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Iran : La "Révolution Verte", deuxième prise !
05.06.2010

Il y a un an, le régime des mollahs a voulu simuler une révolution de couleur pour donner une légitimité absolue à ses institutions ainsi qu’à son programme nucléaire (défendu par Moussavi), mais trois jours après le début de la révolution verte, les choses ont échappé aux mollahs. Le peuple a profité de la brèche pour descendre massivement dans la rue et contester le régime tout entier. Quand les mollahs avaient lancé leur révolution verte, les Européens étaient ravis car ce régime horrible qui leur vend le pétrole au dixième de son prix allait avoir une meilleure image. En revanche, dès que le peuple est descendu dans la rue, les Européens ont détourné les regards pour laisser le régime étouffer cette contestation et ils se sont, à nouveau, intéressés à l’Iran quand le régime a repris la promotion de son mouvement Vert. Un an après, alors que le peuple se rappelle cette double trahison, le régime et ses amis européens préparent fébrilement l’anniversaire de cette fausse opposition.



Il y a une véritable course à la promotion du Mouvement vert surtout en Europe. En France, la Cinémathèque Française organise une journée pour la promotion des ceux qui veulent la victoire de Moussavi, cet homme qui ne jure que par Khomeiny et la charia et qui de surcroît est un des 23 membres à vie du Conseil de Discernement de l’Intérêt du Régime, organe plénipotentiaire qui décide de toutes les politiques appliquées par les ministres et les gouvernements.

Le Vert est à l’honneur : ARTE organise une soirée thèma à la gloire de la « Révolution Verte » dont les partisans ont brandi fièrement l’année dernière les portraits de Khomeiny en dénonçant ceux qui avaient mis en doute leur fidélité à la révolution islamiste de 1979. Ainsi des organismes liés à des Etats qui se remplissent les poches en Iran tentent de faire croire à des millions d’Européens que la seule alternative pour l’Iran est une autre version de la république islamique.

Cela est loin d’être la vérité. Il y a un an, le 15 juin, trois jours après le début de la simulation verte, des millions d’Iraniens sont descendus dans les rues de toutes les grandes villes pour crier « mort à la république islamique » ou entonner en plein jour l’hymne national iranien qui a été écrit sous la monarchie progressiste des Pahlavi. Cela est arrivé au lendemain du soulèvement populaire iranien sur une place où 100 ans plus tôt, la foule de Téhéran avait pendu le maître à penser de Khomeiny.

Il y a un an, quand cela est arrivé, Moussavi, Karroubi et Khatami qui sont les animateurs du Mouvement Vert ont déserté la rue puis ont écrit une lettre ouverte au Guide Suprême pour le prier de « châtier le plus durement possible, y compris par la mort, ces voyous qui osaient contester le caractère islamique du pouvoir ».

Il y a un an, cet appel publié dans un grand quotidien iranien n’a pas refroidi l’ardeur des Iraniens, ils sont descendus plus massivement dans les rues. La foule a grossi au fil des jours car les Bassidjis, jeunes miliciens chargés de mater toute émeute, ont refusé de tirer. Le régime a perdu la face car il avait toujours prétendu que ses miliciens n’attendraient pas l’ordre de feu pour faire usage de leurs armes contre les contre-révolutionnaires, or, il ne s’est rien passé de tel. Cela avait forcé le régime à recourir au service des officiers des services secrets qui agissent en tenue civile et à des snipers qui tiraient depuis des toits ou juchés sur des motos sur les gens pour semer la terreur dans les cortèges. Cela a même fait une victime célèbre, Neda Agha-Soltan. Il y a un an, quand c’est arrivé le Mouvement Vert n’a pas condamné ces morts : Moussavi, Karroubi ou Khatami n’ont rien dit. Marjane Satrapi n’a pas fait un petit dessin. Le Mouvement Vert a même crié à une mise en scène !

10 jours durant (du 15 au 25 juin), les Iraniens ont contesté le régime, mais au bout du compte malgré les images époustouflantes d’une vraie révolution populaire envoyées via Skype, malgré la solidarité des jeunes de la milice (aujourd’hui récompensés par les calomnies du Mouvement Vert), la contestation s’est essoufflée car il n’y a eu aucune solidarité internationale. Le peuple a abandonné le combat. Aussitôt, les animateurs du Mouvement Vert sont sortis de leur silence et ont appelé à manifester pour surfer sur la vague. Les médias occidentaux dont les correspondants avaient perdu les piles de leurs caméras du 15 au 25 juin ont repris la noble tâche d’informer, mais ils ont tous eu une surprise de taille : il n’y avait plus personne dans les rues pour manifester sous la bannière verte hormis les 2 à 3000 manifestants professionnels du régime. Il y eut une dizaine d’appels à la manifestation de la part du Mouvement Vert, mais à chaque fois, ce fut un fiasco en termes de mobilisation.

