En effet, Téhéran a encouragé le Hamas à rompre la trêve, dans l’espoir que pendant la période de transition avant l’arrivée d’Obama, Bush ne cautionnerait aucune intervention israélienne et que par conséquent avec l’aide du Hamas, il arriverait à préparer une situation impossible pour Obama, forçant ce dernier à se montrer plus conciliant avec l’Iran. Cette hypothèse s’est avérée une erreur et aujourd’hui Téhéran s’en mord les doigts : en l’absence d’une force réelle pour secourir ses amis du Hamas, il se contente de meubler le vide par des slogans comme celui d’un renfort de 70,000 Iraniens prêts à se rendre à Gaza pour défendre le Hamas.

Dès le début du conflit, Téhéran a évoqué sa décision de dépêcher des brigades de martyrs à Gaza. Nous avions alors expliqué l’invraisemblance de cette promesse par l’animosité de la quasi totalité des Iraniens à l’égard des Palestiniens (membres du Hamas et du Hezbollah) qui sont vus comme des parasites vivant au crochet du peuple iranien. Nous avions également déclaré que cette promesse était un discours formaté pour répondre aux attentes de la rue arabe, mais il faisait rire aux éclats les Iraniens car les candidats au martyr n’avaient aucun moyen de se rendre à Gaza, accessible depuis l’Egypte ou depuis Israël.

Après l’annonce des 70,000 kamikazes, nous avons rappelé ces points tout en précisant qu’il s’agissait désormais d’un constat d’impuissance des mollahs à pouvoir embraser la région.

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L’article de Delphine Minoui présenté comme un dialogue entre cette dernière et Davoud Hermidas-Bavand [1], un professeur des sciences politiques à l’université Téhéran, confirme ce constat d’impuissance et la volonté de Téhéran de le dissimuler.

Minoui et son expert pro-régime évoquent brièvement notre principale analyse : l’impossibilité physique de se rendre à Gaza via l’Egypte ou Israël qui fait de l’annonce un simple slogan, et l’utilisation par Téhéran de ce slogan pour rester en contact avec la rue arabe, mais là s’arrête leur plagiat. L’évocation de cette analyse signée Iran-resist s’avère être un moyen pour Minoui de mettre en confiance les lecteurs que nous avons rendus exigeants afin de mieux les bombarder avec des arguments très particuliers en faveur du régime.

Au moment où le régime est face à un échec cuisant dans ses efforts pour amplifier la crise, ces arguments minimisent son rôle dans le conflit. Ainsi dans cet article, il n’est plus question de soutien militaire des Pasdaran au Hamas, mais d’un soutien moral, politique et financier [2]. Minoui met aussi personnellement en doute les livraisons de missiles [3] évoquées par son ami Malbrunot (qu’elle ne nomme pas). En prime, Delphine Minoui prétend même que le régime n’avait aucune intention d’embraser la région [4].

Cet article coïncide également avec les efforts du régime pour se désolidariser de l’échec en évoquant une responsabilité directe d’Ahmadinejad, alors que ce dernier avait été dépêché au Baloutchistan pour faire face à un attentat contre le centre du Commandement des Pasdaran et de ce fait, il a raté le chahut sur Gaza. On a surtout entendu les soi-disant modérés Rafsandjani et Larijani promettre un bain de sang aux Israéliens. Dans son article, Minoui et son expert pro-régime évoquent aussi cette responsabilité d’Ahmadinejad et les « conservateurs » [5].

C’est un point commun de tous les lobbyistes du régime : leurs arguments sont toujours contradictoires car Ahmadinejad ne peut pas à la fois être un fou pro-Hamas et un artisan de la paix ! Par ailleurs, pour réduire le nombre des contradictions, Minoui et son invité ont évité toute réflexion sur la conduite du Hamas et la riposte israélienne. L’article doit être vu non comme une analyse mais la somme (contradictoire) des attentes de Téhéran pour réparer les erreurs accumulées dans cette crise.

Il y a une référence au rôle des « conservateurs », mais plus des 75% de l’article sont centrés sur l’absence de lien entre Téhéran et le Hamas et les efforts diplomatiques en faveur de la paix [6]. C’est une manière indirecte et redondante pour brouiller les cartes et faire oublier que le régime a été incapable d’embraser le Moyen-Orient comme il l’a sans cesse promis directement via ses dirigeants ou indirectement via ses lobbyistes comme le Français Olivier Roy ou l’Américain Robert Baer.

Cette concentration sur le sujet prouve l’importance pour Téhéran de cette réputation terrifiante. C’est l’obsession des mollahs.

Comme tous les articles écrits par des lobbyistes du régime, ce texte est un excellent indicateur de l’état du régime après cette crise qui résulte d’une grave erreur d’appréciation. Alors que les Gazaouis sont sous les bombes par sa faute, qu’il n’a tenu aucune de ses promesses pour les secourir et que son alliance avec les Palestiniens et la rue arabe risque d’en pâtir, le régime des mollahs reste obnubilé par sa réputation de terreur régionale, son seul atout pour négocier une entente avec Washington.

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Nous remercions donc encore Delphine Minoui [7] qui par sa précieuse contribution nous permet de voire que désormais, la terreur est au cœur du régime, il se sent menacé parce qu’il a déçu la rue arabe et Gaza et parce que sa réputation de terreur régionale est fichue.

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