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Iran : La semaine en images n°73
12.07.2009

Cette 73ème édition de la Semaine en Images tourne inévitablement autour de la dernière manifestation de masse qui a eu lieu cette semaine, le 9 juillet à Téhéran mais aussi à Chiraz (pas d’images).



La semaine a été courte car en raison d’un très haut niveau de pollution, le pays avançait au ralenti. D’ailleurs le régime a tenté de neutraliser la reprise de la contestation en recommandant aux gens de rester chez eux. À titre indicatif, voici des images de Téhéran polluée au cours des trois jours précédant le jeudi 9 Juillet : les rues sont plutôt vides.
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La dernière photo montre l’avenue de la Révolution que l’on voit sur les vidéos consacrés à la présence policière : vous verrez la contraste avec la journée du 9 juillet !
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En fait, en dehors des explications que nous apportons ici-bas sur la composition des différentes manifestations de cette journée, un constat s’impose : tout le monde attendait la reprise de la contestation pour ce 9 juillet.

Il convient cependant de préciser que ce « tout le monde » comprend les opposants en exil, le régime qui veut mettre en scène une révolution verte, ses forces de l’ordre et les Iraniens qui souhaitent sortir de ce régime.

explications | À la vue des premières images reçues depuis l’Iran et à chaud, l’opposition en exil a été soulagée de voir peu de manifestants de vert vêtus et elle a crié victoire. Elle a aussi salué d’un air amusé les slogans qui visaient le Guide Suprême Khamenei et son Mojtaba. Nous avons nous-mêmes été enthousiasmés par l’absence notable de cette couleur, mais a posteriori, après analyse de ces deux nouveaux slogans lancés par les Moussavistes, nous pensons qu’il faut modérer cet enthousiasme et ne pas y projeter ce que nous avons envie d’y voir : les prémices d’une chute du régime.

Ce 9 juillet, nous avons été victimes d’un trompe-l’œil volontaire dans notre envie de croire à la résurrection des grosses manifestations qui avaient, deux semaines auparavant, mobilisé 1 million de personnes tous les jours. Nous avons donc additionné les différentes personnes présentes dans les rues ce jour-là à 8 endroits différents de la ville sans prendre garde au fait qu’il y avait là deux types de manifestants distincts qui ont d’ailleurs reçu deux traitements médiatiques différents.

Il y avait d’un côté, des jeunes très bruyants, criant des slogans hostiles à Khamenei et son Mojtaba, arborant du vert, visiblement engagés dans la révolution verte, et qui ont été largement photographiés par la presse étrangère. En parallèle, de très grands groupes d’Iraniens normaux manifestaient (sans lien visuel ou oral avec les Moussavistes). Ces derniers, bien qu’en nombre plus imposant n’ont reçu aucune couverture médiatique !

Cela nous rappelle le début de la soi-disant révolution verte : les 13 et 14 juin, les journalistes étrangers étaient autorisés à couvrir la contestation pro-moussavi qui a aussi donné lieu à des courses poursuites et des incendies de poubelles. Mais, dès que profitant de la brèche, le 15 juin, les Iraniens sont descendus massivement dans la rue, le régime a interdit aux journalistes étrangers de couvrir ces groupes, pourtant pacifiques, mais plus du tout conformes à son scénario de révolution verte.

Ce 9 juillet, nous avons eu, d’une part droit à un remake des fausses contestations factices et bruyantes des 13 et 14 juin, et en parallèle, à une résurrection timide des mouvements de masse apparus du 15 au 25 juin.

Revenons au récit que nous avions donné de cette journée sur la base de témoignages reçus. Selon ces témoignages, le régime avait placé des barrages distants d’une centaine de mètres le long des principales artères d’accès vers l’immense place de la Révolution. Ces barrages avaient empêché les Iraniens de former une grande et seule manifestation de plusieurs millions d’âmes. Empêchés d’avancer, ils manifestèrent donc loin de leur destination, incapables de rejoindre les jeunes de la banlieue ouest qui, ayant forcé les barrages, étaient entrés sur la place de la Révolution pour se battre jusqu’à tard dans la nuit contre des vagues de bassidjis appelés sans cesse en renfort.