Le régime qui a besoin de cette fausse révolution de couleur a alors dissimulé Moussavi et les slogans très islamistes du Mouvement Vert pour appeler à la manifestation le 9 juillet, date anniversaire de la contestation estudiantine de 1999. Le peuple a alors repris le chemin des rues, mais le soir quand les gens ont regardé les télévisions étrangères pour savoir si cette fois l’Occident avait enregistré leur envie de changement, ils ont constaté que le son des vidéos avait été trafiqué et que le régime avait ajouté des slogans en faveur de Moussavi. Dès lors le boycott devint total.

Le régime qui était battu a prétendu que la mobilisation avait été rendue impossible par la milice ! Mais alors que le régime semblait incapable de mobiliser les Iraniens pour sa fausse révolution démocratique interne, à l’appel d’opposants anonymes très clairement hostiles au régime, les Iraniens sont massivement descendus dans les rues dans tout le pays pour rendre un dernier hommage à Neda. Le message était clair, mais le régime n’a retenu qu’une seule chose : il était possible de mobiliser à nouveau les Iraniens. Le soir même , il a mis ses propres 3000 manifestants dans les rues pour crier des slogans pro-Moussavi dont les vidéos étaient destinées à être diffusées sur Youtube pour maintenir en vie le mouvement Vert qui n’existe pas.

Dès lors, le régime a commencé une autre stratégie : attirer les Iraniens dans les rues en faisant annoncer par avance des slogans patriotiques, c’est-à-dire non islamiques, ou légèrement contestataires. Mais les Iraniens ont encore boycotté les appels car les manifestations soi-disant patriotiques avaient lieu à des dates qui célèbrent des évènements clefs de la révolution islamique de 1979. En réponse à cette absence de la foule qui ridiculise le Mouvement Vert, le régime a organisé ses manifestations vertes en faisant annoncer une forte participation. Mais étant donné que cette mobilisation était fictive et qu’il ne pouvait diffuser des images pour prouver son authenticité, on est entré dans une phase où les images provenant de ces manifestations étaient toujours mal cadrées (regardant le ciel ou le sol), floues ou encore d’une très courte durée, mais toujours dotées d’une bande sonore très claire faisant état d’une foule immense.

Le régime a ainsi sauvé ses manifestations annoncées internationalement, mais il était bien embêté car tout cela n’a pas été planifié pour donner de la république islamique l’image d’une démocratie en construction, mais pour donner une légitimité démocratique à Moussavi qui incarne les valeurs fondamentales de la révolution islamique, c’est-à-dire le refus de tous compromis avec l’Occident. Cet homme soutient aussi le programme nucléaire iranien. En fait, la révolution verte veut donner une légitimité populaire au refus de tout compromis dans le programme nucléaire iranien afin de condamner moralement les sanctions contre ce programme. C’est pourquoi à l’approche du 1er janvier 2010, date à laquelle Obama devait annoncer des sanctions, Téhéran est allé encore plus loin dans la posture soi-disant anti-régime en faisant circuler des rumeurs de soulèvements dans les régions reculées pour mobiliser massivement les Iraniens lors d’une manifestation appelée par le mouvement Vert à la date du 27 décembre. Les Iraniens ont encore boycotté l’appel et le régime s’est retrouvé avec ses 3000 manifestants professionnels. Cette fois, il avait prévu le coup de l’absence du peuple en imaginant une petite révolution mise en scène hollywoodienne en plein centre ville entre les deux principaux carrefours de la ville. Malgré les efforts d’agitation médiatique, aucun Iranien n’est descendu de sa voiture pour se joindre à cette révolution bidon. Ce fut le dernier fiasco du régime. Le Mouvement Vert a cessé tout appel à la manifestation et arrive à son premier anniversaire après 5 mois de silence.

