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Iran : de la relativité au service des femmes
05.10.2006

Le thème féminin est actuellement utilisé pleinement pas les services de communication du régime des mollahs et le but est de relativiser la situation.



Relativiser | Nous vous en avions parlé récemment en évoquant les faux dissidents et leurs satellites. Ces derniers relativisent la dureté du régime et leurs théories relativistes sont diffusées par des journalistes femmes en poste à Téhéran et des sites (alter-mondialistes, islamo-guachisants ou d’extrême droite) qui nous rappellent la relative libéralisation des mœurs sous Khatami. Nous avions précédemment traité ce sujet et nous vous recommandons vivement la lecture de cet article.

La période Khatami est dépeinte avec envie, pourtant, Atefeh Rajabi, auquel France 3 consacre un documentaire, a été pendue sous la présidence de Khatami et aucun réformateur, ni aucun dissident n’avait pris la parole pour la défendre ou demander une minute de silence en son nom ! Idem pour Ali Amini-Tehrani, le jeune homme abattu d’une balle dans tête par le responsable de la campagne présidentielle d’un candidat réformateur ! Idem pour Payam Amini. Idem pour ces jeunes femmes pendues vêtues d’un Tchador…

Les journalistes réformateurs n’ont jamais parlé de ces cas et Shirin Ebadi n’a pas daigné évoquer leur nom ou leur souvenir, pas une seule fois, dans aucun de ces articles ou livres. La présidence de Khatami a été parmi les plus sanglantes de l’histoire récente de l’Iran, sans compter que cet homme fut également le responsable des propagandes de la guerre. A ce poste, il fabriqua consciencieusement des images héroïques pour inciter les jeunes à se faire tuer dans les tranchées alors que les mollahs faisaient durer la guerre pour s’enrichir dans les marchés d’achats d’armements ou équipements militaires.

Cette relativisation de la dureté de régime et les références à Khatami s’adressent aux occidentaux qui ne connaissent rien à l’Iran et ignorent tous ces détails. Cette relativisation a différents usages et en plus elle n’engage pas son utilisateur.

Actuellement, elle est appliquée à la situation des femmes qui est le thème du moment. Quiconque parle de la condition féminine sous les mollahs devient instantanément un héros. Sur ce site, étant viscéralement opposé à l’héroïsme verbal, nous regardons avec suspicion les auteurs féministes et essayons de nous pencher sur leur parcours afin qu’elles n’utilisent pas ce thème pour relativiser ou métamorphoser une réalité insupportable. Nous décoderons toutes les informations d’inspiration féministe. C’est pourquoi nous avons également mis en garde la rédaction de France 3 sur les commentaires OFF généralement rajoutés en France pour donner une certaine orientation relativiste (Khatamiste) à la pénible réalité du régime des mollahs depuis son avènement à nos jours.

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Les parcs sans voile

Les parcs pour femmes et les parcs pour hommes, tel est le nouveau plan de la municipalité de Téhéran, un plan qui avait déjà été essayé avec la précédente municipalité… qui avait à sa tête un certain Ahmadinejad.

Le projet-pilote devait initialement être réalisé dans la ville sainte de Machad et il devait être inauguré en septembre 2007. Mais Téhéran semble vouloir griller la politesse à Machad. Le responsable des parcs et espaces verts de la capitale a annoncé qu’un plan était à l’étude pour les parcs du sud est et du sud-ouest de la ville. Ali Mohamad Mokhtari a précisé à un journal de la capitale que la municipalité y songeait depuis l’année dernière et que vers la fin de l’année, les parcs à thèmes seraient prêts. Des superficies de 170 et 27 hectares seront réservées uniquement aux femmes, et selon les mots mêmes de Mokhtari, cela permettra aux femmes de se promener sans voile.

La municipalité table sur cette mesure pour assurer le succès du projet, cependant les responsables n’ont pas songé un instant que ces femmes aimeraient peut-être se promener dans des parcs sans voile mais en compagnie, de pères, d’époux, d’amants ou de simples amis... Le voile est un instrument, le problème vient du code de la charia. Car si un frère a le droit de voir sa sœur dévoilée, il n’a pas le même droit sur la sœur de quelqu’un d’autre. Le vrai progrès serait des parcs à thèmes et à boxes. Chacun dans sa niche.

Blagues à part, les parcs sexistes sont vus par le régime comme un exploit. L’objectif de ce projet n’est pas de satisfaire les besoins des femmes, le but de cette mise en scène médiatique est de relativiser la contrainte du port obligatoire du voile.

