Iran Nucléaire: Chirac Bis et les mollahs bossent 29.08.2006 Lundi, Jacques Chirac a exhorté une nouvelle fois l’Iran à « faire les gestes nécessaires pour créer les conditions de la confiance » avec la communauté internationale sur le dossier du nucléaire. Devant les ambassadeurs de France réunis à Paris pour leur conférence annuelle, Jacques Chirac a prédit une « reprise des hostilités » au Liban en l’absence d’un « règlement global et durable » entre tous les acteurs de la région. En réalité, par tous les acteurs de la région, le président entendait : l’Iran des mollahs. Car actuellement de nombreux pays de la région interviennent pour trouver une solution globale aux problèmes du Liban. Mais il semblerait que ceci ne soit pas suffisant pour Jacques Chirac qui a hâte de voir l’Iran officialiser sa mainmise dans la région (même si ce pays n’a aucune frontière commune avec le Liban). Infatigable, Chirac a répété les mots habituels de la partie visible de la diplomatie française : Dialogue et Rôle Régional de l’Iran. La semaine dernière nous avions souligné que ce discours était commun à tous les « experts » français. Ce qui est incroyable, c’est que les experts et le président sont du même avis. La diplomatie française, bien qu’elle soit incapable de détecter les crises à l’avance, semble dénuée de défauts et l’ensemble des experts insiste sur les mêmes incontournables : l’Iran est un grand pays, il doit jouer un rôle régional, etc. On pourrait finir par se demander si ces experts ne seraient pas de nationalité iranienne car le bien être de l’Iran leur importe d’avantage que le bien être de la France. On peut également se demander si c’est le président qui définit la diplomatie et les experts qui suivent le courant pour être dans les faveurs du sultan ou bien si ce sont les experts pro-« iranien » ou plus cyniquement pro-mollahs qui définissent les lignes de forces de la politique Moyen-Orientale de la France et encouragent le président à adopter une certaine politique pro-république islamique d’Iran. En d’autres termes, qui influence qui ? Est-ce les mollahs qui dictent à la France sa sympathie pour l’Iran ou la France applique-t-elle cette politique désastreuse selon ses propres analyses ? Il est difficile de croire à la seconde hypothèse tant les conséquences de tels actes sont dans l’immédiat en défaveur du rôle régional non pas des mollahs mais de la France qui a failli être éjectée de la direction de la Finul pour avoir manqué d’esprit de décision et de rapidité dans un cas qui demandait ces deux qualités. Par la suite nous avons entendu les mêmes experts analyser ces quelques jours, et voir à la place des hésitations et des indécisions, de la prudence et de la réflexion. La France est certes une république, mais elle garde quelques traces de la monarchie, en Iran tout était de la faute du Shah et en France tout est de la Faute de Chirac. Cependant, il y a quelque chose de presque plus grave que les hésitations du président : le suivisme des experts qui sont les courtisans de l’Elysée. Finalement, peu importe qui influence qui puisqu’il suffit de se demander à qui profite cette machine folle ? Pour y répondre, nous avons décidé de faire un voyage d’un an en arrière, et vous proposer les propos qui avaient été tenus au sujet de l’Iran à l’occasion de la conférence annuelle des ambassadeurs en 2005 : «Nous en appelons à l’esprit de responsabilité de l’Iran pour rétablir la coopération et la confiance, à défaut desquelles le Conseil de sécurité n’aurait d’autre choix que de se saisir de la question», a déclaré le président français devant les ambassadeurs de France réunis à l’Elysée pour l’ouverture de leur 13e conférence annuelle. «L’offre européenne est à la mesure du rôle que ce grand pays qu’est l’Iran doit jouer dans le monde», a souligné le président français le 29 Août 2005. A présent, voici, le discours de Chirac au sujet de l’Iran à l’occasion de la conférence annuelle des ambassadeurs en 2006 : «Il y a toujours place pour le dialogue. L'Iran est un grand pays. Mais la reconnaissance de son rôle lui crée aussi des obligations: celles de dissiper les appréhensions et de travailler à la stabilité régionale, comme il convient à un grand pays responsable», a déclaré le président français devant la 14e conférence annuelle des ambassadeurs. De fait nous constatons que le conflit du Liban n’a en rien influé sur la décision du gouvernement français et la diplomatie française garde le même cap, et ce quelque soit le danger de l’accession des ayatollahs à la bombe nucléaire ou leur ingérence dans la vie libanaise et leur guerre télécommandée dans ce pays. Nous constatons même une plus grande indulgence du chef de l’état qui parlait des sanctions en 2005 et n’en parle plus en 2006. De ce fait les discours sur l’amitié avec le peuple Libanais nous paraissent secondaires tant l’objectif unique et constante du Quai d’Orsay semble être de ne pas rompre le dialogue avec les ayatollahs. L’objectif est immuable et ce, quoi qu’il arrive sur