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Iran – Etats-Unis : Les 2 dernières tentatives pour une entente
03.10.2008

A 31 jours avant la fin de son mandat, l’administration Bush vient d’autoriser l’AIC (American Iranian Council), le principal lobby des mollahs aux Etats-Unis, à ouvrir un bureau à Téhéran, au pays des mollahs considérés comme terroristes, pour encourager une amélioration des relations bilatérales. L’autorisation a été accordée par le Département d’Etat et les services de M. Paulson également chargé de réprimander ceux qui commercent avec l’Iran.



C’est un événement de taille : un pas de plus vers une entente que Washington juge indispensable pour assurer son hégémonie sur le Moyen-Orient et l’Asie Centrale réunis.

C’est en 1997 qu’a été créé l’AIC avec un conseil d’administration prestigieux composé des grands patrons américains des compagnies pétrolières Halliburton, ExxonMobil, Chevron, Conoco et Boeing. Depuis cette date, cette association n’a cessé d’œuvrer pour la normalisation des relations avec les mollahs.

Les majors pétroliers américains jouent un rôle important dans ce processus car à terme, le rapprochement doit non seulement briser l’exclusivité russe d’accès aux richesses de l’Asie Centrale, mais aussi accorder l’exclusivité de l’accès via l’Iran aux Américains qui pourront ainsi prendre le contrôle du marché mondial du pétrole et de son prix au détriment des consommateurs européens et surtout chinois.

Dès son entrée en fonction, l’AIC s’est offert les services d’un grand nombre d’experts iraniens qui plaidaient dans le sens de cette normalisation mais aussi de certaines attentes des majors pétroliers comme la privatisation (dénationalisation) du secteur pétrolier iranien. De leur côté à Téhéran, les mollahs ont pris les devants pour privatiser tous les secteurs économiques et prendre des dispositions pour ouvrir leurs capitaux aux compagnies étrangères, mais l’entente a toujours échoué car les mollahs refusent les aspects diplomatiques de cette entente, aspects liés à leur rôle régional et l’influence qu’ils exercent au Moyen-Orient et en Afrique via les dizaines de milices qu’ils financent.

Pour arriver à « convaincre » les mollahs à renoncer à ce rôle pour endosser celui d’un agitateur au service des intérêts américains (comme actuellement Kadhafi), aussi bien Clinton que Bush ont mis en place un système de sanctions en même temps qu’ils autorisaient l’AIC à oeuvrer pour créer des passerelles d’opportunité. Cette double politique de sanctions et de passerelles a même atteint son paroxysme sous Bush avec des sanctions sur mesure très efficaces et un nombre incalculable de passerelles dont la vitrine est la crédibilité accordée par la chaîne d’Etat, Voice of America, à tous les faux opposants iraniens créés par le régime pour singer une dissidence hostile à tout changement de régime.

Cette double politique n’a pas fonctionné dans le sens des attentes de Washington : les sanctions étaient conçues pour affaiblir Téhéran sans l’abattre, et les mollahs ont tenu le coup (grâce à des émissions de billets sans contreparties) et désormais ils jouent la montre contre l’administration Bush qui ne dispose plus de délai devant elle. Les mollahs savent qu’au-delà des intérêts nationaux américains, les républicains ont aussi des intérêts privés : chacun des partis politiques américains qui arriverait à conclure cette entente serait assuré pour des décennies d’une hausse des contributions financières des majors pétroliers et autres compagnies américaines comme Boeing, Caterpillar ou encore Monsanto.

Téhéran utilise le manque de temps de l’administration Bush pour renégocier le volet politique de l’affaire. En réponse, l’administration Bush a décidé de renforcer sa double politique de sanctions mesurées (au coup par coup) et de passerelles d’entente. Jusque-là, elle sanctionnait essentiellement les compagnies européennes partenaires des mollahs, la semaine dernière, elle a évoqué un possible retrait des capitaux américains investis par les Fonds de Retraite dans toutes les compagnies en affaire avec l’Iran.

Dans la foulée, elle devait annoncer l’ouverture d’un bureau des intérêts américains à Téhéran. La nouvelle avait été annoncée par Gary Sick, un des plus célèbres lobbyistes de l’entente irano-américaine. Washington s’attendait à un assouplissement iranien dans le domaine de l’enrichissement nucléaire, et en l’absence d’un geste de Téhéran, l’ouverture d’un bureau des intérêts américains, étape officielle avant la normalisation des relations diplomatiques, est remplacée par l’ouverture d’un bureau à Téhéran du lobbyiste iranien des mollahs aux Etats-Unis ! C’est un signal : Washington attend un signal de réponse pour aller plus loin.

Téhéran n’a pas réagi à l’annonce de cette ouverture d’un bureau de son employé, mais il a réagi là où Washington l’attendait : sur la question de l’enrichissement, dont la poursuite par Téhéran est un obstacle à toute entente. Téhéran doit officiellement arrêter l’enrichissement afin de permettre à Washington de mettre fin à ses sanctions avant de décréter une entente.

