Iran – Gaza : La Turquie superstar ! 08.06.2010 Depuis quelques mois, la Turquie était présente dans l’actualité comme un négociateur improvisé dans la crise nucléaire iranienne. Elle a dernièrement pris part à la signature d’un compromis nucléaire avec les mollahs. Elle est depuis une semaine au centre de l’actualité comme un acteur émergeant de la scène internationale dans le conflit le plus épineux de la planète. De notre point de vue, cette Turquie superstar est le produit de la volonté de Washington et ce n’est pas sans risque pour ce pays. Le 31 mai 2010, des bateaux turcs qui se rendaient à Gaza ont été attaqués par l’armée israélienne. Dès le lendemain, la Turquie a organisé des manifestations partout dans le monde où elle pleurait autant ses ressortissants tués dans l’attaque qu’elle pleurait le sort de Gaza qui n’avait pas subi de préjudice direct dans cette opération. Elle est devenue la championne de la Rue Arabe à la place de la république islamique d’Iran. Le régime des mollahs a cédé sa couronne car la Turquie ne l’avait pas associé au départ à l’opération Flottille, mais aussi parce que contrairement aux Turcs, aux Pakistanais, aux Malaisiens ou encore aux musulmans d’Europe, les Iraniens ne portent pas les Palestiniens dans leur cœur et ne sont pas descendus massivement dans les rues de leurs villes. Ce boycott du peuple iranien était prévisible car en janvier 2009, quand Gaza était sous les bombes, les musulmans du monde entier avaient manifesté leur solidarité alors que les Iraniens n’avaient guère bougé. Comme en 2009, il n’y a eu qu’une manifestation de 50 personnes en dehors de Téhéran ce qui est loin des promesses des mollahs d’élever une armée pour sauver la Palestine. De fait pour ne pas être ridiculisés, les mollahs et les chefs des Pasdaran ont été obligés de s’abstenir de descendre en personne dans la rue, ce qui les a obligés également à se taire. De fait du boycott archi prévisible des Iraniens provoquant le silence forcé des mollahs, du fait de la mise à l’écart intentionnelle des mollahs dans la préparation et l’organisation de l’opération Flottille et enfin du fait de la présence d’hommes armés à bord des navires turcs qui ont provoqué le clash, on peut soupçonner la Turquie d’un coup monté (un incident prévisible) pour investir le terrain palestinien monopolisé par les mollahs. Cela ressemble à une OPA autorisée par Washington sur le Hamas et la Bande Gaza car un des premiers actes du nouveau venu a été d’apporter son soutien au Hamas, mouvement classé comme terroriste par les Américains, sans déclencher une protestation de la part de ces derniers. Tout d’un coup, les Américains ont même accepté de mettre en place des mécanismes anti-blocus de Gaza. Il serait naïf de ne pas y voir la main de Washington derrière cette OPA autorisée à la Turquie et cela a forcément un rapport avec l’Iran. Pour comprendre il faut se replacer dans le contexte. Washington est en conflit avec les mollahs car il veut les forcer à devenir ses alliés pour l’aider à agiter les régions musulmanes d’Asie Centrale et le Caucase afin de remodeler ses régions. Il s’agit de faire disparaître les Etats existants, ce qui abolirait les contrats existants avec ses concurrents européens, russes et chinois. Washington pourrait ainsi prendre leurs places et contrôler près de 55% des réserves mondiales. Tout le projet repose sur une alliance avec les mollahs, Washington ne doit donc pas les renverser. En conséquences, il doit éviter l’application des sanctions très fortes et essayer de les soumettre via un processus combinant ses offres de dialogue avec une guerre d’usure économique. Les mollahs qui savent qu’ils seront vaincus par cette guerre d’usure et seront alors des alliés provisoires et jetables cherchent à fuir cette guerre d’usure économique en engageant Washington dans une escalade fulgurante où ce dernier reculerait par la peur d’une guerre touchant l’approvisionnement pétrolier de ses alliés. Cette agitation des mollahs met mal à l’aise les Etats-Unis car leur opinion publique exige des sanctions. Pour éviter cela, les Américains ont affirmé qu’ils voulaient des sanctions, mais ils ont mis aux devants de la scène 2 de leurs plus grands partenaires stratégiques et commerciaux, la Turquie et le Brésil comme étant des puissances régionales hostiles à toutes sanctions. Dans le cadre de ce scénario, on assiste à des confrontations entre Washington et ces deux-là où Washington sort toujours vaincu. Cette approche malhonnête a poussé les principaux Etats dont les intérêts seront menacés par une alliance irano-américaine à savoir la Grande-Bretagne, la Russie et la Chine à se dire en faveur de sanctions pour entraîner de force Washington dans un processus de confrontation et non de dialogue avec les mollahs. Dernièrement, la France qui par intérêt économique a longtemps fait équipe avec les Etats-Unis a rejoint le trio anti-américain et ainsi Washington qui est officiellement en faveur des sanctions s’est retrouvé isolé : il nous offre cette mise en scène qui présente la Turquie comme un acteur fort de la scène internationale car elle est intervenue pour casser le blocus, puis pour défendre les Arabes (sans dénigrer Téhéran) avant d’obtenir des résultats ! Elle a ainsi gagné une stature lui permettant de s’opposer à l’adoption de nouvelles sanctions. © WWW.IRAN-RESIST.ORG
| Mots Clefs | Pays : Turquie |
| Mots Clefs | Décideurs : P5+1 (les Six) | | Mots Clefs | Décideurs : OBAMA |
| Mots Clefs | Institutions : Sauver la Palestine |
| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : Israël | |