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Iran : La semaine en images n°158
27.02.2011

La semaine dernière, le régime, qui est de plus en plus isolé et incapable de mobiliser ses partisans, a tout misé sur la promotion de son opposition officielle (le Mouvement Vert) afin de placer des amis au sein de la contestation qui se prépare pour amortir sa chute. Mais les deux dirigeants de cette opposition, Moussavi et Karroubi, font partie du Conseil de Discernement, l’organe plénipotentiaire qui décide tout dans le pays. C’est pourquoi leur appel à manifester le 14 février a encore été boycotté par le peuple.

Tout au long de la journée du 14 février, le régime et ces derniers serviteurs actifs qui sont environ 3000 personnes à Téhéran ont tenté de raviver la flamme en diffusant des rumeurs d’agitation faisant valoir la faiblesse du régime pour convaincre les Iraniens qu’il y avait de la révolution dans l’air afin qu’ils sortent et se retrouvent de facto sous la bannière de la fausse opposition, le Mouvement Vert. Les Iraniens ont contacté des proches résidant sur les sites présentés comme en instance de révolution : il n’y avait ni manifestant, ni milicien. Non seulement, ils ne se sont pas déplacés, mais aussi ils ont compris que le régime était réduit à inventer des balivernes car il était isolé.

Le régime s’est alors retrouvé obligé d’annoncer la tenue de manifestations en sa propre faveur pour intimider le peuple afin qu’il ne profite pas de la situation tout en continuant la diffusion de rumeurs évoquant sa propre faiblesse et les dissensions internes pour convaincre le peuple que c’était le moment d’agir pour qu’il se déplace et se retrouve de facto sous la bannière des faux opposants comme Karroubi et Moussavi. Cette méthode a surtout convaincu les partisans du régime que ce dernier était dans l’impasse. A l’occasion de la seconde manifestation pour intimider le peuple, leur nombre est tombé 200 dans les villes de province et à moins de 2000 personnes à Téhéran.

Le régime a alors oublié les annonces axées sur les malheurs des membres ou sympathisants de sa fausse opposition. Avant le début d’une nouvelle semaine (qui allait du 19 au 26 février), la fausse opposition a enfin mis de côté Moussavi, Karroubi et leurs sympathisants martyrisés, pour appeler le peuple à manifester le dimanche 20 février en mémoire des victimes du soulèvement de l’été 2009. Le régime et sa fausse opposition s’attendaient à une marée humaine.

Mais encore une fois, le peuple a boycotté l’appel. On a alors assisté à une certaine effervescence « des partisans du régime » ou « des partisans de l’opposition » comme au cours de la semaine précédente, mais elle est vite tombée, preuve d’un essoufflement des derniers partisans du régime qui animent les deux manifestations. Voici les images d’une semaine de désillusion.
Vous pouvez cliquer & zoomer sur les images pour les agrandir.



On parle beaucoup des derniers partisans du régime qui le tiennent à bout de bras en animant sa fausse opposition ou en diffusant des rumeurs faisant état d’une grande capacité de répression, mais ces gens ne pourraient pas sauver le régime si l’Occident se rangeait du côté du peuple iranien en soutenant son boycott des faux opposants et sa lutte passive pour changer de régime.

Le régime des mollahs peut tenir le pays avec un nombre réduit de partisans parce que L’Europe et les Etats-Unis ne mentionnent jamais son boycott de la fausse opposition car ils ne veulent aucun changement de régime en Iran. L’Europe entend préserver ses contrats et Washington veut uniquement placer ses pions à la tête de ce régime pour avoir un allié islamiste capable d’agiter l’Asie Centrale.

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Le samedi 19 février, la semaine a même commencé par un geste attestant de cette attitude occidentale ou plus particulièrement européenne : l’octroi de l’Ours d’Or du Festival de Berlin à Asghar Farhadi, un cinéaste proche du régime, primé pour ce même film par le régime car il ne parle pas de ce qu’a vécu le peuple iranien en juin 2009 et propose une amélioration via la coopération avec le régime ! Le prix du festival de Berlin a en fait enterré le soulèvement et les espoirs du peuple iranien !
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Ce prix, ces images et ce qu’ils sous-entendent ont dû déprimer plus d’un Iranien, même si chacun a l’habitude que des cinéastes qui se disent des opposants ne montrent jamais la réalité dure du régime, mais un monde apaisé et dépolitisé conforme à la propagande du régime.

Dans le cas présent, la désillusion a atteint son paroxysme car au même moment à Téhéran, le ministre allemand des affaires étrangères, arrivé quelques heures plus tôt, a tenu une conférence de presse pour affirmer le soutien infaillible de l’Allemagne au régime des mollahs et son hostilité à de nouvelles sanctions à son encontre (juste au moment où le peuple attend tout le contraire). Outre ces promesses, par sa présence, Guido Westerwelle a mis fin à des années de boycott diplomatique du régime par l’Europe. On comprend donc le sourire des représentants du régime devant les caméras !
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Pour remercier les Allemands et faciliter l’exécution de leurs promesses diplomatiques et commerciales, les mollahs ont libéré deux journalistes allemands détenus en Iran qui sont repartis avec le pragmatique Guido Westerwelle ! La semaine ne pouvait pas mieux commencer pour le régime.