notre planète. Il s’agit plus probablement d’une religion que d’une diplomatie. De ce fait les hésitations pour l’envoi des troupes au Liban ne sont que les signes alarmants et inquiétants de l’absence d’une cellule de crise capable de répondre dans les cas d’urgence. La similarité mots pour mots du discours de la Conférence des Ambassadeurs est inquiétante car elle confirme à notre ennemi commun, la république islamique, qu’elle peut amplifier la crise et récolter des résultats au-delà de ses espérances. Vous lirez certainement sous un autre angle de vue les commentaires des experts de l’Iran demain dans la presse écrite. Ces derniers souligneront la volonté de la France de ramener la stabilité dans région en accordant un rôle à sa hauteur dans région. Un grand nombre d’entre eux sont payés par le régime des mollahs (Listes 1 et 2), et par leurs analyses biaises, ils influencent la diplomatie française qui est globalement la même depuis 1985. Et depuis cette époque ce sont toujours les mêmes experts qui donnent leur avis et il est fort probable que le prochain président suive les mêmes avis erronés. Ces avis ont été et resteront erronés car ils n’ont pas produit l’effet escompté à savoir que l’Iran des mollahs se comporte en Etat responsable et cesse ses activités de plus en plus explicitement de nature nucléaire militaire. Ces tergiversations et ce discours immuable (du président et de son ministre des affaires étrangères [1]) ont seulement profité aux mollahs qui durant cette année ont bien fait évoluer les activités nucléaires, alors qu’ils auraient dû renforcer la place de la France. Quand Chirac lisait ce discours mis au point par ses conseillers et évoquait de dialogue avec l’Iran et la reconnaissance de son rôle, les mollahs n’avaient pas encore repris « officiellement » l’enrichissement. Ils le faisaient en cachette et l’ont reconnu par la suite. Mais à l’époque de ce discours, les Européens qui s’adressaient à l’Iran par le biais de la troïka s’échinaient à lui faire abandonner la Conversion de l’Uranium en UF6 (l’étape précédant l’Enrichissement), à présent les mollahs ont des tonnes d’UF6, enrichissent leur uranium et ont même officiellement inauguré une usine pour produire du plutonium afin de fabriquer des bombes de type Nagasaki. Les experts français ne tiennent pas compte de ces modifications, et continuent à répéter les mêmes conseils de l’an dernier, qui étaient ceux de l’année d’avant. Ces conseils et analyses sont basés sur les suppositions d’existence des clivages réformateurs/conservateurs, des théorisations qui remontent aux années 90. Il est donc clair qu’ils n’ont pas la volonté ou le droit de réagir pour réadapter leurs prévisions, deux hypothèses sont possibles : Qu’ils préfèrent ne pas se contredire pour rester crédibles ou qu’ils soient comme nous le soupçonnons corrompus par les mollahs, l’effet est le même : ceux qui les consultent se tromperont encore et encore. Cette remarque sur la corruption des experts s’applique aussi pour un certain nombre de diplomates ou ex-diplomates français. Nous espérons que personne n’y verra une vilaine tendance anti-française, mais le signe d’un intérêt pour que la situation puisse évoluer pour mettre fin à la crise. Il faut trouver une solution et éviter qu’elle ne débouche sur un conflit armé généralisé dans la région et partout où le Hezbollah compte des sympathisants (comme par exemple les banlieues françaises - nous préparons un article actuellement sur le sujet). Et pour mettre fin à cette crise qui ne cesse de s’amplifier, il faut changer d’experts et rompre avec ces connaisseurs qui stipulent tous la modération avec l’Iran et le renouvellement de l’appui de la France aux modérés iraniens (Khatami, Ganji, Ebadi) et aux pragmatiques (Rafsandjani). Ce sont ces derniers qui vous ont bernés et endormis avec leurs discours mielleux pour donner des délais nécessaire au régime des mollahs pour avancer les activités au stade où elles sont aujourd’hui. C’est durant les mandats de Khatami que le régime des mollahs a commencé la formation des Hezbollahi, les livraisons de missiles et la construction des infrastructures souterraines au Liban Sud. D’un côté Khatami et Nasrallah faisaient semblant de se fâcher et de l’autre le régime des mollahs préparait le terrain pour une démonstration de force par le Hezbollah. Nasrallah, c’est Khatami, qui lui-même est Rafsandjani. Il n’y a qu’à comparer les discours du Hezbollah à la suite de la tragique guerre du Liban avec les propos des officiels du régime des mollahs à propos du Nucléaire. Dans une interview à la chaîne télévisée New TV, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, s’est décidé, dimanche 27 août, à sortir du long silence dans lequel il se cantonnait depuis la fin des combats. Nasrallah a confirmé que le Hezbollah soutiendra l’armée et « n’aura pas de problèmes avec la Finul tant que sa mission n’est pas de désarmer la résistance ». De leur côté, les mollahs se disent prêts à dialoguer de « tant que l’on leur parlera