Iran : Washington instrumentalise encore la menace israélienne 17.02.2009 Un rapport officiel israélien désigne l’Iran comme la plus grande menace pour Israël et relance de facto et de manière très réaliste les rumeurs d’une intervention militaire israélienne en Iran, rumeurs que les mollahs prennent très un peu au sérieux. Selon le quotidien Yediot Aharonot, l’édition 2009 du rapport annuel de l’armée israélienne, remis la semaine dernière par le général Gaby Ashkenazi au ministre de la Défense Ehud Barak, désigne la république islamique d’Iran comme la menace fondamentale pour la sécurité d’Israël. Selon ce quotidien israélien, dans ce rapport, le général Ashkenazi évoque les missiles balistiques iraniens, sa puissance nucléaire et sa capacité à embraser la région pour arriver à cette conclusion. Cette conclusion peut faire douter de la santé mentale du général car la défaite du Hamas et l’inaction suspecte du Hezbollah pendant la guerre de Gaza ont démontré l’absence de capacité de nuisance des mollahs. De plus cette même guerre a démontré que les mollahs n’ont également aucune capacité balistique étant donné qu’ils n’ont effectivement tiré aucun missile de longue portée depuis l’Iran. Quant à la capacité nucléaire iranienne, elle est si insignifiante que le régime n’est même pas capable de mettre en marche des installations nucléaires civiles de Bouchehr achevées à 99% ! Mais ce rapport signé par Gaby Ashkenazi n’est pas l’œuvre d’un fou, certains prétendent qu’il est un moyen pour demander une augmentation de près de 400 millions de dollars pour le budget de la défense. C’est bien probable, mais selon notre analyse, cette publication est un moyen médiatique pour raviver les rumeurs intimidantes d’une intervention israélienne en Iran, rumeurs si souvent utilisées sous Bush avec lesquelles a renoué l’administration Obama suite à l’échec rapide et prévisible de sa politique de dialogue avec l’Iran. Sous Bush, l’administration américaine avait souvent laissé entendre qu’elle ne pourrait pas demander aux Israéliens de se retenir. Bush a longtemps joué la carte de l’ambiguïté pour faire peur aux mollahs avant de mettre fin au suspens en juillet 2008 à un moment où il espérait une entente préélectorale avec Téhéran. Obama a accédé au pouvoir, sûr et certain que Téhéran accepterait un deal surtout après Gaza et l’échec de sa volonté de pouvoir embraser la région. Téhéran a refusé la main tendue par Obama et ce dernier a répliqué en affirmant au grand étonnement de ses partisans (déçus) que l’option militaire était encore sur la table. Téhéran n’a pas pris cette menace au sérieux car tout de suite après, l’administration Obama a repris sa parole pour tenter de nouvelles initiatives pour nouer le dialogue. C’est dans ce contexte qu’Obama revient à une politique (bushienne) d’instrumentalisation de la menace extérieure contre la sécurité du régime. Il y a d’un côté les attaques [1] du groupe Jundallah contre les Pasdaran et à présent la menace rampante d’une « frappe sauvage » israélienne ! © WWW.IRAN-RESIST.ORG
L’été 2008, quand Bush a décidé de clore cette politique d’intimidation, il a alors prétendu que l’armée israélienne était sous-équipée pour cette intervention. Ceci est faux. L’armée israélienne a cette capacité et les mollahs sont conscients plus que jamais de la possibilité de cette frappe, car ils savent qu’en refusant la main tendue par Obama, ils privent les Etats-Unis d’un pion stratégique qu’est l’Iran et ainsi ils désorganisent l’ensemble de sa diplomatie globale en Asie. L’enjeu est de taille pour les Américains, c’est ce qui rend cette menace digne d’intérêt. Parallèlement, quelle que soit la puissance de cette frappe (surtout si elle est juste une petite action punitive à la Libyenne), sans une vraie capacité de riposte, le régime des mollahs perdrait immédiatement son aura de puissance dans la rue arabe et surtout il se retrouverait désarmé à la table des négociations avec Obama. C’est pourquoi Téhéran prend encore plus cette menace au sérieux. Pour y répliquer, il a annoncé la création d’une branche militaire entièrement consacrée à la DCA, branche qui pourrait être équipée des fameux systèmes de la DCA russe S-300 qui rendraient toute menace caduque. Cependant, une frappe de l’Iran pourrait pousser le régime des mollahs dans les bras des Chinois et des Russes, ce qui retient Washington de donner son accord à une intervention israélienne en Iran. Nous sommes donc dans un cas classique de la crise nucléaire iranienne : une phase d’intimidation qui précède une offre de dialogue. © WWW.IRAN-RESIST.ORG
Après ce genre de déclaration, Téhéran aura du mal à croire aux menaces américaines, même si le potentiel israélien existe. © WWW.IRAN-RESIST.ORG
| Mots Clefs | Enjeux : Option militaire |
[1] Les partisans du Jundallah ont aussi tué ce dimanche encore 4 Pasdaran près de Sârevan alors qu’au même moment un groupe armé kurde – encore inconnu-, Unité 201 des Gardes de la Liberté, attaquait une caserne près de Marivân, mais sans faire de victime dans les rangs des Pasdaran. |