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La victoire du Hezbollah n'est pas fictive !
20.08.2006

Libanoscopie.com | «la victoire fictive du Hezbollah au Liban»

Le texte original + nos commentaires



Après 34 jours de combat, le secrétaire général du Hezbollah annonce la victoire, ses partisans s’en prennent à cœur joie en déambulant sur les ruines encore fumantes de ce qui étaient, il y a encore un mois, un quartier aux immeubles de plusieurs étages réduits en poudre, un village, une bourgade ou encore une ville dévastée par un souffle qui a détruit la majeur partie de son existence. La Syrie applaudit, l’Iran jubile, la victoire de la Umma sur le projet sioniste.

Mais comment mesurer une victoire ? Libanoscopie a posé cette question à un expert en stratégie politique :« Pour annoncer avoir gagner une guerre il y a trois conditions :

- Soit en faisant subir des pertes décisives à la force militaire adverse en l’empêchant de pouvoir continuer le combat,

- Soit en faisant subir des revers militaires par une invasion incisive du territoire ennemi,

- Soit en gagnant les objectifs déclarés pour cette même guerre.


Or en ce qui concerne le Hezbollah aucune de ces conditions n’a été remplies.


L’armée israélienne, bien qu’elle ait subi quelques revers, est bien loin d’avoir subit des pertes colossales, et sa capacité dans sa force de frappe aérienne, navale et terrestre est presque intacte. Pas d’invasion du territoire ennemi, au contraire c’est l’armée israélienne qui a envahi le territoire libanais et occupé une partie de Sud Liban.

Quant aux objectifs du Hezbollah, la récupération des Fermes de Chebaa et le retour des trois détenus libanais dans les geôles israéliennes il n’en est presque plus question et même Israël détiendrait une quinzaine de nouveaux miliciens de Hezbollah.

Les chiffres démontrent la défaite cuisante du Hezbollah. Malgré une tentative de faire taire les medias locaux et arabes et de les empêcher de dévoiler les vrais chiffres, il en ressort et toujours selon des sources officieuses, et souvent cherchant à garder l’anonymat de peur de représailles, que le Hezbollah aurait subit une destruction totale de ses infrastructures logistiques et économiques, et que le nombre de miliciens et cadres de ce parti tués durant cette guerre se situerait autour de 1 500 personnes.

Cette annonce de la victoire ressemblerait plus à une tentative de retourner la défaite en victoire, un effet propre à la culture dont est issu le parti de Dieu.

Le texte ci-dessus est à la fois vrai et faux, logiquement vrai et objectivement faux. Si on suppose que l’objectif du Hezbollah est la récupération des Fermes du Chebaa, oui il a échoué. Cette vérité se lézarde si on prend en compte le fait que la vie de ses prisonniers importe peu ou pas du tout à cette organisation qui utilise les Libanais chiites comme boucliers. Mais, si les Libanais sont heureux en pensant que le Hezbollah a été vaincu, il y a un problème car le Hezbollah ne sera jamais vaincu.

Son objectif n’est pas territorial mais politique. Le Hezbollah est le grain de sable qui a fait enrailler les rouages de la constitution libanaise fondée sur le partage fragile des responsabilités. Le Hezbollah refuse les règles du jeu et demande à tous les autres de jouer selon ses règles à lui. Qu’importe si la constitution a délimité les pouvoirs de chaque communauté, c’est elle qui est désormais fictive et non la victoire du Hezbollah.

Les Fermes du Chebaa et les prisonniers du Hezbollah ne sont pas des objectifs de cette organisation métastasique. Les objectifs du Hezbollah sont définis à Téhéran et non pas en fonction des intérêts nationaux du Liban. Quant à l’armée Israélienne, elle n’a pas réussi à démenteler le Hezbollah, ni même à le désarmer et en plus elle a expérimenté les limites d’une armée classique en guerre contre un ennemi fantôme.

La victoire dans cette guerre ne peut être jaugée par des critères d’une guerre classique. La guerre du Hezbollah est la vitrine des guerres à venir qui opposeront les armées des pays dotés de gouvernements démocratiques et d’une opinion fluctuante à des groupes terroristes dotés d’armes sophistiquées et soutenus par des populations complices et sacrificielles. La victoire du Hezbollah n’est pas seulement basée sur sa pratique non conventionnelle de la guerre.

Le Hezbollah est riche grâce au pétrole iranien. Le Hezbollah ne sera jamais vaincu car il achète le silence de ses victimes. Il détruit et il rembourse. Il habitue les libannais à vivre ainsi. Connaissez-vous des libanais qui refuseraient l’aide du Hezbollah pour se reloger ? Les Libanais vivent ainsi, comme les iraniens : vaincus.

Les iraniens s’imaginent qu’ils sont Perses et pensent qu’ils peuvent résister à la pression en se réfugiant dans la drogue ou les rêveries, et les Libanais de guerre las vivent dans l’illusion d’une constitution cosmopolite qui grantirait une paix qui n’existe plus. Si la victoire de Nasrallah est fictive, nos illusions le sont aussi.

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Pour en savoir + :
- Liban : La résolution vue par Henry Kissinger
- (14.08.2006)

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