pas de la cessation de l’enrichissement ». Il y a le même discours faussement ouvert au dialogue, mais le même refus d’aborder tous les sujets. « Les Libanais, perplexes, savent que la trêve repose sur du vent. Ou plutôt sur le bon vouloir des chefs du Hezbollah qui s’amusent à souffler le chaud et le froid, à se complaire dans des déclarations ambiguës que chacun essaie d’interpréter à sa manière, plus ou moins optimiste, plus ou moins catastrophiste ». Pour l’auteur de ces lignes un journaliste libanais [2], un fait semble désormais acquis : « le Hezbollah ne désarmera pas » et nous pouvons ajouter qu’il ne désarmera pas tant que l’on cherchera à l’encourager à le faire en dialoguant avec son protecteur iranien ou en cherchant à confirmer son rôle régional. Oui, la solution est globale, mais selon une expertise diamétralement opposée à celle des experts français pro-« iranien ».
L’Agence internationale pour l’énergie atomique (AIEA) doit remettre jeudi un rapport pour vérifier si l’Iran s’est conformé à la résolution 1696 exigeant la suspension de ses activités d’enrichissement de l’uranium. Si l’agence constate que tel n’est pas le cas, le Conseil de Sécurité devrait alors s’orienter vers des sanctions politiques et économiques. Le problème est qu’El Baradei, le directeur de l’AIEA, entretient des relations non professionnelles avec le régime des mollahs. Au point qu’il a omis de prendre en compte les diverses violations flagrantes du TNP commises par les mollahs depuis des années et que récemment il a, sur une demande des mollahs, démis de ses fonctions le chef des inspecteurs atomiques qui était trop curieux au goût des ayatollahs. Il n’est pas certain qu’une nouvelle fois El Baradei ne produise un rapport ambigu. Or, par définition El Baradei doit se contenter de dire si les mollahs ont respecté ou pas le règlement du TNP et non pas exprimer son avis quant à la nature des activités nucléaires des mollahs. Or, à chaque fois El Baradei insiste sur le fait qu’il n’a pas de preuve de l’existence d’un programme militaire (ce qui est d’ailleurs faux en raison de la découverte en Iran de plans pour la fabrication de missiles nucléaires). Il ne s’agit pas d’attester l’existence de programme secret mais de constater un respect des règlements du TNP et des exigences de l’AIEA. En quelque sorte on pourrait dire que c’est El Baradei qui politise l’affaire. On peut également confirmer que cette politisation du dossier nucléaire iranien est le souci permanent des adversaires des sanctions contre le régime. Il est évident que les motivations d’El Baradei diffèrent de celles de l’Etat Français. El Baradei est proche de la ligue Arabe qui aimerait affaiblir la dissuasion israélienne et la France est un partenaire commercial de l’Iran, mais dans les faits, les deux réticences, celles de El Baradei et celle de Chirac se rejoignent pour affaiblir le camp de la fermeté contre les mollahs. Par conséquent suivent une avalanche d’expertises les unes payées par les mollahs, les autres commandées par les ligues Arabes ou l’état Français, toutes tablant sur un dialogue auquel personne ne croit et chacun l’encourage pour la bonne raison qu’il est stérile. Qui influence qui ? qu’importe. A qui profite l’affaire ? Au Hezbollah et à sa propagande. Au Hezbollah et ses ramifications en Amérique du Sud. Au succès du Hezbollah, devenu l’interlocuteur légitime pour le Liban. A l’Iran. Aux mollahs. Pour y répondre, revenons à nouveau sur propos qui avaient été tenus au sujet de l’Iran à l’occasion des Conférences Annuelle des Ambassadeurs en 2005 et en 2006 : 29 août 2005 | « Nous en appelons à l’esprit de responsabilité de l’Iran pour rétablir la coopération et la confiance… L’offre européenne est à la mesure du rôle que ce grand pays qu’est l’Iran doit jouer dans le monde »… 28 Août 2006 | « Il y a toujours place pour le dialogue. L’Iran est un grand pays. Mais la reconnaissance de son rôle lui crée aussi des obligations : celles de dissiper les appréhensions et de travailler à la stabilité régionale, comme il convient à un grand pays responsable ». Il y a une certaine stabilité : celle de la constance des mollahs qui d’utiliser la complaisance Française afin de continuer l’enrichissement, l’aide au Hezbollah et la Syrie et la collaboration nucléaire non pas avec la France (comme le voudrait Antoine Sfeir [3]) mais avec la Corée du Nord. La France Bisse et les mollahs bossent. L’affaire profite aux bosseurs. |Recherche Par Mots Clefs : France (diplomatie Française) | [1] Et parallèlement, le même jour les chefs de la diplomatie française et allemande, Philippe Douste-Blazy et Frank-Walter Steinmeier, ont estimé au cours d’un entretien lundi à Paris qu’il fallait « laisser une possibilité de dialogue » avec l’Iran, a-t-on appris auprès du Quai d’Orsay. [2] Marwan Haddad| www.proche-orient.info [3] L’Iran possèdera tôt ou tard l’arme nucléaire. La véritable question est de savoir s’il l’aura avec nous ou contre nous ? | Antoine Sfeir dans le Figaro du 05.08.2006 |