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Iran : La reprise du No Limit Poker
02.10.2007

Il y a deux jours, au lendemain du report des sanctions à une date plus qu’incertaine, le régime des mollahs demandait aux grandes puissances de soutenir unanimement l’accord conclu le 21 août avec l’AIEA. Nous étions les seuls à voir dans cette demande une nouvelle ruse ou tactique de Téhéran qui laissait entendre que dans le cas où les grandes puissances émettraient des doutes sur l’efficacité de l’accord, il refuserait d’honorer sa parole. Les dernières déclarations de Larijani, négociateur en charge du dossier nucléaire, nous donnent raison.



Dans une interview accordée au journal Financial Times publié lundi, Larijani déclare que l’Iran reste ouvert aux « idées pouvant être posées sur la table » dans ses prochains pourparlers avec le représentant de l’Union Européenne sur la question nucléaire iranienne.

Cette phrase n’a pas sa place dans l’accord que les mollahs ont signé avec l’AIEA. Les mollahs reviennent à des discours déjà entendus et cette tactique de tout renégocier sans fin. L’accord à minima passé avec El Baradei contient peu d’éléments (par ex. il ne comporte pas une obligation de suspension de l’enrichissement), mais l’accord est simple : Téhéran doit apporter la preuve que son programme nucléaire n’est pas militaire. Il doit donc autoriser des inspections pour dissiper les doutes existant. Ce n’est pas à l’Europe de faire de nouvelles propositions à Téhéran mais l’inverse.

Principes du jeu de Poker | Mais, nous le rappelons, Téhéran ne peut pas autoriser ces inspections car sa méthode est fondée sur l’amplification de la crise (ou surrenchère). Cette amplification a elle-même deux fondements : les déclarations iraniennes sur leurs progrès nucléaires (surrenchère), et leur refus de faire visiter leurs installations. C’est une véritable partie de poker et les occidentaux prient Téhéran de leur dire ce qu’il a dans sa main !

Si Téhéran jouait la transparence, la partie serait finie, et il n’obtiendrait pas ce qu’il cherche. Les Européens lui promettent des compensations économiques, ce n’est pas ce que recherche le régime des mollahs (sinon il aurait accepté l’une de ses offres).

Le régime des mollahs veut une reconnaissance de son rôle régional, une reconnaissance de son droit d’ingérence dans le conflit Israélo-Palestinien et ce pour garder cette région en état de crise permanent, car en l’absence de crises au Moyen-Orient, il n’y jouerait plus aucun rôle.

La partie de poker que jouent les mollahs ne pourra jamais cesser : ils doivent pouvoir se réserver le droit de surrenchérir sans abattre leurs cartes. C’est un bluff permanent, mais appliqué à la crise nucléaire et ses spéculations, ce coup de poker est aussi un chantage permanent qui ne propose qu’une seule alternative : une capitulation occidentale, la reconnaissance de leur droit à l’ingérence au Liban, en Palestine et en Irak contre l’abandon des soi-disant activités de bluff nucléaire.

Dans la même interview, Larijani a été très clair : il a appliqué à la lettre ce jeu de surrenchères et de relances. Selon lui, « les progrès nucléaires réalisés par l’Iran sont irréversibles et les puissances mondiales doivent s’engager dans des négociations directes avec le gouvernement iranien sans aucune condition préalable ».

Par les « puissances mondiales », Larijani et les mollahs entendent les Etats-Unis, qui sont le seul état qui force actuellement ses partenaires à sanctionner l’Iran.

Décodages | Téhéran n’a aucune intention d’appliquer l’accord du 21 août et même en cas d’une négociation directe avec les Etats-Unis et l’obtention de la reconnaissance de son rôle au Liban, en Irak et en Palestine, le régime des mollahs n’autoriserait aucune inspection de ses centres nucléaires : le mystère de son programme nucléaire est une dissuasion virtuelle et il entend garder le droit de la surrenchère. C’est du No limit Poker.

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Pour en savoir + sur le sujet :
- Iran : Etat des lieux de la crise nucléaire iranienne
- (17 Septembre 2007)

| Mots Clefs | Nucléaire : Crise & Escalade |

| Mots Clefs | Nucléaire : Politique Nucléaire des mollahs |

| Mots Clefs | Nucléaire 2 : AIEA : inspections, actions et rapports |

| Mots Clefs | Mollahs & co : Ali Larijani |