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Iran : Les mollahs restent zen dans l’oeil du cyclone !
10.11.2010

En 1979, les Américains ont aidé l’arrivée au pouvoir d’une république islamique en Iran, mais aussi ailleurs, pour provoquer une réaction en chaîne afin de conquérir l’Asie Centrale alors soviétique avec l’arrière pensée de priver in fine la Chine de ses ressources gazières et détruire ce futur adversaire économique. Afin de mener leurs pions au pouvoir en Iran, les Américains ont eu besoin des mollahs. Six mois après leur victoire commune, les mollahs ont expulsé les pions de Washington pour prendre le pouvoir. Depuis, Washington utilise divers moyens de pression pour les forcer à ouvrir leur espace politique à ses islamistes. Il insiste sur le dialogue, les mollahs refusent par tous les moyens et aussi parce qu’ils ne craignent pas Washington car ce dernier évite les sanctions très fortes de peur de renverser ce régime. En réponse à cette attitude doublement impertinente, lundi dernier, Washington a commencé à organiser des « attentats anti-chiites avec une signature sunnite » pour les fâcher avec les sunnites afin de les priver du soutien de la rue arabe : les isoler pour les pousser à composer. Téhéran qui a vu venir le coup n’a pris aucune position hostile contre les sunnites. Nous avions alors évoqué la nécessité pour Washington de le provoquer davantage. Ce lundi, une semaine après cette première vague, d’autres attentats anti-chiites avec une signature sunnite ont visé plus explicitement les Iraniens en Irak.



Ce lundi, à 8h45, selon l’AFP, un kamikaze à bord d’une voiture a fait exploser sa charge à proximité d’un bus de pèlerins en provenance d’Iran. En fait, comme le confirme cette photo, une voiture piégée garée à proximité d’une des portes de la ville chiite de Karbala a explosé au moment du passage d’un bus transportant 28 iraniens de la région de Bouchehr qui rentraient d’un pèlerinage en Syrie avec les gardes chargés de la sécurité de leur bus. L’explosion à tué 4 pèlerins et deux gardes et a très gravement blessé les autres personnes à bord ainsi que des passants, en tout 42 personnes.
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Vers 13H00, une autre voiture piégée a explosé dans la vieille ville de Nadjaf visant un autre bus de transport de pèlerins iraniens. Cette seconde frappe a tué 8 personnes (dont 6 Iraniens) et a blessé 16 autres pèlerins iraniens.

Vers 19h25, une troisième voiture piégée a explosé dans un quartier animé de la ville chiite de Bassora faisant 10 morts et 30 blessés. Dans cette journée sanglante, une quatrième bombe a explosé à côté d’un magasin de nourriture à Khalès, le quartier chiite de la ville de Baqouba, faisant un mort et trois blessés.

Il y a une semaine, le bilan avait été de 62 morts et 285 blessés, cette fois il y a eu 29 morts et 90 blessés, mais la moitié étaient des Iraniens. Comme la fois précédente, les attentats par voitures piégées et non par des Kamikazes ont été revendiqués par la branche irakienne d’Al Qaeda en réponse à l’ingérence des Iraniens en Irak.

Or, Al Qaeda est la section armée des Frères musulmans qui sont eux-mêmes les alliés historiques des islamistes iraniens. Depuis leur association dans les années 1940, les mollahs et les Frères Musulmans prônent l’unité de l’Islam et se soutiennent mutuellement. Ainsi les Frères ont financé les activités de Khomeiny et ses partisans, en retour, ces derniers ont immédiatement soutenu le Hamas qui est la branche palestinienne des Frères Musulmans. Idem, les mollahs ont aidé Al Qaeda dès sa création et en retour, ce dernier a été leur bras armé pour de grands attentats anti-américains comme l’explosion des tours de Khobar, l’attaque contre le pétrolier Limburg ou encore contre l’USS Cole. Un des derniers exemples de cette collaboration a été la création par Téhéran de cet Al Qaeda irakien dont se réclament les auteurs des attentats.

Les revendications étant fausses –voire grossièrement fausses en raison d’évocation de motifs nationalistes qui sont incompatibles avec l’idéologie islamiste des Frères musulmans-, Téhéran avait facilement identifié une tentative de manipulation américaine pour provoquer une guerre entre les sunnites et les chiites afin de le brouiller avec la Rue Arabe qui est son meilleur allié. Pour éviter cela, après la première vague d’attentats du 2 novembre, Téhéran s’était gardé d’intervenir directement et avait demandé à Moqtada Sadr de condamner les attaques en évoquant des extrémistes hostiles à l’unité de l’Islam. Il avait ainsi évité sa propre implication dans le jeu tout en prêchant la doctrine qui fait sa force. Il avait par ailleurs évité de critiquer Al Qaeda et aussi de révéler les liens qui doivent rester secrets pour la réalisation des projets des Frères Musulmans.

