Obama qui est partisan d’un dialogue avec l’Iran est en fait le porte-parole des positions du Council on Foreign Relations, le centre qui définit les objectifs diplomatiques que les Etats-Unis devront atteindre pour dominer leurs adversaires, principalement la Chine. Le Council est dominé par les doctrines conçues par un certain Brzezinski (prononcez Bréjinski) qui, dès les années 70, avait proposé une prise en main des musulmans intégristes de l’Asie Centrale pour créer une onde de choc pour ébranler la région minière de Xinjiang [1] habitée par les ouïgours, les musulmans chinois. Le projet de Brzezinski consistait à remplacer tous les Etats de la région par des républiques islamiques pour réveiller les ouïgours.

Les mollahs actuellement au pouvoir ne faisaient pas partie du plan de Brzezinski. Ce dernier espérait faire de l’Iran une république islamique idéologique grâce aux islamo-gauchistes tiers-mondistes comme les Moudjahiddines du Peuple, Le Front National d’Iran (Jebheh Melli) ou encore la mouvance Bani-Sadr. Mais pour agiter la population, il a cru bon de faire appel aux mollahs qui disposaient d’un réseau de mosquées et d’un crédit parmi la population (ce qui n’était pas le cas des islamo-gauchistes). Mais une fois au pouvoir, les mollahs, invités surprises de la révolution, ont rompu le pacte et gardé le pouvoir.

Aujourd’hui pour réactiver l’offensive économique anti-chinoise qui va aussi détruire le Japon et les autres tigres asiatiques qui font de l’ombre aux Etats-Unis, ce pays a besoin de se lier avec l’Iran et ce pour deux raisons concrètes. L’Iran est doté d’un pouvoir islamiste, possible source d’inspiration pour les ouïgours et il est aussi l’un des fournisseurs pétroliers de la Chine. Une entente avec les mollahs signifierait dans un premier temps l’interruption de vente à la Chine du pétrole ou du gaz iranien et par la suite un soutien islamiste aux ouïgours. D’abord on déséquilibre l’adversaire, puis on le fait trébucher.

La différence entre Bush et Obama est dans les clauses de cette entente indispensable pour les Etats-Unis. Bush veut affaiblir les mollahs, invités surprises, afin de les remplacer pacifiquement par des héritiers des islamo-gauchistes iraniens du projet initial de Brzezinski. En revanche, ce dernier conseille à Obama une approche plus pragmatique : une entente avec celui qui est au pouvoir en Iran et ce sans les conditions posées par Bush, conditions qui piègent ce dernier et retardent toute entente.

Cependant, il ne faut pas s’y méprendre et conclure à une mésentente : les conditions posées par Bush sont les héritières de la stratégie « axe du mal » optée pour l’Irak (et ses armes de destructions massives). Le Council cherche à rectifier son approche , en changeant radicalement d’option avec le dialogue direct immédiat proposé par Obama. Bush lui-même l’aurait bien tenté, mais alors il se parjurerait et les républicains perdraient les élections pour avoir menti au peuple américain et ce pour plusieurs mandats !

Posé comme héritier de Bush, McCain est également piégé par la stratégie optée par les conseillers de Bush. En attaquant Obama sur un dialogue sans pré-condition, McCain ne fait que jouer ce rôle d’héritier mais contrairement à Bush, il ne précise jamais quelles seront les pré-conditions nécessaires pour reprendre le dialogue avec les mollahs ! Il n’existe aucune intervention publique du candidat républicain dans les médias sur la nature de ces conditions.

De ce fait malgré les apparences, il ne s’agit pas d’une confrontation avec la proposition d’Obama mais d’un morphing imperceptible pour naviguer entre l’option Bush et l’option Obama.

Cette course ouverte entre les trois sur le thème iranien et ses débats sont du pain béni pour le Council car ils permettent de familiariser l’opinion avec un projet de dialogue ou d’entente et de banaliser ces concepts. Plus on en parle et mieux ce sera. Bush lui-même a été enjoint à se mêler du débat pour alimenter ce formidable appareil médiatique de banalisation.

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