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Iran : NASR 1 ou le retour de la guerre des pétroliers
08.03.2010

Téhéran vient d’annoncer en grande pompe la naissance de son premier missile de type Cruise, Nasr 1. Les médias occidentaux ont forcément relaté l’info. Ils ont cependant parlé d’un missile de courte portée capable de détruire des objectifs d’une masse allant jusqu’à 3.000 tonnes, ce qui est inexact car dans son annonce, Téhéran n’a pas parlé de détruire des cibles de 3000 tonnes, mais de couler des navires de 3000 tonnes ! Un missile capable de couler un vraquier de 3000 tonnes peut endommager tous les pétroliers du Golfe Persique. C’est une véritable déclaration de guerre.



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le contexte | Depuis le début du conflit entre Téhéran et Washington, quels que soient les propos tenus par Washington à savoir des menaces ou encore des offres de négociations ou de réconciliation, Téhéran a toujours cherché l’escalade en laissant miroiter la menace d’une guerre contre les pétroliers pour forcer Washington à capituler. Répondre à des menaces par des menaces est assez logique, mais répondre à une proposition de réconciliation par des menaces de guerre est illogique.

Cela vient du fait que Téhéran voit la réconciliation proposée par Washington comme une menace. En effet, Téhéran dispose actuellement de deux milices armées qui agissent contre les intérêts américains pour tenir Washington à distance et une réconciliation est une manière de l’obliger à déposer les armes.

Un second danger guettera les mollahs : au nom de la réconciliation, ils devront autoriser le retour en Iran des politiciens proches des Etats-Unis, puis autoriser l’organisation d’élections libres c’est-à-dire surveillées par des observateurs américains neutres, ce qui équivaudrait à se laisser priver du pouvoir pour devenir de simples instruments des politiques anti-russe ou anti-chinoise de Washington. Ce qui est un plan parfait pour Washington a toujours déplu aux mollahs car dans l’affaire, ils perdaient tout : le pouvoir, les privilèges, leurs fortunes et aussi leur actuelle impunité devant les lois. De fait, ils n’ont jamais eu d’autre choix que de refuser et tout entreprendre pour faire capoter les plans des Washington. Dans cette optique, la menace voilées de frappes contre les pétroliers a été une arme à la fois d’intimidation contre les alliés européens de Washington perçus comme des maillons faibles, mais aussi un moyen pour s’auto diaboliser afin de rendre politiquement incorrecte le principe même d’une réconciliation irano-américaine.

menaces voilées contre les maillons faibles du système | On a ainsi assisté depuis des années à une déferlante permanente de provocations balistiques visant Israël ou les pétroliers pour provoquer une escalade, afin d’entretenir une menace dissuasive sur l’approvisionnement pétrolier de l’Occident. Washington a toujours esquivé ces provocations pour poursuivre son plan axé sur la guerre d’usure très efficace combinée à l’offre empoisonnée de réconciliation. Dans le même temps, les Européens qui ne souhaitent pas être l’objet d’un chantage permanent des mollahs ont adopté la position choisie par Washington en ignorant ou en censurant comme dans le cas présent les annonces provocatrices des mollahs.

De plus en plus affaiblis par la guerre d’usure économique de Washington, les mollahs ont été dernièrement contraints d’accélérer l’allure de leur provocation pour en finir le plus vite possible. Ils ont ainsi parlé de nouveaux missiles, mais aussi d’un contre-torpilleur dessiné pour couler des pétroliers. Mais ces efforts ont été tous mis en échec par le black-out médiatique de leurs annonces et la censure des déclarations guerrières accompagnant le lancement des engins.

