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Iran : Sohrab, tué d’une balle dans le coeur
15.07.2009

Le 13 juin, le régime voulait simuler une révolution verte, pour avoir l’air démocratiquement islamique et révolutionnaire, le 15 juin, l’opération lui a échappé pour devenir une révolte nationale. Sohrab Aarâbi, lycéen de 19 ans, a été arrêté ce 15 juin avant d’être restitué 26 jours plus tard à sa mère à l’état de cadavre. Son cas est un exemple du traitement infligé aux victimes de la répression et à leur famille.




Depuis trois jours, tous les Iraniens connaissent le nom de Sohrab Aarâbi : ils sont tristes, mais pas surpris d’apprendre que sa famille, qui se résumait à sa mère, n’ait pas été informée de son arrestation. Il est monnaie courante d’être arrêté et emprisonné de cette sorte puis oublié dans les cachots du régime. Les Iraniens n’ont pas également été surpris par cette mort : il est monnaie courante de mourir dans les prisons du régime des mollahs.

Mais Sohrab n’est pas mort sous la torture : il a été tué d’une balle dans le cœur le 15 juin ! C’est sa mère qui l’a dit sur le lieu de l’enterrement à des gens qui, vu le ton qu’elle emploie semblent être des inconnus à ses yeux (vidéo ci-dessous).
© WWW.IRAN-RESIST.ORG

« Sachez tous, sachez, ils l’ont tué lâchement, pendant 26 jours, ils m’ont fait patienter en disant qu’il est à Evin, mais il était déjà mort, ils l’avaient tué d’une balle dans le cœur… »

A ces mots, un homme en beige se lève avec un geste pour l’inviter à se taire. Mais la mère de Sohrab continue : « ils sont des lâches, des lâches, il faut que je le dise, plus personne ne peut me faire taire… »

On ne saura jamais ce qu’allait nous dire de plus cette petite femme batailleuse à la voix brisée : la bande son devient inaudible. Des sanglots puis des cris de femmes semblables à une sirène d’alarme couvrent la voix éteinte de Mme. Aarâbi. On n’entend plus rien que cette sirène humaine très désagréable. Du moment où ces cris couvrent la voix de la mère, l’homme en beige retrouve sa sérénité.

C’est une ambiance très bizarre : tout autour de lui les gens présents sont inexpressifs, sans le moindre petit geste ou mot de compassion. Les voix semblables à une sirène sont celles d’une nuée de femmes massives et de noire vêtues que nous avons déjà repérées sur une autre vidéo de la journée.

Simultanément, un autre homme tente de pousser la mère de Sohrab à partir. Elle ne veut pas. Elle se jette sur le corps de son fils enveloppé dans un linceul gris. On l’enlève pour l’amener de force pendant que les gens présents toujours aussi inexpressifs appellent à finir la cérémonie par la lecture d’un sermon. Elle se débat dans l’indifférence des gens présents, la fin du document devient muette (le son est coupé), elle est évacuée. Les images sont dérangeantes.

On peut établir un parallèle avec les évènements de ce mois de juin : le 13 juin des manifestations commandées, le 15 la révolte suivie d’une censure des médias et d’une réaction violente du régime. Là, après avoir tué Sohrab, sous la pression des médias des exilés, le régime a consenti à organiser les funérailles en direct pour clore l’affaire, mais dès que la mère est sortie des limites du scénario, le régime est intervenu avec violence.

Aussitôt cette source de nuisance évacuée vers une destination inconnue, le régime a commencé à diffuser via le net des rumeurs de la mort de Sohrab sous la torture afin de ne pas reconnaître que ce garçon avait été tué le 15 juin !

Le 15 juin est l’actuel souci du régime : avec l’aide de certains journalistes comme Delphine Minoui, il veut effacer cette journée pendant laquelle la simulation d’une fausse contestation a échappé aux mollahs pour virer à une révolte nationale contre leur régime.


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| Mots Clefs | Violence : Meurtres, disparitions |
| Etre Jeune en Iran ou violence contre les mineurs |

| Mots Clefs | Institutions : Désinformation et fausses rumeurs |

| Mots Clefs | Résistance : Manifestations hostiles au régime |