Iran : Les secrets des Chats Persans de Ghobadi 23.12.2009 Les Chats Persans de Bahman Ghobadi sort aujourd’hui à Paris. Les médias français sont enthousiastes à l’idée d’avoir découvert la face cachée de la jeunesse iranienne. Ils sont loin du compte : la jeunesse iranienne vit dans une extrême pauvreté et son souci premier n’est pas de jouer de la musique, activité réservée aux gosses de riches. Sous le label usurpé de cinéma d’underground, ce film qui imite l’esthétisme de ce genre de cinéma est une tentative très rusée pour détourner les regards Occidentaux des vrais problèmes de la jeunesse iranienne, mais aussi de son attente de voir l’Occident à ses côtés. L’Iran est l’un des pays les plus jeunes du monde : 39 millions des Iraniens sur les 70 millions d’habitants ont moins de 24 ans. Leur situation est gravissime car ils vivent au crochet de leurs parents qui sont eux-mêmes dans une situation difficile : les salaires les plus élevés (soit 300 $) sont inférieurs à la moitié du minimum nécessaire pour vivre décemment (850 $). Hormis ceux du pouvoir qui sont environ 200.000 personnes et quelques milliers de commerçants du bazars, l’Iran se compose de 12% de personnes qui ont un niveau de vie passable (généralement des petits entrepreneurs ou des artisans) et 85% de personnes (principalement des fonctionnaires) qui vivent sous le seuil de pauvreté avec près du tiers d’entre eux vivant sous le seuil de la survie. Cet état résulte principalement de la détérioration du travail au profit des importations opérées par les gens du pouvoir grâce à un taux de change très avantageux. Cette pauvreté oblige les jeunes à abandonner très vite l’école pour travailler afin d’aider la famille à ne pas couler, à ne pas perdre son logement. Généralement, ces jeunes ne trouvent pas de travail car il n’y a en pas. Ils ne peuvent pas profiter de leur temps libre pour reprendre les études universitaires car celles-ci sont hors de prix : de 2000 à 20,000 dollars par an. La seule issue de cette jeunesse frustrée et sans avenir est la drogue. D’ailleurs l’Iran a le taux le plus élevé de la toxicomanie au monde, comme il a aussi le record mondial du nombre de suicide des jeunes. On ne trouve rien de cela dans le film les Chats Persans, mais des jeunes qui ont les moyens d’avoir des apparts, des autos, des guitares, des studios d’enregistrement, de faire la fête et en plus de quoi faire des économies pour quitter le pays. On vous montre là des jeunes issus du 1% qui a tout et pour que vous croyiez qu’ils représentent la majorité, on a collé un label de film underground à cette production conforme aux attentes au régime. Ce label, nous le devons malheureusement à nous-mêmes ou plus exactement aux critiques que nous formulions à propos des films iraniens. En effet, pendant des années, le régime des mollahs a tenté de contredire les propos de l’opposition en exil avec un cinéma aseptisé qui montrait des images d’une vie normale en Iran. Il a en parallèle simulé des persécutions à l’encontre des cinéastes qui tournaient ces images afin qu’ils ne puissent pas être taxés d’accointance avec le pouvoir. Nous avions alors mis en avant le fait que ces cinéastes soi-disant persécutés (comme Kiarostami ou Panahi) recevaient régulièrement des visas pour voyager dans le monde et promouvoir leur cinéma insipide, voyages au cours desquels ils ne parlaient pas politique, ni société, pire, ils ne montraient aucune envie de s’exiler pour être libres. En réponse, le régime a conçu une arme de destruction massive pour contrer toute critique : les Chats persans qui aurait été tourné clandestinement par un réalisateur et 5 acteurs qui se sont tous exilés pour de vrai ! Mais seulement voilà, ces 6 réfugiés politiques qui devraient avoir tant à raconter n’ont pour l’instant donné aucune interview sur les répressions de cet été en Iran ! Ils prétendent qu’ils ne peuvent pas parler car ils n’y étaient pas et de fait ils ne savent pas ce qui s’y est passé ! Ils ne seraient pas au courant des morts ! Plus bizarre, ces réfugiés atypiques ne dénoncent pas non plus la répression en général en Iran ou encore des lois non conformes à la dignité humaine comme l’autorisation accordée à tout homme d’épouser des fillettes de 8 ans. Ils ne parlent que de leur film ou de leurs petits problèmes perso ! L’un de ces réfugiés, un certain Mahdi-yar Aghadjani, était l’invité de Rebecca Manzoni sur France Inter [1] pour la promo de son film. Parler de cet été étant exclu, cette chère Manzoni lui a posé une question sur un sujet simple : les propos d’Ahmadinejad sur Israël. Notre ami Mahdi-yar (littéralement l’ami de Mahdi, l’imam caché) a répondu qu’il était un musicien et non un politicien ! Il a d’ailleurs précisé qu’il souhaitait que l’on ne lui pose plus des questions politiques (de ce genre).
L’invité surprenant de Manzoni n’a pas su développer une réponse précise au sujet des propos anti-Israéliens d’Ahmadinejad car il a lui-même composé un morceau de rap (Terrorist) qui rejette le label terroriste pour le régime des mollahs en précisant que le seul terroriste au monde est cet Etat qui tire sur des enfants lanceurs de cailloux ou qui bombarde les mères de familles [4]. Ne sachant que dire en réponse à Rebecca Manzoni, en bon apprenti lobbyiste médiatique, cet agent du régime a changé de sujet en reprochant à la France, Etat qui l’a accueilli sur son sol, de le traiter comme un animal en lui faisant faire la queue très tôt le matin devant la préfecture ! C’est méchant. En bonne gauchiste, Rebecca a été émue et elle a oublié ses questions. Si Rebecca Manzoni avait fait un peu de recherches sur son invité, elle n’aurait pas été aussi ridiculement dupée et nous aurions eu droit à des questions plus saignantes susceptibles de coincer ce faux réfugié. © WWW.IRAN-RESIST.ORG
Pour en savoir + sur le réalisateur :
| Mots Clefs | Resistance : Lobby Cinématographique des mollahs |
| Etre Jeune en Iran ou violence contre les mineurs | | Mots Clefs | Fléaux : Toxicomanie |
[1] France Inter adore le cinéma iranien | 28 JUIN 2007
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