changement d’approche | Obligés d’agir en raison de leur affaiblissement économique alarmant, les mollahs ont été contraints à revoir leur stratégie. Ils ont mis de côté le maillon faible européen pour appuyer sur un autre maillon faible du système américain : les alliés musulmans de Washington, Etats modérés qui sont tenus d’être solidaires de la république islamique d’Iran pour plaire à leur propre opinion publique séduite par les slogans de Téhéran. Pour exploiter cette faiblesse afin de les obliger à entrer en conflit avec Washington, les mollahs ont invité à Téhéran un certain nombre de ministres de ces pays pour un sommet des D-8 et en même temps ils ont invité à Téhéran tous les chefs religieux des Etats Musulmans pour une conférence sur l’Unité de l’Islam. Dans le même temps, le régime a rappelé tous ses ambassadeurs, personnages chargés du commerce extérieur comme des réseaux islamistes à l’étranger, pour assurer le lien entre les deux groupes et plaider à fond la cause de l’unité et solidarité des Etats musulmans.

Quand ces invités sunnites ont quitté Téhéran, le régime a lancé via Ahmadinejad un premier sujet de discorde entre Washington et ces Etats musulmans sunnites avec la remise en cause du rôle d’Al Qaëda dans les attentats du 11 septembre, un sujet populaire dans l’opinion publique de ces pays, mais aussi ailleurs. Téhéran s’attendait à un débat passionné, mais il n’y a rien eu.

retour à l’option initiale avec le missile NASR 1 | Il y a d’autres sujets aussi fédérateurs comme par exemple l’Irak ou l’Afghanistan, mais ce sont des sujets sensibles car Téhéran joue un rôle négatif dans les deux pays. La piste est presque morte. Sans tarder, Téhéran est revenu à sa stratégie de base d’amplification de crise axée sur la menace potentielle sur l’approvisionnement pétrolier de l’Occident, un revirement qui évoque une urgence économique. Puisque ses précédentes annonces étaient indirectes, allusives, voilées pour aller plus loin –mais aussi par la nécessité d’en finir au plus vite- Téhéran a été plus direct en dévoilant le missile NASR 1 (Victoire 1), copie ou exemplaire importé du C-704 chinois, un missile très maniable qui est capable de couler des navires de 3000 tonnes (des vraquiers comme ci-dessous).
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Le choix des caractéristiques de l’engin n’est pas un hasard. Il peut endommager les grands pétroliers sans les couler : il est loin d’être un killer, ce qui explique sa vente à l’Iran par les Chinois, eux-mêmes dépendants du pétrole du Golfe Persique. Les Chinois ont fait une bonne affaire, mais pas une bonne analyse car en fait, les capacités balistiques de ce missile n’ont aucune sorte d’importance pour Téhéran. Son danger est ailleurs : dans les lois américaines.

En effet, suite à plus de 300 attaques iraniennes contre les pétroliers Koweitiens pendant la guerre Iran-Irak, en mars 1987, Washington a adopté une loi de protection aux navires battant le pavillon américain dans le Golfe Persique. Cette loi considère toute attaque contre de tels navires comme une déclaration de guerre contre les Etats-Unis. De fait, Téhéran n’aura pas besoin de couler un quelconque pétrolier et déplaire aux Chinois, il lui suffira de titiller un navire battant pavillon américain pour provoquer une escalade immédiate que nul ne saurait esquiver.

Hier, Téhéran a en fait franchi une étape décisive vers cette escalade qu’il entend provoquer depuis des années pour mettre fin à la guerre d’usure de Washington à son encontre. Au lieu d’esquiver, les Américains et leurs alliés feraient mieux d’admettre l’impossibilité d’une entente avec Téhéran car s’ils refusent de l’admettre ou s’entêtent, le régime devra tirer.
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Pour en savoir + :
- Iran : Violations devant témoins !
- (9 FÉVRIER 2010)

| Mots Clefs | Institutions : Diplomatie (selon les mollahs) |
| Mots Clefs | Nucléaire : Crise & Escalade |

| Mots Clefs | Instituions : Puissance militaire des mollahs |
| Mots Clefs | Institutions : Provocations |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : Golfe Persique |

| Mots Clefs | Auteurs & Textes : selon Reuters |
| Mots Clefs | Auteurs & Textes : Journalistes et média Français |