Dans son article, « l’Iran n’est pas vraiment une menace », Gwynne Dyer a l’ambition d’élucider la raison d’être du programme nucléaire des mollahs. En fait Gwynne Dyer expose des points de vue qui justifieraient même l’existence d’un programme nucléaire militaire.

A propos de l’usine d’enrichissement de Natanz, Gwynne Dyer écrit : « Il y a déjà eu un programme d’armement nucléaire iranien. C’était sous le Chah , dont Washington voulait faire le gendarme du Golfe. Après la révolution de 1979, le nouveau dirigeant de la République islamique d’Iran, l’Ayatollah Rouhollah Khomeiny, a supprimé ce programme, les armes de destruction massive étant incompatibles avec l’islam. Il a tout de même gardé le programme d’énergie nucléaire pacifique.

Lors de la guerre Irak-Iran de 1980-1988, les États-Unis ont finalement soutenu Saddam Hussein, même s’il était clairement à l’origine de la guerre et même s’ils savaient que le dirigeant irakien travaillait à la mise au point d’armes nucléaires. Même si c’était peu compatible avec l’islam, les ayatollahs iraniens ont entériné, en 1984, la reprise du programme d’armes nucléaires du Chah pour contrer la menace irakienne . C’est à cette époque que l’usine d’enrichissement de l’uranium de Natanz, qui a un si grand rôle dans les accusations des Américains, a commencé à fonctionner. »

Eh bien, nous avons là un exemple de la méthode d’analyse de Gwynne Dyer. Selon Dyer, l’usine d’enrichissement de Natanz date de l’époque du Chah et elle aurait été réactivé en 1984. Or, les travaux de Natanz ont débuté après 2001 !  [1]

Le programme nucléaire iranien du temps du Chah d’Iran ne comportait pas d’usine d’enrichissement nucléaire : le Chah avait confié cette tâche à l’Etat Français qui devait fabriquer le combustible en France, le livrer à l’Iran et le récupérer pour le retraiter en France. Il s’agit de l’accord d’Eurodif, et en ayant investi 1 milliard de dollars dans l’usine d’enrichissement d’uranium à Pierrelatte (Drôme), l’Iran obtenait le droit à vie à du combustible pour ses futures centrales électriques.

A cette époque, l’Iran n’avait pas de projet d’enrichissement sur le sol iranien et ceux qui l’affirment font des projections politiques. Ils se basent sur la guerre qui a eu lieu entre l’Iran et l’Irak après la chute du Chah. Or, le 6 mars 1975, l’Iran du Chah et l’Irak ont signé l’Accord d’Alger pour résoudre leurs différents frontaliers. Parallèlement, le Chah oeuvrait en coulisse pour réaliser le rapprochement Israélo-Egyptien (qui déboucha sur les accords de Camp David) et il militait au sein de l’ONU pour la dénucléarisation du Moyen-Orient. Cet Iran n’avait pas d’ennemi dans la région. Les projections et spéculations sur l’existence d’un programme nucléaire iranien sont le résultat de la menace que fait peser le régime des mollahs sur la région.

Comme bon nombre de gens qui écrivent sur l’Iran, Georges Malbrunot, François Heisbourg, Antoine Sfeir, David Servenay (Rue 89), Olivier Roy, Alexandre Adler ou encore Thérèse Delpech, Gwynne Dyer comble ses lacunes de connaissances iraniennes en reliant des choses étrangères entre elles. Dans son cas, Dyer établit un lien entre le programme Eurodif de 1975 et l’usine de Natanz construite après 2001, deux programme qui n’ont rien avoir ensemble.

La suite de l’article ressemble à son début : Ayant décrété que Natanz a commencé ses activités en 1984 et non en 2003, Dyer échafaude de folles hypothèses sur les raisons d’activité d’une usine qui n’existait pas aux dates qu’il avance.

Nous avions déjà consacré un article à Dyer ce journaliste charlatan et nous espérons que le quotidien Soleil se privera de ses services, sinon on pourrait en conclure que c’est ce quotidien qui aime jouer les propagandistes d’un régime de terroristes et de pédophiles.

© WWW.IRAN-RESIST.ORG