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Iran : La semaine en images n°65
17.05.2009

La semaine a été écrasée sous le poids des nouvelles concernant Roxana Saberi. Une femme qui en 6 ans de vie en Iran n’a jamais écrit ou réalisé un reportage sur la vraie vie en Iran : la misère, le chômage, les enfants travailleurs, ces 15% d’Iraniens qui ont des casiers judiciaires parce qu’ils se défoncent ou vivent de menus larcins, les 700,000 prisonniers dont la moyenne d’âge est de 24 ans ! Aujourd’hui on parle d’elle comme auteur d’un film engagé sur la jeunesse. Les photos de presse récoltées cette semaine nous permettent d’enguirlander ce film présenté à Cannes. (cliquez sur les images pour les agrandir)



moi-je | D’habitude dans cette rubrique, nous ne parlons que de ce qu’il se passe en Iran. Mais cette semaine, les médias Occidentaux ne parlent que de Roxana Saberi ou de son pseudo-fiancé Bahman Ghobadi. Ce dernier est à Cannes avec sa troupe de jeunes acteurs au look surprenant, tous venus sur la croisette grâce à un visa fourni par le régime des mollahs.
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Tous ces jeunes ainsi que le réalisateur ne parlent qu’en moi-je, si moi-je retourne en Iran, moi-je ne pourrais plus jouer de la musique, c’est pourquoi moi-je pense rester ici. Cela est suffisant pour les pseudo-journalistes présents à Cannes de les décréter dissidents, mais il ne suffit pas de vivre à l’étranger pour être un exilé : il faut dénoncer des crimes et non pas parler seulement de moi-je.
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Récemment, toute la presse a parlé des pendaisons de mineurs pour relativiser la situation, Téhéran nous envoie des jeunes dont le seul souci est de jouer de la musique ! c’est un pari gagné, puisque les médias et journalistes présents n’ont pas creusé la question en posant les bonnes questions : comment être un jeune rappeur dissident si la pendaison de quelqu’un de ton âge ne te révolte pas.

Il ne faut pas s’attendre à une dénonciation, puisque ces personnes au look sexy sont membres du lobby cinématographique du régime des mollahs. Ce look n’a d’ailleurs rien d’extraordinaire !

Cette semaine Ahmadinejad distribuait des prix aux jeunes journalistes de l’agence MEHR, organe de presse de l’Institut de la Propagande de la révolution islamique : ici, on le voit en train de remettre le prix à un photographe ! Il a le même look que les miliciens rappeurs qui se pavanent à Cannes.
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C’est d’ailleurs le look officiel de « jeunz » photographiés par cette même agence comme ici à la sortie du Salon International du Livre de Téhéran. C’est un look à part, vous pouvez scruter l’image, vous n’en verrez pas d’autres.
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jeunz | La vraie jeunesse est dans la misère : elle ne peut s’offrir des lunettes ou des jeans branchés. Cette semaine l’agence ISNA a publié une série de photos sur les dortoirs de l’université d’Ahwaz. On se croirait dans une prison, sauf que l’on n’est pas pendu à la fin du séjour. Ce sont des vrais taudis. Ceux-là font pourtant partie des rares nantis dont les parents ont assez d’argent pour leur payer des études qui coûtent plus cher que dans les universités privées en Europe : les UV sont payantes à l’unité et leur prix varie de 15 à 500 dollars. 15 dollars pour des UV de socio, 100 dollars environ pour des matières scientifiques et 500 pour les matières nécessitant des TP en labo ou en salles d’informatique. La dernière image en montre d’ailleurs une où un étudiant fait semblant de surfer sur le net : regardez l’image de son écran !
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VOIP | Ce jeune homme heureux surfe sur son fond d’écran ! C’est vrai que c’est hilarant ! La raison est que l’Internet est presque coupé en Iran depuis 45 jours. Le régime a baissé les vitesses de connexion de 128 Kbps à 56 Kbps, officiellement pour faire des régulations. La vraie raison est que de plus en plus d’Iraniens téléphonaient avec des systèmes VOIP qui sont très difficilement écoutables par les mouchards du régime qui écoutent pratiquement toutes les populations à risques depuis l’avènement de la république islamique en Iran. Téhéran a choisi de limiter la vitesse à 56 Kbps car la VOIP nécessite une bande passante d’au moins 64 Kbps.

