Le dernier rapport de l’AIEA nous ramène à 6 ans auparavant quand les Américains évoquaient la production prochaine par l’Iran d’une ou deux bombes par an, puisque ce rapport évoque, à nouveau, la possibilité d’une à deux bombes par an quand les centrifugeuses de la seconde usine iranienne entreront en activité après 2011 !

En 2003, on évoquait des bombes prévues pour 2005 afin de laisser entendre qu’il y aurait des sanctions très fortes si Téhéran n’acceptait pas le dialogue. Cela n’a pas marché, d’un commun accord, le Conseil de Sécurité qui est le patron de l’AIEA a effacé l’ardoise des centrifugeuses existantes pour rejouer la même comédie au moins jusqu’en 2012 !

Par leur conduite, les Six (le Conseil de Sécurité plus l’Allemagne) prouvent qu’ils sont opposés à un renforcement des sanctions. La raison de cette opposition est que le régime des mollahs a été très affaibli par des sanctions existantes et pourrait se retrouver en danger avec de nouvelles sanctions.

L’approche choisie par l’AIEA est une sorte de statu quo : en évoquant un possible dérapage dans 1, 2 ou X années après 2011, le Conseil de sécurité reste saisi, ce qui signifie le maintien des sanctions américaines, mais l’échéance atomique ayant été éloignée, on peut aussi écarter de nouvelles sanctions et continuer encore le dialogue.

De premier abord, cela satisferait les partenaires stratégiques ou commerciaux de Téhéran – opposés aux nouvelles sanctions-, mais aussi Washington, maître d’œuvre des pressions sur Téhéran. Il y a cependant une subtilité : depuis des mois, Washington parle ouvertement de son envie de parvenir à une entente avec les mollahs… En fait, la nouvelle direction pro américaine de l’AIEA a publié hier un rapport 100% conforme aux besoins diplomatiques de Washington. Grâce à ce rapport, Washington peut continuer, sans faire d’entorse à ses récentes promesses de sanctions plus fortes, sa politique d’apaisement qui consiste en réalité à une combinaison des sanctions modérées et d’offres d’entente cordiale irano-américaine.

Cette entente fait très peur aux mollahs car elle doit passer par une normalisation des relations. Ils redoutent la normalisation car cela pourrait servir de prétexte à une démocratisation forcée grâce à laquelle Washington pourrait introduire ses propres pions politiques dans l’appareil étatique. Nos mollahs se verraient alors éjectés du pouvoir et perdraient le droit de disposer à leur guise des richesses iraniennes. Ils perdraient la bourse et la vie !

C’est pourquoi Téhéran a réagi vivement à ce rapport qui annonce une prolongation de la guerre d’usure des Etats-Unis, instrument de cette révolution de palais. Sa seule chance d’en échapper étant de provoquer rapidement une grande crise afin que la peur d’une nouvelle guerre pousse Washington à abandonner la partie, Téhéran a affirmé que la construction d’un deuxième site d’enrichissement d’uranium en Iran était un « message politique » signifiant que « ni des sanctions du Conseil de sécurité de l’Onu ni la menace d’une attaque militaire ne peuvent jamais enrayer le programme nucléaire de la république islamique ! »

Téhéran ne veut pas une explication en 2011, 2012 ou 2015, mais maintenant. Il fera tout pour provoquer un clash. ET Washington fera tout pour l’éviter afin de continuer sa « politique d’apaisement ». La crise est plus figée que jamais.

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