Cette tâche a été confiée à des experts qui sont en fait des lobbyistes américains ou iraniens à l’œuvre depuis plusieurs années pour améliorer l’image du régime corrompu et sanguinaire des mollahs, afin que cette amélioration puisse faciliter la normalisation des relations diplomatiques, la reprise du dialogue et finalement une entente qui puisse consolider un régime en réelle difficulté depuis sa naissance.

Des conférences ont été programmées, plus souvent réservées à des journalistes ; la plus importante d’entre elles a été la rencontre organisée en novembre par le « Council on Foreing Relations, organisme non partisan » qui planche en permanence sur les futures orientations de la diplomatie américaine et dont le gourou est Zbigniew Brzezinski, principal conseiller diplomatique d’Obama et auteur du projet Arc de Crise d’où sont nés les Talibans et le régime des mollahs. La conférence a réuni le faux journaliste mais vrai espion Akbar Ganji et quelques uns des pensionnaires du Council dont Barnett R. Rubin, également directeur du Centre des Etudes de l’Université de New York.

Parallèlement à cette première initiative, il y a aussi des conférences publiques destinées à des milieux estudiantins (fabuleux vecteurs de diffusion via Internet). La plus importante d’entre elles sera tenue le 3 décembre à…. l’Université de New York avec pour thème : Iran–U.S. Relations : Imagining a New Paradigm avec une participation des collaborateurs du Council (Elizabeth Rubin, Barbara Slavin).

De nombreux Iraniens sont d’ores et déjà mobilisés pour empêcher le bon déroulement de cette conférence de désinformation, en oubliant que leur combat est perdu d’avance car Washington et surtout l’incroyable et tentaculaire Council on Foreing Relations (CFR) ont déjà commencé leur travail de sape médiatique dans la presse américaine mais aussi dans la presse européenne.

Un premier article en ce sens a été publié cette semaine dans le Monde ! Corine Lesne, la corresponde de ce journal à Washington, a rencontré des experts qui lui ont expliqué les subtilités du dossier iranien.

Tous sont des lobbyistes chevronnés impliqués depuis des années dans le processus d’amélioration de l’image du régime et de la minimisation de ses défauts et tous sans exception recommandent le dialogue avec les mollahs. Il y a là deux iraniens et trois américains issus du Council on Foreign Relations. Corine Lesne leur a offert les colonnes du Monde pour leurs activités de lobbying, sans à aucun moment évoquer les carrières de chacun ou certains écrits bien compromettants.

Le premier sur la liste de Corine Lesne est James Dobbins, ex-envoyé spécial de l’administration Bush en Afghanistan qui partage son opinion sur l’inefficacité de la guerre ou des sanctions à propos de l’Afghanistan pour promouvoir l’option du dialogue. La mention « ex- de l’administration Bush » est censée prouver l’impartialité de Corine Lesne. Ce n’est hélas qu’une demi-vérité : Corine Lesne dissimule un point important du CV de cet « expert ».

James Dobbins (membre de RAND Corporation) a été l’un des deux initiateurs de l’appel lancé en avril dernier à Bush pour la tenue d’un dialogue sans conditions préalables avec l’Iran. L’appel a été renouvelé récemment et il a fait réagir négativement Kouchner. Si Lesne évite d’évoquer ce point important qui justifie la présence de cet « expert de l’Afghanistan » sur le « dossier iranien », c’est bien parce que le co-auteur de l’initiative a été un certain Thomas Pickering, membre du conseil d’administration du National Iranian-American Council (NIAC ou encore AIC), le principal organe de lobbying pro-normalisation financé par les grandes compagnies américaines dont Halliburton.

La seconde personne interrogée par Corine Lesne est justement un membre du NIAC ! C’est sans doute une coïncidence. Sur ce site, nous avons œuvré pour faire connaître cette organisation et à cette fin avons publié des articles sur ces deux principaux porte-parole Trita Parsi et Houshang Amir-Ahmadi, c’est pourquoi cette organisation qui a longtemps œuvré en toute discrétion a changé d’interface pour mettre en avant une certaine Goli Fassihian.

Après avoir offert la tribune du Monde à cette représentante d’une entente qui va favoriser les compagnies américaines en Iran aux détriments des compagnies européennes, Corine Lesne a donné la parole à Karim Sadjadpour, du Carnegie Endowment for International Peace, le think tank partenaire du NIAC et spécialisé dans le financement des faux opposants iraniens.

Sadjadpour est un Iranien lié à l’IPIS, le centre des études et des conférences du ministère iranien des affaires étrangères, centre qui a organisé la conférence négationniste sur l’holocauste. Sadjadpour est l’auteur d’un récent ouvrage qui loue les qualités intellectuelles et morales de Khamenei, le guide suprême du régime des mollahs. Il a même fait des conférences pour blâmer l’administration Clinton d’avoir essayé de contourner le guide, qui a toujours le dernier mot, pour discuter avec Khatami. Même si la remarque est partiellement fondée, il ne faut pas se fier aux propos de ce lobbyiste du régime dont la tâche est de brouiller les cartes puisqu’en 2003, il affirmait le contraire : à savoir que l’interlocuteur est le président et non le guide. Sadjadpour dit ce que lui demande le régime.

Après Sadjadpour, Corine Lesne, apprentie lobbyiste, a donné la parole à Joseph Cirincione, qui serait selon elle l’un des conseillers « informels » de Barack Obama sur les questions de prolifération. Mais ce n’est pas tout ; il manque un élément important du CV de Joseph Cirincione, un élément qui lui donne un crédit sans égal à Washington : Joseph Cirincione est membre du Council on Foreing Relations.

Dobbins, le NIAC, Sadjadpour proche d’IPIS et finalement Joseph Cirincione, ce sont de grosses pointures du lobbying pro-mollahs que l’on retrouve dans cet article qui ne paye pas de mine. Il y a aussi un nouveau venu : Clifford Kupchan, spécialiste de l’Iran au groupe Eurasia, firme privée de conseils stratégiques créée par un certain Ian Bremmer (ex-Hoover Inst., ex-Carnegie) qui est membre du Council on Foreing Relations. Le Council recommande cette firme et ses rapports à ses interlocuteurs.

Grâce à un article qui se veut non partisan (comme le Council), Corine Lesne a introduit auprès de l’opinion française d’experts sélectionnés, deux Iraniens liés aux mollahs (qui coupent des mains et pendent les mineurs) et trois Américains, tous issus d’un même organisme, mais qui font semblant de ne pas se connaître. Ce sont d’ailleurs ces trois derniers qui ont été autorisés à conclure cet article aux allures de tribune libre.

Corine Lesne écrit : Quid des négociations sous l’égide des Européens ? Des sanctions ? Elles sont à peine mentionnées. « Les Iraniens en ont assez de discuter avec un sous-traitant des Etats-Unis », dit M. Kupchan. La négociation est-elle morte ? « Peut-être pas. Mais en survie artificielle », répond M. Cirincione. « Les Européens seront peut-être vexés, dit M. Dobbins. Mais si le problème est résolu, ils seront probablement contents. »

Voilà la principale mission de ce lobbying : convaincre les Européens que c’est bon pour eux d’être chassés du marché iranien par les Américains. Mais ce n’est pas un hasard si c’est Corine Lesne qui a écrit cet article. Corine Lesne connaît bien Trita Parsi, le direcreur du NIAC, et Brzezinski, le gourou du Council.

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