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Iran : La semaine en images n°120
06.06.2010

D’habitude l’actualité iranienne concerne le nucléaire : le régime est prié d’accepter un compromis, il se lance alors dans des provocations militaires, sous-entend une guerre pétrolière ou une guerre palestinienne, car il ne peut pas accepter de compromis avec l’Occident, cela lui coûterait le soutien de la rue arabe. Cette semaine, cette rue arabe qui compte sur les mollahs était justement en ébullition suite à l’attaque de l’armée israélienne contre la Flottille. On aurait dû donc avoir droit à une semaine palestinienne haute en couleur, mais on n’a guère entendu les mollahs ce qui a pleinement profité aux Turcs que l’on peut soupçonner d’un coup monté (un incident prévisible) pour prendre le leadership de la rue arabe. Si le régime ne s’est pas battu pour garder ce leadership, c’est parce que les Iraniens ne sont pas pro Palestiniens et par conséquent ils ne sont pas descendus en masse dans les rues comme les Turcs, les Pakistanais pour manifester leur solidarité. A l’épreuve du réel, le régime a perdu sa couronne. Ce ne fut pas la seule déconvenue de la semaine puisqu’il devait célébrer également la journée commémorative de la disparition de Khomeiny ainsi que la première révolte islamiste de ce dernier en 1964 et les deux jours ont été des fiascos sans nom en termes de mobilisation. Si l’on devait donner un nom à ce n° 120 de la semaine en images, l’on pourrait parler de la semaine des désenchantements !



Le premier désenchantement a été sans doute l’affaire de la Flottille. Partout dans le monde musulman, on a assisté à des explosions populaires alors que les pays concernés ne sont pas dotés d’une armée islamiste (de 15,000 hommes) conçue pour détruire Israël ou d’une milice islamiste qui selon le régime aurait 9 millions de membres qui bougeraient sur un seul mot du Guide suprême !

On n’a pas vu les 15,000 hommes de la Brigade Qods - ou نیروی قدس - défiler à Téhéran l’arme au poing et encore moins les 9 millions de jeunes prêts à en découdre avec Israël car le Guide suprême n’a finalement pas donné le signal du départ, il a seulement déploré l’attaque !

Il a en fait été tout simplement réaliste car les Iraniens n’apprécient guère les faveurs accordées par le régime aux Palestiniens. Pour l’exemple, en janvier 2009, pendant la guerre du Gaza, il n’y a eu aucune manifestation de masse en Iran alors que le monde musulman organisait des manifestations gigantesques dans les pays musulmans et même dans les pays occidentaux.

En janvier 2009, Téhéran s’était obstiné à organiser une manifestation importante parce qu’il avait été à l’origine du conflit par ses encouragements en faveur de la reprise des tirs de roquettes sur Israël. Cette fois, il n’y avait pas cette obligation politique vis-à-vis du Hamas, il a donc évité de s’agiter pour ne plus mettre en évidence sa totale incapacité à soulever une armée pour secourir ses protégés de la rue arabe, d’où l’absence d’un appel au Jihad en direction des jeunes miliciens iraniens qui comme la dernière fois se tenaient prêts à l’aéroport international d’Imam Khomeiny pour partir sauver Gaza !

Il convient de préciser qu’en janvier 2009, Téhéran avait pu mobiliser une centaine de jeunes miliciens du Bassidj, mais cette fois, il n’a même pas pu mobiliser ce nombre car les cadets du Bassidj ont refusé de participer à la répression du soulèvement de l’été dernier et ont été depuis désarmés et démobilisés. C’est pourquoi cette fois-ci, il n’y avait plus de garçons en tenue prêts à embarquer pour Gaza, mais des fillettes.
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En milieux de la semaine, quand les centaines de milliers de musulmans ont manifesté un peu partout dans le monde avec des portraits du Guide suprême pour l’inciter à ouvrir son bec, le régime a été obligé d’organiser quelque chose et le résultat est ceci.
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Une dizaine d’afghanes qui manifestent devant l’ambassade de la Grande-Bretagne (pour avoir autorisé la création d’Israël), puis s’en vont remettre une fleur à un employé de l’ambassade turque !

