géopolitique.

Il espérait ainsi contrarier les plans des Américains qui souhaitent l’impliquer malgré lui et au nom de son soi-disant intérêt pour la stabilité de la région dans un processus de dialogue et d’apaisement qui le forcerait à accepter des compromis sur le plan nucléaire et géopolitique. C’est pourquoi, les Américains ont nié l’authenticité des annonces iraniennes du 9 avril, pour priver Téhéran de son initiative d’amplification de crise. Ils ont ainsi inauguré leur diplomatie d’esquive des provocations iraniennes.

Téhéran a riposté par un changement de discours : il a anticipé les compromis par des slogans qui les imitent ! Il a annoncé qu’il était désormais le garant de la stabilité régionale et au service des progrès pour tous les musulmans, et pour montrer sa bonne foi, il a renoncé à la version hard de son anti-sionisme, mais aussi à des annonces d’ambitions balistiques ou militaires.

A présent, il cherche à adapter son discours nucléaire aux normes de sa nouvelle identité régionale de défenseur du monde musulmans : il sera le fournisseur d’électricité pour la région. Il axe son lifting sur le nucléaire civil au lieu de parler sans arrêt de deux poids deux mesures (à propos de la bombe), ou encore des progrès dans ses centrifugeuses, progrès censés lui permettre de produire de l’uranium hautement enrichi.

Avec cette présente annonce de construction de ses propres centrales et de leur approvisionnement avec du combustible iranien, Téhéran réaffirme sa volonté de ne rien céder sans parler d’un équipement diabolisé.

Ce lifting a un autre avantage. Les centrales nucléaires « produisent » du combustible irradié utilisable à des fins militaires. La présente annonce n’écarte donc pas le côté anxiogène cher aux mollahs, il le remet à plus tard, beaucoup plus tard. Ce lifting permet donc d’éviter la nécessité de nouvelles sanctions, tout en restant une menace potentielle (complètement invérifiable), parfaite pour obtenir des compensations. Téhéran souffle un peu sur les braises, juste pour entretenir la flamme.

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Ce lifting répond aussi à une nécessité stratégique. Par le passé, le régime des mollahs justifiait son programme d’enrichissement en l’associant à l’approvisionnement de la centrale de Bouchehr. Encore récemment, il avait insisté sur la nécessité d’un départ des Russes pour insinuer via une gestion opaque de la centrale qu’il allait disposer rapidement de son combustible irradié toujours dans le but de provoquer une crise afin que par peur d’une escalade guerrière on lui cède sur le plan nucléaire et géopolitique. Mais cela s’est passé bien avant l’apparition de la politique américaine d’esquive !

Les difficultés créées par la politique d’esquive ont rendu à nouveau utile le soutien des Russes, ce qui explique que Téhéran associe désormais son programme d’enrichissement à des futures centrales iraniennes construites sans assistance étrangère (russe). Cette construction est pourtant plus que fictive car Téhéran n’est même pas en mesure de mettre en marche une centrale achevée à 100% et en cours de test !

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