Iran : La foule revient enfin avec un slogan anti-régime 31.07.2009 L’opposition hostile aux mollahs avait appelé à des rassemblements populaires dans 30 villes iraniennes à l’occasion d’une commémoration religieuse pour Neda. Cet appel a été entendu ! Le 30 juillet devait être une journée à risque pour le régime des mollahs : on arrivait au 40ième jour après la mort de Neda, journée de deuil dans la tradition chiite et iranienne. Les mollahs qui ont eux-mêmes utilisé des manifestations religieuses pour entretenir la ferveur révolutionnaire en 1979 ont décidé de neutraliser tout projet de rassemblement pour éviter la formation d’une procession hostile. Moussavi et Karroubi, les deux chefs de l’opposition dans le cadre démocratique du régime, ont appelé à un rassemblement statique sous leur bannière dans la grande mosquée de Téhéran portant le nom du fondateur du régime : Khomeiny. En réponse à cette tentative maladroite de récupération, les opposants à l’origine du soulèvement de juin dernier ont appelé les habitants de Téhéran à se réunir sur 5 des principales places de leur ville pour perturber le trafic et ainsi montrer la capacité de la rue à défier le pouvoir. Le régime a répliqué en deux axes. Acte 1 : Moussavi est revenu pour reprendre la main : il s’est dit convaincu que la protestation reprendrait sous peu. En annonçant le retour de la contestation, il s’est prétendu comme son initiateur avec l’arrière-pensée de jouer sur l’effet dissuasif (si vous sortez, j’en récupère les bienfaits). Acte 2 : le régime a annoncé la libération prochaine de toutes les personnes arrêtées pendant le soulèvement pour casser la nécessité de manifester. L’opposition a répliqué par la publication des récits des conditions de détention, des photos prises dans les morgues et un programme complémentaire étendu à l’ensemble du pays. Le régime a annoncé l’interdiction de tout rassemblement y compris la séance de lecture de coran proposée par Moussavi dans la salle de prière de la mosquée Khomeiny. Mais, il ne s’est pas contenté de cela, le mercredi soir il a déversé ses milices en tenue de combat dans les rues des villes citées dans le programme pour intimider les habitants. Les miliciens avaient l’ordre de parader et de multiplier les contrôles pour se rendre le plus visibles possible (ci-dessous, ce matin à Téhéran).
Les Iraniens se sont relevés après un mois d’inaction sur un appel de l’opposition et non une demande des Verts, du Moussavi ou encore de Rafsandjani. Ils ont par ce choix prouvé que Moussavi n’était pas leur candidat et que son projet islamico-réformateur n’était pas le leur. Ils ont même trouvé le slogan pour le crier :
. Ce slogan (ci-dessous) fait référence à un célèbre slogan des partisans de la révolution islamique de 1979 : « Liberté, indépendance, république islamique ». Le remplacement de l’adjectif islamique marque leur hostilité au régime et à la révolution islamique.
La réaction du régime a démontré la justesse de cette atteinte : il a décidé de mettre sur pied un plan de sauvetage de Moussavi et de l’autre soi-disant modéré Karroubi ! Les deux hommes ont été expédiés au cimetière Behesht Zahra pour réciter des prières sur la tombe de Neda en présence annoncée (mais fausse) de la mère de la défunte. On a alors prétendu qu’ils auraient été empêchés par des méchants miliciens, mais secourus par leurs partisans vêtus verts. Les images tournées sur place ne montrent rien de tel : la foule n’est pas verte et il n’y a nulle trace de miliciens.
Les images parlent d’elles-mêmes : les rues sont pleines, les trottoirs aussi, les slogans fusent et comme en juin dernier, les automobilistes accompagnent le mouvement par des concerts de klaxons comme après une victoire au Mundial !
Pour en savoir + :
| Mots Clefs | Résistance : Manifestations hostiles au régime |
| Mots Clefs | Enjeux : Changement de régime |
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