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En Iran, la vie ne vaut rien (vidéo)
06.08.2007

Le bloggeur et militant des droits de l’homme, Spartakus, nous a envoyé une vidéo des derniers instants de la vie de Madjid Kavoussifar et de son compagnon d’infortune, son cousin ou son neveu Hossein.



Spartakus précède les images de quelques mots : « les héros ne meurent jamais ». Mais Madjid Kavoussifar n’était pas un héros, il n’avait pas pris les armes pour sauver l’Iran, il était tout le contraire d’un héros, mais néanmoins il est devenu un héros dans ces derniers instants et son cas a interpellé tous les iraniens pour une très simple raison qu’aucun étranger ne peut comprendre : il avait 28 ans.

28 ans est l’âge de la république Islamique : Madjid Kavoussifar est un enfant de la révolution islamique, il est né après la révolution, il a grandi en criant les slogans que l’on apprend dans les écoles de ce régime, il est le constat de l’échec du régime. Il n’a pas pris les armes dans l’espoir de s’enrichir, mais parce qu’il est impossible d’espérer s’arracher à sa condition de pauvre sous le régime des mollahs autrement que par la défonce ou par la violence.

En se laissant couler ou en s’agitant un peu avant de se laisser couler : son banditisme est l’expression d’une jeunesse sans avenir, une jeunesse qui n’y croit plus et d’ailleurs, à ses derniers instants, il est devenu le symbole même de cette jeunesse désabusée et heureux de partir, foutre le camp loin de l’Iran.

Il souriait comme au moment de partir, de laisser les siens derrière soi. Il crânait un peu comme son compagnon d’infortune, comme une rock star qui sourit à son public, mais également comme le font les présidents américains qui pointent le doigt vers un inconnu dans la foule. Il a trouvé le moyen de faire bye bye de ses mains attachées dans le dos, avec ce sourire très ambigu. Un coup pied sec a dérobé le tabouret sous ses pieds, sous son sourire que tous les iraniens connaissent si bien pour l’avoir esquissé des centaines de fois pour cacher leur gêne, et Madjid s’est laissé couler si net qu’on aurait juré qu’il était déjà mort depuis des années.

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

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La scène est filmée par une caméra sans émotion, une caméra clinique dans un esprit nazi. On voit dans ce film d’actualité les 4 Iran : celui de ces jeunes zombies qui veulent précipiter leur mort pour en finir le plus vite avec ce pays, et puis il y a ceux du régime, les encagoulés, mais aussi des photographes qui ajustent leurs zooms sans sourciller, il y a aussi la foule endimanchée qui crie « Allah Akbar, Dieu est grand » ! On en sourirait comme Madjid.

Il y a dans cette foule des personnes bien équipées de caméras numériques hors de prix (pour 85% des iraniens), cette foule se délectait à immortaliser la mort de Madjid et de Hossein Kavoussifar. Quelle déception qu’ils ne se soient pas débattus.

Finalement, il y a un troisième Iran, celui des « vieux » (les plus de 45 ans), ceux qui ont vécu la révolution, on les voit à leurs fenêtres, spectateurs tristes et impuissants du spectacle navrant d’une jeunesse sans avenir qui préfère se laisser couler.

Enfin, il y a le dernier Iran, celui des opposants politiquement corrects, ceux qui nous parlent de la résistance des jeunes, ceux qui se complaisent à vouloir chercher leurs héros dans les soi-disant « étudiants en colère », dans les soi-disant « syndicalistes malmenés » ou dans les fausses féministes du régime. Les héros sont ailleurs et vous avez tout faux. Les héros vont à la mort avec un sourire et en se laissant couler sans se débattre. Vous voulez sauver l’Iran, mais vous oubliez qu’il vous faut aussi sauver les vrais iraniens...

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

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