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Cinéma d’auteurs

La république islamique d’Iran a décidé de communiquer sur la liberté de la femme, après avoir lancé le plan de création de parcs pour femmes non voilées à Téhéran, le régime a décidé d’envoyer aux Academy Awards un film (soi-disant) défendant la cause des femmes. Les Academy Awards sont ce que l’on appelle plus prosaïquement les Oscars et c’est le film de Kambosia Partovi, Café Transit, qui aura la charge de défendre les couleurs iraniennes à Hollywood, catégorie meilleur film étranger !

Il s’agit encore d’une propagande destinée à uniquement l’étranger. Ce projet cinématographique a rencontré un insurmontable obstacle technique : pour participer aux Academy Awards, le film doit avoir été projeté en public dans le pays d’où il est originaire.

Or il se trouve que beaucoup des films qui défendent les couleurs des mollahs à l’étranger et qui relativisent la situation de l’absence de libertés intellectuelles, n’ont jamais été distribués en Iran.

Ces films sont produits et financés par le régime pour donner une images différente et relativiste de la dureté de régime en Iran et personne n’a jamais été assez tordu pour imaginer qu’un tel régime produirait des films critiquant le système. Pourtant, si les mollahs utilisent avec finesse les ficelles de la désinformation apprises par les maîtres de la Stasi. Le plus préoccupant est le cas des cinéastes qui se prêtent à ce jeu et font semblant de tourner en cachette et d’avoir été victimes de la censure. Nous avions connu ça avec Kiarostami et voilà qu’après les protestations sur l’absence d’un quelconque engagement politique de sa part, le régime l’a remplacé par des plus jeunes qui jouent le même jeu : je tourne en cachette et je suis censuré en Iran.

C’est également le cas de Kambosia Partovi dont le précédent film « Offside » avait été « censuré » ! Ce film est un exemple du faux-film destinée à tromper l’opinion des pays occidentaux : il raconte l’histoire d’une jeune femme qui soulevait d’autres femmes pour pouvoir assister à un match de foot. Très bizarrement, l’interdiction faite aux femmes d’assister aux matchs de foot interpelle les occidentaux et Partovi a justement fait un film sur ce sujet. Ce sujet interpelle les occidentaux car le régime lui-même met scène cette interdiction pour faire diversion et afin d’occulter les vrais problèmes des iraniennes (pauvreté, prostitution, toxicomanie, voile..). Assister au Foot est un faux problème inventé par le régime. Mais Partovi a justement fait le choix de réaliser un film sur ce sujet anodin.

Et malgré ce film censuré, il vient d’être choisi pour envoyer un autre film censuré aux Oscars ! Pendant des années, nous n’avons cessé d’écrire à la direction de Cannes pour dénoncer l’allégeance des cinéastes iraniens au régime des mollahs, la pauvreté de leur scénarii ou le mépris de ces cinéastes pour les violations des droits de l’homme en Iran, mais nous n’avons jamais eu de réponse. Cannes a couvert de prix des cinéastes inconnus en Iran qui n’ont jamais condamné un seul cas de violation des droits de l’homme, pas une seule pendaison et encore moins un assassinat d’un intellectuel ou d’un exilé. Le pire était le cas de Samira Makhmalbaf qui a pleuré la chute des Talibans et Kiarostami qui a milité pour Rafsandjani, un mollah sous mandat d’arrêt international !

Avec Partovi, il faut tout recommencer à zéro. Ce dernier est un cinéaste quasi officiel du régime et il a déjà obtenu le Lion d’Or à Venise (comme scénariste) pour un film également jamais diffusé en salle en Iran.

Son dernier film, « Café Transit » raconte l’histoire d’une femme récemment veuve qui reprend le restaurant routier de son mari et qui refuse les avances de son beau-frère qui veut l’épouser comme seconde épouse. Partovi réussit à faire croire qu’il s’agit d’une coutume iranienne. Ce qui est faux, car il relativise un agissement islamique importé en Iran depuis la prise du pouvoir par les ayatollahs. C’est un des points cruciaux de l’œuvre de Partovi, il donne une image très musulmane de la société iranienne. Il est en ce sens le cinéaste le plus déconnecté des attentes de la jeunesse iranienne.

Ce genre de détails ne trompe pas les connaisseurs de l’Iran, qui boudent ces films de propagande. Partovi et ses amis trompent les autorités et les critiques cinématographiques occidentaux. C’est justement leur mission.

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