Le problème est que les images reçues ne correspondent pas à ces témoignages. Par exemple, il n’existe aucune image des manifestants hostiles au régime en train de se battre sur la place de la Révolution (même si l’on voit les miliciens courir vers cette direction). En revanche, on trouve des myriades de vidéos de jeunes moussavistes, ceux que les journalistes étrangers avaient le droit de photographier, en train de chahuter sans être inquiétés par les bassidjis et les agents en civils se déplaçant à moto !

En dehors de ces jeunes Moussavistes, il fallut aussi une bonne dose de patience pour dénicher des images des très nombreux manifestants non moussavistes ou encore des bassidjis en action.

les images | Tout d’abord, la milice. Elle était présente sous divers uniformes : policiers, bassidjis anti-émeutes (en treillis), pasdarans anti-terroristes (en noir) et les motards en civil. Il y a peu d’images d’eux : les personnes souhaitant les filmer l’ont fait en cachette depuis des automobiles ou des bus en train de rouler. Ceci tranche avec les images posées de miliciens comme on a pu en voir les 13 et 14 juin.
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Si ceux des manifs factices du 13 et du 14 juin étaient des jeunes gars musclés et effrayants (première photo signée gooya news, site francophone proche du régime), ceux filmés à leur insu ce 9 juillet étaient moins formatés : il y avait même là certains avec des uniformes qui sont trop larges. Peut-être le régime manque-t-il d’effectifs anti-émeutes comme cela a été le cas du 15 au 25 juin ?
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La grande absente de cette journée dans les médias occidentaux aura été la foule des Iraniens sans couleur, ceux qui contestent le régime : ils étaient aussi là en très grand nombre. Le régime a essayé de les récupérer en les faisant filmer par des personnes qui, elles, affichent le V de la victoire de Moussavi (avec leur autre main) et lancent par moment des slogans pro-moussavi sans grand succès.
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« Natarsim, Natarsim, mâ hameh bâ ham hastim »
(n’ayons pas peur, nous sommes tous unis).


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« Natarsim, Natarsim, mâ hameh bâ ham hastim »


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Nous avons à ce propos assisté à des résistances au niveau des slogans, y compris dans les groupes dominés par les moussavistes : les tentatives de slogans pro-moussavi sont repoussées par d’autres slogans plus neutres comme : « Zendani é Siâssi Azad Bayad Gardad » (Libérez-les prisonniers-politiques), scandé avec force et par des applaudissements pour couvrir et neutraliser le slogan : « Yaa Hossein, Mir hossein » !
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La partie la plus intéressante de cette édition n°73 concerne évidemment les images liées aux moussavistes.

Le kaki est totalement absent quand le vert est omniprésent : c’est la victoire virtuelle de la révolution verte sur le bassidj. Dans l’article consacré à cette journée, nous évoquions un dépassement des bassidj. Mais il s’avère qu’il s’agissait d’une absence délibérée pour mettre en scène la révolution verte.
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Un point important à observer est la composition de ce groupe particulier : on y voit très peu de femmes (exceptée cette incendiaire à la tenue très visible). Il ne s’agit pas d’un hasard : un certain nombre de manifestantes très actives sont des agents du bassidj. Ces images prises par un anonyme dans le quartier d’Amir Abad sont précieuses : on les voit en train de chahuter avant d’aller au rapport auprès des bassidjis en faction à ce carrefour. Cette branche du bassidj comprend aussi des jeunes en tenue cool circulant à moto.
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De ce fait, comme les manifestants qu’il faut diviser en deux groupes, il y avait aussi deux groupes de miliciens en action, ceux en uniforme et ceux en civil déguisés en manifestants. Certains d’eux portent aussi des accessoires verts !
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Cette opération d’infiltration a commencé par la publication des photos d’agents que le régime voulait infiltrer sur Gerdab.ir (tourbillon), un site dédié à la délation des vrais contestataires. Le régime a mêlé les siens aux vrais contestataires pour tromper ces derniers. Le grand intérêt du site est que l’on peut y voir des images trop nettes de ce personnel à moto se déplaçant toujours en tandem unisexe ou mixte.