Rue | La connexion Internet est un faux problème. La majorité des Iraniens ne sont connectés qu’à une chose : la rue. Dès leur plus jeune âge, ils bossent comme ceux-là photographiés à Ispahan en l’honneur du passage du candidat Karroubi pour sa tournée électorale. C’est un spectacle déchirant.
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Ispahan est une ville en perte de vitesse : pendant des siècles, grâce au fleuve Zayandeh Roud, elle a été l’une des villes les plus prospères de l’Iran. Mais il y a un an, le fleuve a été dévoyé vers une zone industrielle d’une autre région où les miliciens possèdent des aciéries et des cimenteries. Toutes les industries de la ville sont en panne, ses vergers qui fournissaient jadis tous les marchés du Moyen-Orient sont asséchés, les vaches ont péri, détruisant la filière viande et lait. Il y a quelques semaines, Ispahan a boudé l’arrivée d’Ahmadinejad.

Sans tenir compte de ces réalités, le mollah ripoux Karroubi est venu et il a fait un discours sur Ahmadinejad sans parler de la ville, de la rivière ou encore des importations de fausses dinanderies chinoises qui ont détruit la dinanderie de cette ville connues internationalement. On dirait un show des télévangélistes aux Etats-Unis.
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candidats | En vérité, ce show électoral est organisé pour préserver le régime intact. Il s’agit de garder le pouvoir et les business qui vont avec. C’est ainsi que cette semaine, on a entendu l’autre candidat réformateur Moussavi parler de son obédience aux valeurs de Khomeiny. Les médias occidentaux qui ne connaissent rien à l’Iran ont vite décrété qu’il s’agissait d’une ruse pour voler les voix d’Ahmadinejad ! Alors que ce milicien est membre du premier cercle du pouvoir et répète depuis toujours sa fidélité au régime et à ses lois ! Il l’avait dit il y a trois semaines (à la une du quotidien « Jomhouri Eslami », République Islamique), il l’a répété cette semaine !
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Nous devons tous suivre la voie des martyrs, de l’Imam, du Guide et de la Loi !


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La voie de Khomeiny est la seule voie pour la survie du régime


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13% | Avec de tels candidats, ceux d’Ispahan sont fichus. D’ailleurs les Iraniens dans leur ensemble ne croient plus en rien. C’est pourquoi de plus en plus d’entre eux font le choix de vivre hors la loi : 13% des Iraniens quittent le chemin du travail acharné pour le banditisme ou la défonce.

Selon la direction générale des prisons, il y a environ 650 à 700 milles prisonniers en Iran (dont 7% de femmes). On prévoit une hausse de 100,000 en 2009 soit une augmentation de 15%. Cette population quitte rapidement les villes pour vivre en marge : de fait, 20% des Iraniens vivent dans des bidonvilles en périphérie des grandes villes. Parfois un petit article en parle mais pas comme une frange en détresse, mais comme une vermine criminelle. D’ailleurs en cette période électorale, le régime multiplie les annonces de répression de ces bandits.

Cette semaine, le régime a annoncé le démantèlement d’un réseau de petits voleurs à Téhéran spécialisés dans le vol de vieilles godasses. Des vrais méchants !
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Les méchants attrapés cette semaine sont avant tout des camés trop vieux pour dealer. Nous avons sélectionné les images des photographes de l’agence MEHR (les miliciens sexy) et aussi des photos identiques d’une nouvelle agence moins liée au régime (dourbin.net). Leur différence est le floutage : la seconde agence a flouté les yeux.

Mais les miliciens sexy du régime (que l’on voit en train de shooter) regardent les prises policières droit dans les yeux : du cynisme à l’état pur.

Comme leurs collègues Cannois, moi-je avant tout pour recevoir un prix des mains du président Ahmadinejad, celui même qui se félicite d’avoir achevé d’une balle dans la tête 1,000 prisonniers agonisants (on l’appelle Mahmoud Hezar Tir - Mahmoud 1000 cartouches).

Regardez ces Iraniens dans les yeux.
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