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Le jour suivant, le dimanche 20 février, il espérait une forte présence populaire dans les rues sur un appel de ses faux opposants, Moussavi et Karroubi, pour permettre à ces membres de la plus haute instance du régime, le Conseil de Discernement, qui décide de toutes les politiques dans tous les domaines, de se mêler à la contestation pour participer à la transition pour évier de tout perdre.

Cependant, l’appel à la manifestation stipulait la commémoration des victimes du soulèvement du juin 2009, un événement anti-régime qui a été condamné par Moussavi et Karroubi. Il fallait trouver un autre sujet que la remise en cause du pouvoir par le peuple pour que les deux faux opposants puissent prendre la parole sans frôler la légitimation d’un nouveau soulèvement.

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La solution a été très simple : puisque que cette fausse opposition se focalise sur l’« illégitimité électorale du Président » (un personnage non déterminant du régime), le scénario choisi a été de charger ce bouc émissaire de faire un geste politique symbolisant « son mépris pour l’opposition donc pour le peuple » : la remise de son budget au président du Parlement, Ali Larijani. Cela ne pouvait pas rater car Ali Larijani est aussi membre du Conseil de Discernement. Comme on le voit tout s’est bien déroulé dans la joie et la bonne humeur !
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On ne peut pas en dire autant du côté de la rue car personne ne s’est déplacé à l’appel de l’opposition tricheuse de ce régime simulateur. Le régime s’est alors mis à diffuser via sa fausse opposition des rumeurs et des vidéos faisant état d’un climat instable et des rassemblements, mais cela n’a pas réussi à faire bouger les choses. Pire encore, l’AFP a annoncé l’absence de toute mobilisation. C’était mort. Le régime a alors comme à son habitude dans ce genre de cas diffusé des rumeurs et des vidéos faisant état d’une forte présence policière à Téhéran. Devant le ridicule des images, la vitesse d’Internet a été diminuée pour limiter l’accès à Youtube et le régime a ordonné la destruction des paraboles sur les toits !
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Ce dimanche, dans la soirée, le régime a regretté ce choix à reculons. Il a annoncé des agitations à Chiraz où il n’y a aucun journaliste étranger. On a d’abord eu un film montrant la fuite des manifestants avec des motards qui les suivent mais ne les attrapent pas, puis une vue des toits où l’on voit souvent le ciel et rarement le sol et l’on entend des gens qui n’existent pas !
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Le lendemain, lundi 21 février, tous les dirigeants ont été convoqués par le Guide. Tous faisaient des têtes d’enterrement. La désillusion avait changé de camps.

Dans la journée, les médias de la fausse opposition ont fait état de deux morts à Chiraz en appelant les Iraniens à manifester le mardi 21 et le mercredi 22 février. Pour les convaincre de bouger, en dépit de la reconnaissance d’absence de mobilisation lors de la journée de dimanche, ils ont diffusé sur le réseau satellitaire cette vidéo d’une attaque de miliciens isolés par des dizaines de gens la veille à Téhéran.
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Ces images n’ont pas convaincu le peuple et il n’y eut aucune manifestation car les assaillants laissaient partir les miliciens fidèles au régime qu’ils avaient capturés. Plus précisément, en passant les images en ralenti et sans le son, on voit que les miliciens qui ne sont pas isolés attendent ou fuient mollement pour se laisser attraper ! Devant ce manque d’efficacité de ses manipulations, le régime a cessé la diffusion des appels à manifester pour ne pas perdre davantage la face.
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Ce genre de situation ne séduit pas les étrangers qui souhaitent sauver ce régime. C’est pourquoi ils ont vite tenté de focaliser l’attentions de leur opinion publique sur un autre sujet : l’arrivée menaçante de navires de guerre de la république islamique en Méditerranée à proximité d’Israël !

La journée de mardi 22 février a été marquée par toutes sortes d’annonces les plus ahurissantes alors qu’il n’y avait là rien d’alarmant pour Israël car il n’y avait pas une armada, mais une vielle frégate et un vieux pétrolier ravitailleur, c’est-à-dire plus une cible qu’une menace. Le régime a néanmoins était ravi que l’on tremble devant lui à un moment où personne n’en fait autant en Iran.
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Les nouvelles venant ce mardi de l’étranger n’ont pas toutes été heureuses, puisque le Sénégal, pays allié qui leur servait de plate-forme pour des opérations bancaires interdites par les sanctions, a rompu ses relations avec eux sur une incitation de Washington qui comble ses déficits budgétaires. Cette nouvelle annonçant de nouvelles difficultés financières notamment pour l’achat de carburants était de nature à démoraliser d’autres partisans du régime.

