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Iran : Double sanction américaine sur le carburant
08.01.2009

Bien qu’il soit l’un des plus grands producteurs de pétrole au monde, l’Iran des mollahs ne peut être autosuffisant en production de carburant et il en importe. Le régime des mollahs vient de subir un revers dans ce domaine avec la compagnie indienne Mangalore Refineries and Petrochemicals Ltd (MRPL) qui a cessé ses livraisons, il y a quelques jours.



Les mollahs avaient signé en mai 2008 un contrat de 6 mois pour la livraison de 240,000 tonnes de carburant sur la base de 4,35 dollar/tonne. Très satisfaits de la qualité de leur partenaire, en août 2008, les mollahs avaient doublé le volume de la marchandise, mais par la suite, il n’y a pas eu une décision de reconduire le contrat. Les Indiens affirment qu’ils préfèrent vendre aux Emirats Arabes Unies (un autre fournisseur de l’Iran) et Téhéran affirme qu’il a lui-même rompu le contrat car le prix de l’indienne MRPL était trop élevé. C’est une bien étrange excuse car en novembre 2008, le ministre indien des affaires étrangères était en Iran à la tête d’une forte délégation pour développer encore plus les relations commerciales entre les deux pays et à l’époque, il n’était nullement question de mésentente sur les prix.

Cependant, ce voyage était une mission de médiation pro-américaine et le futur développement des relations commerciales dépendait d’une volonté de Téhéran de parvenir à une entente avec Washington. Téhéran a refusé cette offre. Aussitôt certains élus du Congrès américain ont évoqué la nécessité de sanctionner l’Inde pour ses livraisons de carburant à l’Iran en arrêtant les projets d’investissements américains, près d’un milliard de dollars, dans les raffineries indiennes de Reliances. C’est suite à cet avertissement que l’Inde n’a pas souhaité renouveler son contrat avec les mollahs.

Téhéran affirme avoir trouvé un autre fournisseur : le groupe singapourien Hin Leong. L’Iran aurait signé un contrat de 3 mois pour la livraison de 100,000 tonnes par mois sur la base d’un échange pétrole contre carburant. Le contrat ainsi formulé laisse penser que l’Iran n’a plus de devises. Cependant, bien que ce contrat de troc soit signé, la fourniture n’est pas en cours de livraison car Hin Leong affirme qu’elle doit d’abord trouver les cargos pour les acheminer vers Téhéran, ce qui laisse l’Iran face au risque d’une pénurie. Cette situation confirme également que la rupture du contrat avec l’Inde n’était pas du fait de l’Iran car sinon, il aurait fait prolonger le contrat le temps de recevoir la première livraison de Hin Leong.

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L’impact sur le régime | L’approvisionnement en carburant est un domaine sensible qui touche l’économie et la population dans son ensemble et une pénurie est jugée susceptible de faire renverser le régime. C’est pourquoi les Américains évitent d’aller sur ce terrain, leur objectif étant d’affaiblir le régime (pour le pousser à coopérer) et non de le renverser. Cela fait longtemps qu’ils auraient pu faire pression sur l’Inde, mais ils se sont toujours gardés de le faire. Par le passé, ils avaient agi ainsi une seule fois en décembre 2007 en forçant la compagnie britannique Vitol à se retirer du marché iranien, privant l’Iran de 60% de ses fournitures d’essence. Ils avaient récompensé Vitol par un contrat en Irak. Cette sanction a été une réponse à un revirement iranien (suite à des pressions russes) alors que tout semblait aller dans le sens de la conclusion d’une entente entre Téhéran et Washington.

Cette nouvelle sanction via la rupture de la fourniture indienne handicapera Téhéran directement, mais aussi indirectement. Directement, il est face à un risque accru de pénurie et indirectement, pour avoir accès au volume initialement fourni par l’Inde, il devrait s’adresser aux Emirats Arabes Unis, membre potentiel du front arabe que veut constituer l’administration Obama pour avoir une parfaite gestion des pressions sur Téhéran.

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L’étau se resserre sur les mollahs qui se retrouvent face à un gouvernement de combat pivotant autour de Robert Gates, chef d’orchestre d’une équipe sélectionnée par le grand manitou, Brzezinski.

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Avant la révolution, l’Iran possédait la plus grande raffinerie du monde à Abadan : en 1977, elle avait une capacité de 635,000 barils par jour destinés à l’exportation. Le pays possédait également 6 autres raffineries pour sa consommation domestique à Esfahan (200,000 bpj), Tabriz (80,000 bpj), Kermanshah (15,000 bpj), Chiraz (40,000 bpj), Téhéran (125,000 bpj & 100,000 bpj). Leur capacité combinée était de 560,000 barils par jour pour un pays de 34 millions d’habitants, ce qui donne une idée du nombre important des projets d’industrialisation. Aujourd’hui la capacité totale de raffinage serait de 800,000 bpj soit 66% de son niveau en 1977. Ceci est dû au ravage de la guerre Iran-Irak sur la raffinerie d’Abadan (photo ci-dessous), mais aussi à une mauvaise gestion des autres raffineries qui n’ont guère été entretenues au cours des 30 dernières années. Régulièrement, le régime promet de nouvelles raffineries, mais il est actuellement en retard sur ses promesses de l’année 2005 qui évoquaient l’entrée en fonction de trois nouvelles raffineries [1].

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Aujourd’hui avec le double d’habitants, les besoins iraniens en diesel et en gas-oil sont toujours de 560,000 bpj, ce qui montre la baisse du niveau d’industrialisation du pays, mais les besoins en essence ont explosé pour atteindre 412,000 bpj ce qui correspond au parc automobile disproportionné et très polluant des nouveaux riches du régime.

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| Mots Clefs | Enjeux : Sanctions Ciblées en cours d’application |

| Mots Clefs | Enjeux : Pétrole & Gaz |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : Inde |

| Mots Clefs | Instituions : Politique Economique des mollahs |

[1Promesses non tenues
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