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Iran : Ce qui se cache derrière le « scepticisme » des Américains !
11.04.2009

Hier, Téhéran a fait état de progrès nucléaires irréversibles avec le lancement d’un projet à base de plutonium qui peut avoir des utilisations militaires. Normalement, cela aurait dû déclencher l’ire des Etats-Unis et l’adoption éclair de nouvelles sanctions très rudes, mais Washington a tout simplement refusé d’admettre l’authenticité des annonces iraniennes avant de répéter son attachement au dialogue ! | Décodages |



Hier, à Ispahan et à l’occasion de la troisième édition de la journée nationale de la technologie nucléaire, Ahmadinejad a annoncé des progrès nucléaires irréversibles obtenus « grâce au refus du dictat imposé par les Etats-Unis ».

La journée nationale de la technologie nucléaire tombait un 9 avril cette année, et un 8 avril l’année précédente, mais il s’agit du 20ième jour de l’année iranienne, le 20 du mois Farvardin. Cette date n’a pas été fixée au hasard d’une découverte scientifique nucléaire : c’est la date à laquelle les Etats-Unis ont rompu il y a 29 ans leurs relations diplomatiques avec la république islamique d’Iran. Hier, le régime des mollahs n’a cessé de rappeler à chacun qu’il devait ses progrès nucléaires à cette « rupture salutaire ».

Hier le régime entendait faire des déclarations très anxiogènes propres à provoquer une grande colère chez les Américains pour retrouver cette ambiance orageuse et refuser tout dialogue avec Obama : fermer la porte pour priver les Etats-Unis d’une entente avec l’Iran par laquelle ils pourraient enfin accéder à l’Asie Centrale, région qu’ils doivent nécessairement contrôler pour affaiblir la Chine et la Russie. En gardant le sourire, Washington s’est tenu loin de ce piège. Hillary Clinton a d’ailleurs dit que les Etats-Unis n’attribuaient « aucune signification particulière » aux déclarations d’Ahmadinejad.

Pendant 6 ans, la moindre déclaration iranienne à propos d’un équipement nucléaire était immédiatement suivie par des demandes américaines de sanctions : Téhéran s’attendait à une telle réaction. En évitant d’aller dans le sens de l’escalade souhaitée par Téhéran, Washington a en fait gardé sa maîtrise de la gestion de la crise qui recommande l’apaisement avec Téhéran pour l’engager dans un dialogue qui le forcera à cesser de jouer les agitateurs, c’est-à-dire à faire des compromis dans le sens des attentes de Washington.

La gestion de la crise est essentielle dans cette affaire. Washington a d’abord demandé le transfert du dossier nucléaire au Conseil de Sécurité : il a ainsi internationalisé son bras de fer avec les mollahs. Il a opté pour des résolutions avec des sanctions très doux qui ont néanmoins légitimé le recours à des sanctions. Il a par la suite demandé l’adoption de nouvelles résolutions qui ont légitimé régulièrement ses propres sanctions. Il s’est substitué à l’ONU et à l’AIEA qui ne cesse de contester ses ingérences [1]. Après avoir mis en place une impressionnante batterie de sanctions, il a changé de ton pour évoquer un dialogue sans condition préalable, que Téhéran refuse car il s’agit quand même d’un dialogue sous la menace des sanctions en vigueur ou à venir.

Là, ils viennent de laisser passer 3 séries de déclarations anxiogènes depuis mi-mars, mais peu avant, début mars, ils avaient alourdi leurs sanctions contre Téhéran alors que les mollahs n’avaient fait aucune déclaration nucléaire anxiogène, mais seulement repoussé leurs avances pour contrarier leur maîtrise de la gestion de la crise.

Ce sont les Etats-Unis qui mènent la danse et entendent garder la main, parfois par des sanctions comme en mars 2009 et d’autres fois en se disant sceptiques sur l’authenticité des progrès nucléaires iraniens annoncés à une date symbolique.

Gestion de la crise et intérêts extra-nucléaires sont les mots-clefs de cette crise, chacun a ses intérêts et ses méthodes pour prendre le dessus.

Cela concerne les Etats-Unis et les mollahs, mais aussi les autres acteurs de cette crise comme la Grande-Bretagne, la Chine, la Russie, l’Allemagne ou encore la France qui ne souhaitent pas une entente irano-américaine, mais un compromis global avec tous les pays qui ont des intérêts en Iran, autrement dit les Six. C’est ce qui explique les réactions de Paris aux déclarations d’Ahmadinejad...

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

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Bush aussi pouvait faire preuve de « scepticisme » :
- Iran : La semaine en images n°21
- (13 JUILLET 2008)

| Mots Clefs | Décideurs : Hillary Clinton |
| Mots Clefs | Enjeux : Rétablir les rel. avec les USA & Négociations directes |

| Mots Clefs | Nucléaire : Crise & Escalade |
| Mots Clefs | Institutions : Diplomatie (selon les mollahs) |
| Mots Clefs | Nucléaire : Politique Nucléaire des mollahs |

[1La gestion en continu | Au passage, les Américains ont profité de leur « scepticisme » pour remettre en cause la crédibilité des rapports de l’AIEA, un organisme dont le directeur El Baradai conteste leur maîtrise exclusive de la gestion de la crise. Au cours d’une conférence de presse commune avec son collègue à la Défense Robert Gates, Hillary Clinton a déclaré : « Nous avons entendu beaucoup de chiffres et d’affirmations depuis un certain nombre d’années… c’est l’une des raisons pour lesquelles nous participons aux discussions des Six, c’est pour s’assurer que l’AIEA est une source crédible d’information car il y a une grosse différence entre ce que l’AIEA a observé il y a six ou sept semaines et ce que l’Iran affirme aujourd’hui… »