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Iran : L’invitation surprise des Six déstabilise les mollahs !
10.04.2009

Hier, les Etats-Unis, la Russie, la Chine, la France, la Grande-Bretagne et l’Allemagne ont mandaté Javier Solana, le porte-parole de la diplomatie européenne, pour organiser une rencontre avec l’Iran pour de nouvelles négociations sur le programme nucléaire iranien. Après un temps d’hésitation, Téhéran a refusé dans une déferlante de discours désordonnés. | Décodages |



En début de semaine, Téhéran avait claironné son intention de présenter à la presse internationale les derniers progrès nucléaires de l’Iran à l’occasion de la troisième édition de la Journée nationale de la technologie. Le régime avait laissé entendre que ces « bonnes nouvelles nucléaires » concernaient une nouvelle génération de centrifugeuses miniaturisées et très performantes ainsi que l’inauguration d’une usine de fabrication de combustible nucléaire, insinuant ainsi qu’il ne souhaitait pas aller dans le sens de l’apaisement attendu par les Etats-Unis ou les Six.

En fait, Téhéran agit délibérément ainsi pour amplifier la crise afin de provoquer un état d’urgence vis-à-vis des Etats-Unis, son véritable adversaire. L’objectif de la manœuvre est de faire craindre une nouvelle guerre ou une crise pétrolière, afin de forcer l’opinion et la communauté internationale à encourager les Etats-Unis à se montrer plus conciliants avec les mollahs sur les sujets qui les opposent. Ceci revient à une levée des sanctions américaines à l’encontre de l’Iran, du Hamas et du Hezbollah, permettant aux mollahs de jouer librement les caïds dans la région. Pour exercer ce rôle régional qui sera sa garantie de survie, le régime des mollahs utilise la crise nucléaire pour créer un état d’urgence et obtenir les concessions nécessaires. Ceci étant vital pour la survie du régime, cette amplification ne connaît aucune limite.

Pour faire monter la sauce, Téhéran avait lancé le buzz plusieurs jours à l’avance, est-ce peut-être une erreur puisque ses futurs victimes, les Six, ont dégainé avant lui. A seulement quelques heures des annonces de progrès nucléaires iraniens pour amplifier la crise, les Six ont lancé une invitation pour de nouvelles négociations afin de montrer à l’unisson qu’ils refusaient le jeu d’escalade imposé par Téhéran.

Cette invitation surprise a réellement déstabilisé les mollahs. Ils ne s’y attendaient pas. On voit cela dans leurs réactions désordonnées : sur le vif, ils ont salué le « changement d’attitude » et affirmé qu’ils étudieraient cette « proposition constructive » avant de réaliser que l’invitation supposait qu’ils fassent le « premier pas », ce qu’ils refusent, et aussi qu’ils répondent enfin au paquet d’offres incitatives que les Six leur ont proposées en 2006 puis en 2008.

Les mollahs se sont donc ravisés en reprenant les réponses qu’ils avaient faites à cette offre en 2008 en même temps que les réponses qu’ils font actuellement à l’administration Obama pour éviter de faire le premier pas.

Il y a d’un côté un retour sur la nécessité pour Obama de faire des concessions pour montrer sa volonté de changement et de l’autre, Téhéran reparle du « paquet iranien » qu’il avait remis aux Six en juin 2008, et qui contenait des propositions iraniennes sur le règlement des affaires du monde.

Il est en tous les cas clair que le régime des mollahs ne veut plus de discussions avec les Six, puisqu’il a ajouté deux autres propositions extravagantes à sa liste farfelue de l’été 2008 au prétexte que le monde avait beaucoup changé depuis l’été dernier : via Ahmadinejad, le régime exige désormais une participation aux négociations sur le désarmement nucléaire et aussi une participation au G20 pour résoudre la crise internationale.

C’est un joli bazar car Téhéran jongle entre deux logiques : dire un oui conditionnel à Obama et un non flou aux Six (car ils restent des alliés utiles pour des négociations sans fin)...

L’invitation surprise n’a pas réussi à convaincre Téhéran à engager le dialogue, mais il a explosé la sérénité ricanante des mollahs qui s’amusaient même à imiter les discours d’Obama.

Enfin, dernier signe de rage : cette invitation préventive a également déclenché une déferlante plus forte que prévue d’annonces nucléaires anxiogènes. Le régime a annoncé non pas un modèle de centrifugeuse très performante, mais deux modèles. Il a ajouté à la liste l’installation de 7000 centrifugeuses en activité et 50.000 pour dans 5 ans !

Il a aussi inauguré comme prévu une usine de combustible, non pas pour Bouchehr, mais pour sa centrale à eau lourde (alors qu’en 2007 il avait admis son absence de maîtrise en transformation de plutonium). Le régime a aussi fait état de quantités impressionnantes de matière première pour démentir les rapports américains qui avaient annoncé la fin de l’aventure nucléaire des mollahs par une pénurie prochaine d’UF6 et de minerais d’uranium.

Et pour sauver cette journée qui devait être un succès médiatique, Téhéran a même annoncé qu’il disposerait de 30 tonnes de combustibles au plutonium fabriqués par l’usine qui vient d’être inaugurée aujourd’hui !

Après ces excès farfelus, les « responsables du régime » réfléchiront sans doute à une réponse moins brouillonne, mais ce soir, ils sont dans la panade.


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