encombrant Gaza | Le fait n’est pas l’absence des Iraniens, mais l’absence d’images car le régime ne fonctionne que par son image. Le régime avait encore quelque espoir car il devait célébrer deux dates importantes pour tous les partisans de la révolution islamique : la commémoration de la mort de Khomeiny le 3 juin et plus important encore, le lendemain, le 4 juin, l’anniversaire du premier soulèvement islamiste en Iran sous la direction de Khomeiny en 1963 !

Khomeiny est le dénominateur commun de tous les composants du régime. Le guide suprême se réclame de lui. Khatami est le gardien officiel de sa mémoire. Moussavi s’est présenté aux élections en tant que vrai gardien des valeurs politiques de Khomeiny et enfin, l’on a vu les étudiants soi-disant démocrates du Mouvement Vert brandir fièrement son portrait ! D’ailleurs, leur dernier site encense depuis une semaine son goût pour la démocratie ! On devait donc logiquement avoir une large mobilisation pour les journées des 3 et 4 juin, mobilisation que l’on aurait présentée comme celles des amoureux de la bande de Gaza.

Mais les choses ne sont jamais simples en Iran. Comme nous l’avons exposé dans notre article d’hier, il y a un an, le régime des mollahs a voulu simuler une révolution de couleur pour donner une légitimité absolue à ses institutions ainsi qu’à son programme nucléaire (défendu par Moussavi). Le but était de convaincre l’opinion internationale que le pays traversait une sorte de printemps de Prague afin que l’opinion cautionne Moussavi comme un vrai démocrate. Cette caution aurait rendu son programme inspiré des idées politiques de Khomeiny plus que légitime. Téhéran aurait pu continuer son programme nucléaire en présentant les sanctions à venir comme une guerre contre le peuple iranien ce qui est révoltant car les Iraniens attendent justement des sanctions fortes contre ce régime pour le voir paralysé afin de le renverser.

Cette fausse révolution démocratique interne avait ironiquement échoué car le peuple –sans se douter des intentions- avait profité de la brèche (permission de manifester) pour contester le régime dans sa totalité. On avait alors vu Moussavi le gentil démocrate et son alter ego Khatami appeler le guide à mater la contre-révolution. Quand cela a été fait, l’on a vu les 2 à 3000 simulateurs faussement démocrates du Mouvement Vert (couleur de l’Islam) revenir aux devants de la scène, mais ils ne purent jamais simuler leur révolution de couleur car le peuple n’était plus au rendez-vous et boycottait ce faux-semblant.

Puisque l’on ne peut pas parler d’une révolution populaire sans une grande mobilisation nationale et qu’il fallait continuer ce simulacre pour pouvoir neutraliser les sanctions à venir, les concepteurs du Mouvement Vert ont évoqué « une résistance de la milice Bassidj partisane d’une lecture rétrograde de Khomeiny. » Le régime expliquait l’absence de mobilisation, mais il réglait aussi ses comptes avec ceux qui l’ont abandonné. Malgré le fait que le Bassidj a été désarmé, les animateurs du Mouvement Vert évoquent son hostilité chaque fois qu’ils doivent s’agiter en réponse à l’annonce d’adoption de nouvelles sanctions.

Ainsi, dernièrement, dans le cadre de cette explication, le site officiel du Mouvement Vert a annoncé que les méchants du régime allaient faire venir à Téhéran 2 millions de Bassidjis pour accaparer l’anniversaire du fondateur chéri du régime puis dans les jours suivants déployer ces deux millions aux abords des maisons des dirigeants du Mouvement Vert pour les empêcher de sortir de chez eux pour l’anniversaire de ce mouvement le 12 juin.

