Iran : Le Mouvement Vert applique la méthode mormone 08.08.2009 Après avoir fermé le centre de détention et de torture de Kahrizak, le régime vient d’admettre des mauvais traitements sur les prisonniers qui y étaient détenus, mais aussi des sanctions à l’encontre des auteurs de ces sévices. Il est rare que le régime des mollahs reconnaisse des sévices administrés par ses agents. Quand il se comporte ainsi, il faut lire le texte avec minutie car il y a toujours une intention cachée derrière cette apparente volonté de transparence. Les cas les plus célèbres de ce genre de comportement sont les aveux surmédiatisés d’arrestations et de tortures à l’encontre de personnages liés au régime pour fabriquer des faux dissidents. Dans le cas présent, pour comprendre les intentions de Téhéran, il faut faire un petit retour en arrière. Le 13 juin dernier, des manifestants vêtus de vert qui se disaient en faveur de la démocratie marchaient dans les rues de Téhéran pour scander des slogans en faveur de Moussavi, un candidat qui ne cesse d’affirmer son respect pour le régime et son fondateur Khomeiny. Le portrait de ce dernier se trouve d’ailleurs sur le bandeau du site de Moussavi. En fait le régime était en train de simuler une révolution de couleur (verte), pour avoir l’air démocratiquement islamique. Les journalistes du monde entier étaient autorisés à filmer ces manifestations pro-Moussavi ou encore les petits affrontements suivis de scènes de fraternisation avec la milice islamiste. Si on remonte dans les articles consacrés à l’Iran pour les dates du 13 et 14 juin, il n’y a aucun article signalant des arrestations. Les premières arrestations ont commencé le 15 juin quand les Iraniens ont cru que le régime était dépassé et que c’était le moment pour eux de descendre dans la rue pour contester le pouvoir d’Allah. En agissant ainsi ils ont porté gravement atteinte au régime car ils avaient arrêté le processus de la révolution verte utile au régime à un moment où tous les yeux étaient braqués sur l’Iran. Téhéran a immédiatement coupé les communications avec l’extérieur en interdisant à la presse étrangère de couvrir la fin de cette journée du 15 juin, avant d’ouvrir le feu sur les manifestants tout en procédant à de nombreuses manifestations. Du 15 au 25 juin, pendant les 10 jours de soulèvement du peuple iranien, plus de 3000 personnes ont été arrêtées. C’est alors que l’on avait entendu parler pour la première fois du centre de détention de Kahrizak, en fait un hangar réquisitionné par les Pasdaran pour répondre aux besoins du moment. Dans la présente déclaration sur ce centre, Téhéran ne fait aucune allusion à ces personnes arrêtées dans des manifestations pendant le soulèvement, mais à des prisonniers arrêtés à une date ultérieure pendant un rassemblement du Mouvement vert le 9 juillet. Le régime veut effacer toute trace évoquant le soulèvement de juin. Là, il s’est occupé des prisonniers afin qu’ils passent aux oubliettes, il y a un mois la journaliste franco-iranienne Delphine Minoui, très proche du régime, en avait fait autant avec les blessés en les passant dans le camp Moussaviste. Quant aux morts, elle avait tout simplement émis des doutes sur le nombre avancé par les opposants au régime. C’est la méthode mormone : le régime convertit les morts (et les absents) ; il créé ainsi un passé pour son mouvement vert, mais il ne résout pas son vrai problème qui est de mobiliser une masse militante dans la rue derrière les Verts.
| Mots Clefs | Réformateurs & faux dissidents : Le Mouvement Vert | | Mots Clefs | Institutions : Désinformation et fausses rumeurs | |