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Iran : Rafsandjani, en pèlerinage chez les Américains
02.03.2009

Rafsandjani, l’homme qui détient légalement tous les leviers décisifs du régime des mollahs, est attendu ce lundi à Bagdad sur l’invitation de Talabani, le président de l’Irak. Il va sans dire que le grand intérêt de cette visite est la possibilité d’une négociation directe avec les Américains.



Rafsandjani, le patron occulte du régime des mollahs, voyage peu car il est sous mandat d’arrêt international depuis plusieurs années pour avoir commandité le plus important attentat antisémite de l’histoire contre le centre juif de Buenos Aires en Argentine. Il est cependant indéniable qu’en tant que principal décideur (l’homme qui a le plus important réseau en Iran), il est l’interlocuteur le plus sûr pour ce dialogue prôné par Obama, indispensable étape avant une entente aussi vitale pour Washington que pour Téhéran. Washington souhaite contrôler les mollahs et leurs milices pour influencer l’agitation musulmane dans l’ouest de la Chine [1], et également contrôler le territoire iranien pour contrôler le Moyen-Orient et l’Asie Centrale et le prix du baril. En revanche, Téhéran entend garder le contrôle de ses milices de manière autonome pour avoir une garantie de sécurité contre Washington en cas de mésentente.

Cependant, il ne faut pas croire que l’initiative du dialogue revient à Obama, ce qui expliquerait le déplacement de ce chef casanier. Le processus a débuté sous Bush car Washington a alterné les sanctions avec des offres de compromis transmises aux mollahs par des émissaires spéciaux ou lors des rencontres secrètes en Europe et plus tard, principalement en Irak, au prétexte de rencontres trilatérales irano-irako-américaines. Après avoir participé à plusieurs sessions de ces rencontres, les mollahs ont lâché l’affaire d’une part sous la pression des Russes et de l’autre car les négociations n’avançaient pas dans la direction qu’ils souhaitaient. Ils pensaient qu’ils pouvaient se montrer très exigeants en période électorale pour monnayer avec Bush une entente préélectorale qui aurait été favorable à McCain.

L’élection d’Obama a rompu et relancé le processus engagé, mais l’on en est toujours au même point : il n’y a pas d’entente. Cependant, il y a eu entre temps, la guerre de Gaza qui a prouvé l’incapacité de Téhéran à embraser la région en cas d’une confrontation avec les Etats-Unis. Depuis cet événement fondateur, Washington a régulièrement relancé Téhéran pour une entente. En réponse, Téhéran a répliqué en prônant un retour de Khatami pour relancer le dialogue multilatéral, c’est-à-dire le moyen le plus politiquement correct pour dialoguer tout en évitant un contact direct pour retarder cette entente sans laquelle Washington ne peut contenir contrôler le prix du baril et la croissance de ses concurrents asiatiques. Après avoir combattu le retour de Khatami, les Américains s’adressent à celui qui décide de tout. Ce qui lui vaut une invitation en Irak, officiellement pour des rencontres inter-religieuses et le pèlerinage des lieux saints.

Il y a 7 mois jour pour jour sous la présidence de Bush, quelques jours après la publication d’un second rapport très hostile de l’AIEA sur l’Iran, Rafsandjani avait été invité à Riyad pour le même motif de rencontres inter-religieuses et le pèlerinage des lieux saints. Cela n’a rien donné. Cette fois, les Américains retentent une approche le jour de la réunion de l’AIEA pour parler de son dernier rapport sur l’Iran et au moment où débute le procès Hariri, où l’on pourrait impliquer Téhéran dans l’attentat.

Cependant, les mollahs et en particulier le chef Rafsandjani savent que si les circonstances sont différentes surtout après leur échec à Gaza, les enjeux restent les mêmes : une mainmise américaine sur l’Iran comme territoire, sur son régime islamique, ses réseaux et ses milices. De ce fait, le régime des mollahs ne croit guère à la menace d’impliquer le Hezbollah dans l’assassinat de Hariri, ni à la menace d’utiliser le rapport de l’AIEA, rapport perçu comme hostile aux intérêts américains.

D’ailleurs, l’actualité a donné raison aux mollahs : après des propos inconsidérés de Michael Mullen, chef d’état-major interarmes de l’armée américaine, sur l’imminence de la bombe iranienne, le secrétaire américain à la Défense Robert Gates est intervenu immédiatement sur NBC pour démentir formellement cette allégation (incompatible avec le dialogue, et nuisible à l’entente vitale qui doit en découler).

« L’Iran est encore loin de pouvoir assembler une arme nucléaire. En conséquence, la communauté internationale a encore du temps pour persuader Téhéran de renoncer à son programme, présumé militaire », a précisé Gates, l’homme clef de l’administration Obama. Personne mieux que Rafsandjani ne le sait, c’est pourquoi le régime des mollahs va continuer son bras de fer avec les Etats-Unis.

© WWW.IRAN-RESIST.ORG
Pour emprunter un langage Spielbergien, c’est une rencontre rapprochée de cinquième type puisqu’il y aura de la communication. Mais à l’instar du film, l’Alien repartira dans son vaisseau.
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| Mots Clefs | Mollahs & co : Rafsandjani |

| Mots Clefs | Enjeux : Rétablir les rel. avec les USA & Négociations directes |
| Mots Clefs | Enjeux : Garanties Régionales de Sécurité : le DEAL US |
| Mots Clefs | Décideurs : Robert Gates |

| Mots Clefs | Décideurs : Politiciens Irakiens |

[1Il s’agit de prendre en main des musulmans intégristes de l’Asie Centrale pour créer une onde de choc pour ébranler la région autonome de Xinjiang à l’ouest de la Chine. Xinjiang représente 24 milliards de tonnes de pétrole, 11,000 milliards de mètres cubes de gaz, dix millions de tonnes de cuivre, 2190 milliards de tonnes de charbon et 14 milliards de tonnes de sel... Il y a aussi d’abondantes réserves d’or, de chrome, de cuivre, de nickel et de métaux rares... La région recèle également d’importantes ressources agricoles... Sans cette région, la Chine serait fichue.