Seulement voilà, cette rumeur a été diffusée avant l’attaque israélienne. A l’annonce de l’attaque, le régime s’est retrouvé dans l’obligation morale d’organiser une marche en mémoire des victimes de l’attaque, mais sans disposer des troupes pour le faire. Ces deux millions de manifestants fictifs lui posaient problème.

Mais rien de plus simple : le Mouvement Vert est intervenu pour ironiser sur l’incapacité du régime à réunir ces 2 millions de mercenaires. Des dizaines de blogs du Mouvement Vert ont prétendu que le régime avait seulement réussi à réunir 100,000 personnes.

En réalité, ils étaient 5000 personnes dont un grand nombre de dirigeants et leurs gardes du corps. Mais la vérité irait à l’encontre de l’existence d’une force empêchant la mobilisation des partisans du Mouvement Vert. Ce mouvement fantoche et menteur qui a par ailleurs publié un message de soutien au Hamas a ainsi cherché à expliquer l’absence d’une mobilisation en sa faveur le 12 juin prochain.
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Cependant, en agissant ainsi à jongler avec les chiffres, le régime se retrouvait avec 100,0000 forces ultra et des dizaines de dirigeants que l’on n’a pas vu manifester en faveur du Hamas dans les rues de Téhéran.

Pour faire oublier cette absence encore plus grave pour un régime qui se dit le défenseur de la rue arabe, le régime a imaginé un tapage médiatique avec un soi-disant incident pendant le rassemblement où des agitateurs auraient sifflé le petit-fils de Khomeiny ou crier « mort à Moussavi ».

Nous avons cherché des images de l’incident : celles qui sont proposées (ci-dessous) ne montrent pas les siffleurs (les images à gauche montrent des gens à l’extérieur de la salle). Et même si ces siffleurs existaient, on ne sait en quoi cela empêchait les dirigeants du régime d’aller manifester en faveur des Palestiniens. Les mollahs et les copains les chefs des Pasdaran n’y sont pas allés car ils n’auraient été qu’une centaine à le faire : ils auraient mis en valeur l’isolement des dirigeants.
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boycott | Le lendemain, le régime a connu un plus grand désenchantement car à l’anniversaire du révolte de Khomeiny et le clergé en 1963, il n’y a eu que 2000 personnes à Qom alors le clergé a 80,000 membres religieux et que la ville accueille 70,000 étudiants en théologie ! Au lieu de ceux-là on a là des vieux venus gagner 2 à 5 dollars.
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A Ispahan, seconde ville du pays e’ l’une des plus religieuse, le régime à mobiliser 500 personnes !
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blow up | Ces mobilisations riquiqui ont failli nous faire oublier l’essentiel. Les années précédentes, le régime réunissait devant le guide, les jeunes miliciens à ces deux occasions. Cette année, nous n’avons trouvé aucune trace de ce rassemblement ! Le régime l’a remplacé par une rencontre du Guide avec les poètes que voici.
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Apparemment le pays ne manque pas de poètes. Mais vu leurs carrures, on dirait les costauds que l’on a vu taper sur les Iraniens pendant l’été dernier. C’est la base fidèle du régime.

au-delà du réel | Le monde ne veut pas sanctionner ce régime, mais il le fait tout seul en dilapidant les revenus du pays en Palestine et en diffusant des informations fictives sur sa santé économique alors que tout le monde connaît l’état de l’économie iranienne et ce que cela engendre. Face à cette fuite en avant du régime, des jeunes photographes issus de la milice réalisent chaque semaine des reportages « destinés à faire réfléchir les responsables ». Cette semaine, en parallèle à la célébration de Khomeiny, le régime célébrait aussi la semaine anti-tabac qui a été un moment surréaliste dans un pays qui a le plus grand nombre de consommateurs de drogue dure au monde. C’est pourquoi au pays de la misère et de la révolte silencieuse, le reportage à faire réfléchir a été consacré à la vente de cannabis à Téhéran en plein jour.
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Ces images ne parlent pas de drogue, mais de l’absence de la peur, de la désertion de la police peut être complice, c’est une vue sur l’isolement des poètes du pouvoir.