Ironie de l’histoire, cet anniversaire coïncide avec la possible adoption d’une nouvelle résolution dotée de nouvelles sanctions contre le régime. Même si les grandes puissances ont fait savoir qu’il n’y aurait aucune sanction paralysante dans cette nouvelle résolution, les sanctions déjà adoptées et en cours d’application restent en vigueur et continueront d’épuiser chaque jour d’avantage le régime, c’est pourquoi le régime des mollahs est allé très loin dans la posture anti-régime. La première concession a été de signer les appels à la mobilisation des Iraniens exilés non plus du nom du Mouvement Vert (couleur de l’Islam), mais du nom du « Mouvement Vert-Blanc-Rouge », les trois couleurs du drapeau iranien. Un de nos correspondants à Paris nous a rapporté que l’envoyé spécial du régime en France, chargé de la surveillance de la bonne tenue des manifestations, avait troqué son ruban vert pour un pin’s de la carte de l’Iran de couleurs Vert-Blanc-Rouge qui est depuis des années produit par les partisans de Reza Pahlavi. Ce n’est pas un hasard car le régime vient aussi de publier et diffuser en Iran des affiches vertes à l’effigie de Reza Pahlavi ! Sous le slogan « Pour la liberté », on voit l’homme le plus populaire de l’opposition et qui suscite le plus grand espoir de changement aux côtés de Moussavi. Pince-moi je rêve !
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Dans nos émissions vers l’Iran sur Radio Toloo, nous avions demandé aux Iraniens de rester chez eux et en leur promettant que cela obligerait le régime à autoriser ce genre d’écarts pour les mobiliser, mais nous étions à cent lieu d’imaginer que le régime avouerait l’attrait du peuple pour Reza Pahlavi !

Ces affiches à l’effigie de Reza Pahlavi sont apparues au moment où le régime allait célébrer le rassemblement commémoratif de la mort de Khomeiny. L’image est forte. Le rassemblement qui a eu lieu hier a donné lieu à la mobilisation de moins de 5000 personnes dans tout l’Iran (ci-dessous à Téhéran au mausolée de Khomeiny).
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Les médias français ou encore américains n’ont parlé ni de cette moquerie silencieuse du peuple, ni de la disparition de la couleur verte, encore moins de l’apparition des couleurs patriotiques ou du portrait de Reza Pahlavi. Au lieu de ça, les Européens parlent de l’appel à la mobilisation des 8 partis iraniens d’opposition dont les dirigeants sont aux commandes de ce régime. Les Américains qui cherchent une alliance stratégique avec les mollahs et ne peuvent supporter la fin du régime islamique sont de la partie pour sauver le régime en sachant qu’ils pourraient le soumettre par la suite avec leurs sanctions. Ainsi le régime tente de mobiliser les Iraniens d’une manière frauduleuse et à l’extérieur ses amis Occidentaux sont à l’œuvre pour peindre en Vert cette mobilisation. On trouve donc des agents iraniens de promotion du Mouvement Vert comme Satrapi, Ebadi, Ghobadi et ses acteurs (les planqués du 15 au 25 juin) aux côtés de BHL, agent de promotion de la liberté à l’américaine qui est aussi le directeur du comité d’éthique d’ARTE ! Pince-moi je cauchemarde !

Dans ce contexte de faux-semblants, on comprend la joie affichée par le régime des mollahs qui annonce triomphalement que France 24 – la chaîne ouvertement pro-Vert - est en train de recruter des journalistes iraniens pour le lancement d’une version iranienne de cette chaîne (pour qui ?) à la date anniversaire du mouvement Vert !

Dire que ce pays a été un jour dirigé par le général De Gaulle vénéré en Iran ! On s’égare. On croit revivre le trémoussement des Français devant Khomeiny, un autre choix de l’Amérique qui leur avait promis de préserver leurs contrats après la chute du Chah. Au final, les Français avaient tout perdu car les pions islamistes de Washington ont par hasard décidé d’annuler tous les contrats européens. Cette fois aussi on parle d’un régime de transition du côté de Washington. La France perdra tous ses contrats comme en 1979. Il serait utile que les autorités françaises se réveillent. Un peu de réalisme, messieurs ! Oubliez le Mouvement Ver ! Le régime lui-même qui est très réaliste regarde vers Reza Pahlavi car le peuple regarde dans sa direction.


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Pour en savoir + sur les "méthodes Vertes" :
- Iran : Les condamnés à mort du Mouvement Vert
- (6 MARS 2010)

| Mots Clefs | Resistance : Boycott (du régime ou du Mouvement Vert) |

| Mots Clefs | Réformateurs & faux dissidents : Le Mouvement Vert |
| Mots Clefs | Histoire : Révolution Islamique |

| Mots Clefs | Resistance : FAUSSE(s) OPPOSITION(s) |
| Mots Clefs | Resistance : Lobby Cinématographique des mollahs |

| Mots Clefs | Pays : France |
| Mots Clefs | Auteurs & Textes : Journalistes et média Français |

| Mots Clefs | Décideurs : Reza Pahlavi |