Les mollahs n’ont guère commenté la rupture montrant la puissance des Américains, mais dès le lendemain, le mercredi 23 février, ils annoncèrent des accords avec l’Equateur qui a le triple avantage d’être un producteur d’essence, un membre de l’OMC capable de servir de plate-forme bancaire, mais aussi en froid avec Washington, donc pas achetable.
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Les accords avec l’Equateur ont été la dernière annonce politique de la semaine. Incapables de mobiliser sa base ou de provoquer une manifestation pour mettre en valeur leur fausse opposition, les mollahs ont préféré se cacher.

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Ce même mercredi de déprime avant de se mettre en retraite médiatique, le régime a aussi annoncé la mise en œuvre prochaine de deux super ordinateurs exceptionnels. Cette annonce a surpris les médias occidentaux car on est en dehors de la période de commémorations marquée par des annonces de progrès réalisés grâce à la révolution. Les journalistes spécialistes de l’Iran n’ont trouvé aucune justification à cette annonce.
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Une justification existait pourtant : actuellement tous les distributeurs d’argent et tous les terminaux de paiements par cartes bancaires sont HS suite à une panne d’ordinateur ! C’est à peine croyable !

C’est en fait un moyen pour le régime de limiter la circulation d’argent, notamment le paiement des nouvelles allocations, pour limiter la consommation en général à un moment où il manque de devises pour importer les produits et approvisionner les Bazaris avant les fêtes de Nowrouz.

L’annonce d’un prochaine entrée en service des deux super ordinateurs a été un moyen pour promettre un changement afin d’apaiser le climat avec les Bazaris qui manquent de clients même en appliquant les prix de l’année précédente au lieu de prendre en compte les hausses dues à l’inflation ou celles qui ont été récemment imposées par le régime.
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Ce genre de scènes que l’on voit rarement sur les images du régime ou jamais dans les films de ses cinéastes fossoyeurs sont de plus en plus courantes et annoncent une tempête pour le régime.

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Il existe une autre image qui pourrait servir d’indice au régime : le taux de participation de ces derniers partisans actifs à la prière de Vendredi qui se tient depuis trois décennies sur le terrain de foot couvert de l’université de Téhéran.

Ce vendredi, nous avons eu de la chance car une des plus fidèles agences de presse du régime a produit une image montrant le fond de la salle. L’importance de cette image tient à la distribution des places par le régime.

En effet, le terrain de foot accueillant cette manifestation a été décalée pour être orientée vers La Mecque. Il y a tout d’abord la tribune, puis un parvis et ensuite une zone de 15 mètres de profondeur réservée aux super VIP du régime (membres des hautes instances, ministres, chefs militaires).

Derrière cette zone, il y a toujours la partie réservée aux partisans actifs du régime d’une capacité maximale de 3700 places, mais d’une manière régulière (comme on le voit sur les deux premières images d’archives, puis une troisième image prise cette semaine), les premières rangées de cette partie ou plus exactement sur 15 mètres de large et 70 mètres de long, les places sont occupées par des personnes âgées qui n’ont pas le profil de partisans actifs recherchés par le régime. Les jeunes officiers sont toujours pris dans cette masse de 700 personnes, les autres partisans actifs sont derrières et surveillés par des garde du corps disposés derrière les VIP comme si le régime cherchait à mettre un écran entre ses VIP et ses partisans actifs…
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Mis à part le constat d’une hostilité potentielle, en retirant ces écrans de chair du nombre des places disponibles, on arrive au chiffre de 3000, c’est-à-dire le nombre des partisans du régime au cours des 8 derniers mois. La photo de cette zone datant de cette semaine ne montre pas un lieu vide, mais un lieu rempli de personnes âgées !
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Il y a deux possibilités : le régime manque de partisans pour combler la zone et a fait appel aux personnes âgées dans le besoin ou bien il estime que ses partisans ne sont plus sûrs et il a injecté de personnes écran dans cette masse ressentie comme étant désormais hostiles. Les deux cas sont mauvais pour le régime.

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Vous avez le droit de douter de ces hypothèses, mais ce samedi (26 février), à l’occasion de la réunion hebdomadaire du Conseil de Discernement, les visages des très hauts dirigeants du régime étaient bien sombres (loin du bonheur ressenti avant la mobilisation prévue pour dimanche).

Ce samedi, le ton est même monté entre Rafsandjani (au milieu) qui a fondé ce Conseil et Larijani (à sa droite) qui a récemment réussi à lui ravir la direction pour résoudre la crise avec des méthodes plus fortes et plus cyniques (qui ne marchent pas et aggravent même la situation).

D’après les images, il a fallu l’intervention de Velayati, un ami de Rafsandjani qui s’est aussi approché d’Ali Larijani, ainsi que la médiation de Sadegh Larijani, frère de l’autre et chef du pouvoir judicaire, pour calmer cette scène de ménage qui ne peut pas rassurer les derniers partisans du régime. Nous tenons là la dissension capable de démoraliser la base déjà très ébranlée pour provoquer l’effondrement du régime. On peut commencer à espérer...
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