Dans notre analyse sur le sujet, nous avions signalé la finesse de cette réponse et la nécessité pour Washington d’intensifier ses frappes pour entraîner les mollahs à prendre position afin que le jeu commence. Cette prévision s’avère juste, mais Washington n’a pas choisi la quantité (notamment avec une frappe sur le sol iranien via le Jundallah), mais la qualité en visant des cibles iraniennes en Irak pour surprendre les mollahs et les faire réagir à chaud au saut du lit à 8h45 !

On peut parler d’une surprise ratée puisque Téhéran n’a strictement rien dit au sujet de ces attaques sauf qu’il a démenti la version de l’AFP pour la première attaque en précisant qu’il s’agissait d’une voiture piégée et non d’un kamikaze qui reste une signature authentique pour Al Qaeda en Irak. En dehors de cette mise au point, il n’a accordé aucun développement à cette nouvelle, il a même réduit le nombre des morts à 3 au lieu de 4 [1]. Pour le second attentat, il a omis de signaler la nationalité iranienne des victimes [2]. Il a clos le dossier par deux gestes très emblématiques : tout d’abord, le régime a précisé que « le bus avait été affrété par un organisateur non homologué, c’est pourquoi il avait malheureusement été victime du climat de violence qui règne en Irak (depuis l’occupation américaine) ». Puis par l’intermédiaire du ministre des transports, il a évoqué « la possibilité d’interdire ce genre de circuit en cas d’autres attentats », ce qui est une manière très affirmée d’exprimer son indifférence pour laisser voir qu’il ne s’engagerait jamais dans l’escalade souhaitée par Washington !

Cette réponse des mollahs permet deux constatations. Tout d’abord, d’un point de vue formel, l’attitude générale adoptée par les mollahs rappelle l’esquive de Washington face aux provocations tentées par Téhéran pour l’engager dans une escalade censée le contraindre à capituler pour éviter une nouvelle guerre. Téhéran semble avoir marqué un point, mais il faut préciser que Washington esquivait des bluffs alors que Téhéran vient d’esquiver des vraies frappes mortelles. Il ne peut donc pas continuer à esquiver indéfiniment. On peut dire qu’il a gagné un set, mais pas le jeu, encore moins le match : les frappes continueront jusqu’à ce qu’il craque.

La seconde constatation concerne le fond de sa réponse : proportionnellement parlant, Téhéran a montré moins d’engagement politique dans le cas de cibles iraniennes que dans le cas de cibles arabes. Il a ainsi confirmé qu’il méprisait l’opinion publique iranienne, mais qu’il se souciait des réactions de la Rue Arabe. De fait, si Washington décidait de continuer ces frappes, pour indisposer le plus efficacement les mollahs, il devrait concentrer son harcèlement terroriste sur la cible chiite arabe en Irak voire dans d’autres pays de la région...

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Nous ne pouvons que déplorer cette évolution aux conséquences imprévisibles d’autant plus que Washington agit pour sauver un projet théorique d’instrumentalisation de l’Islam qui a échoué dès le départ car il n’avait pas pris en compte l’existence des Frères musulmans. Aujourd’hui encore, si Washington arrive à faire plier les mollahs pour récupérer la direction de la république islamique, ses islamistes de salon, qui ont échoué en 1979, échoueraient encore car ils ne pourraient pas ordonner le Jihad sans l’approbation des Frères musulmans. Washington ferait mieux d’arrêter d’aider indirectement les Frères musulmans car il sème le vent et récoltera la tempête.


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un autre aspect de cette tempête :
- Iran-Russie : à surveiller de près !
- (18 FÉVRIER 2010)

| Mots Clefs | Institutions : Diplomatie (selon les mollahs) |
| Mots Clefs | Résistance : Menace contre le régime |
| Mots Clefs | Terrorismes : Attentats contre les mollahs |

| Mots Clefs | Décideurs : OBAMA |
| Mots Clefs | Enjeux : Apaisement (Dialogue) |

| Recherche Par Mots Clefs : Al Qaïda | Al Qaeda |
| Mots Clefs | Institutions : Exportation de la Révolution |
| Mots Clefs | Enjeux : Rôle régional de l’Iran |

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[1minimisation du premier attentat par IRNA |
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IRNA dépêche n° 30063773


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[2minimisation du second attentat par IRNA |
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IRNA dépêche n° 30064341


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