Téhéran a affirmé qu’il pourrait suspendre l’enrichissement et il a posé deux conditions : un approvisionnement garanti en combustible nucléaire étranger et la levée des toutes les sanctions à son encontre. Le cœur de cette réponse est évidemment la levée des sanctions américaines et non la clause d’un approvisionnement garanti qui a été proposée à plusieurs reprises par les Six et à chaque fois refusée par Téhéran.

Cette réaction de Téhéran révèle deux points : le régime des mollahs n’entend pas céder sur son rôle régional et ses principaux milices (le Hamas et le Hezbollah) et également, il estime que Washington ne dispose pas de délai pour mettre à exécution sa dernière sanction économique. Il tient bon.

Ce face-à-face tendu n’est pas à son terme car Bush et les mollahs savent que la lucarne de renégociation des clauses régionales de l’entente se fermera dans 31 jours, quand sera élu un nouveau président qui aura 4 ans de délai de double politique devant lui. Il y a donc du pain sur la planche pour toutes les parties, à commencer par les intermédiaires comme Gary Sick ou encore Houshang Amir-Ahmadi (ci-dessous à droite), le visqueux président de l’American Iranian Council.

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

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Avant de montrer l’AIC, Houshang Amir-Ahmadi a travaillé au sein du CIRA, Center for Iranian Research and Analysis, la 1er plateforme de médiatisation des avocats d’une reconnaissance du régime des mollahs par les Etats-Unis. De nombreux faux opposants ou des experts liés au régime ont collaboré avec le CIRA parmi eux, il y a notamment Ramin Jahanbegloo, Kaveh Afrasiabi, Ahmad Karimi-Hakkak que nous avons dénoncé comme étant des agents du régime. Sur les divers sites de l’organisme, on trouve aussi des passerelles vers Iranian Heritage, l’organisme londonien faussement culturel des frères Alaghband et d’autres lobbyistes du régime comme Trita Parsi.

Cet organisme lié aux mollahs a aussi été chaperonné par le think tank Carnegie Endowment for International Peace qui avec des budgets alloués par le Congrès américain finance de nombreuses initiatives de dialogue à travers un soutien aux soi-disant militants pour la démocratie en Iran. La véritable mission de ces initiatives est de souligner la compatibilité de l’islam et de la charia avec la démocratie et les possibilités de réforme au sein du régime des mollahs, mission indispensable pour rendre politiquement correct une entente avec les mollahs. Le CIRA a commencé son activité dès 1980 et Amir-Ahmadi a été son 4ème responsable de 1988 à 1991.

Amir-Ahmadi est un personnage secret qui se dit expert en politique internationale, en droit international, en économie, en histoire, mais aussi en Islam. Il a écrit de nombreux ouvrages publiés grâce à ses protecteurs, mais sa biographie est très confuse et ne comporte que deux dates. Il n’existe rien sur ce super professeur avant la révolution. Comme d’autres, il peut embellir cette période sans trop se hasarder à s’inventer une carrière qui peut être prise à défaut par les anciens responsables iraniens. Ainsi il reconnaît qu’avant la révolution, passé 30 ans, il travaillait dans une usine de sucrerie dans le Lorestan avec un diplôme en agronomie.

Il n’en va pas de même pour la période d’après la révolution, où il fait état de brillantes études aux Etats-Unis, même s’il reste très avare en dates. Comme Ali Kordan, sans avoir eu de licence ou de maîtrise, il a décroché en 1982 ou 83 un doctorat (en urbanisme) de la célèbre université américaine de Cornell, diplôme invérifiable mais très peu en rapport avec ses activités d’expert en islam ou politique internationale.

Quoi qu’il en soit, comme tous les ex-CIRA, Amir-Ahmadi travaille comme enseignant pour tisser son petit réseau dans le milieu universitaire. En dehors de ses activités de lobbyistes et de conseillers de certains groupes pétroliers, il enseigne donc à l’université américaine de Rutgers où il préside un autre centre de lobbying qu’il a fondé : Center of Middle Eastern Studies, qui malgré son nom n’a que deux objets, l’islam et le régime des mollahs. Au sein de cet autre organisme, Amir-Ahmadi prépare avec un an d’avance les festivités du trentenaire du régime des mollahs pédophiles.

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Pour en savoir plus sur AIC :
- Exclusif Iran-USA : Halliburton au cœur d’une affaire de lobbying
- (12 AVRIL 2007)

La nécessité d’un dialogue avec les mollahs :
- Obama-McCain : Les deux parleront à l’Iran !
- (21 MAI 2008)

| Mots Clefs | Resistance : Lobby pro-mollahs en France et ailleurs ! |

| Mots Clefs | Enjeux : Rétablir les relations avec les USA & Négociations directes |

| Mots Clefs | Enjeux : Garanties Régionales de Sécurité : le DEAL US |