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Iran : Moussavi change de front !
15.07.2009

Mir Hossein Moussavi, candidat malheureux à l’élection présidentielle du 12 juin, va créer un rassemblement de partis politiques réformateurs pour poursuivre son action contre Mahmoud Ahmadinejad, a annoncé mardi son principal collaborateur. Cela ressemble à une sortie honorable d’un processus de contestation programmée et voulue par le régime qui est devenue incontrôlable et dangereux pour le régime.



Le 13 juin dernier, Moussavi a contesté les résultats de l’élection présidentielle avec la complicité de tous les médias du régime. Dans la foulée, le régime a invité en Iran plusieurs équipes des grands médias Occidentaux pour leur offrir un spectacle de manifestations urbaines en faveur de Moussavi, manifestations réalisées avec un retrait volontaire des bassidjis. La France était représentée à ce show par Manon Loizeau.

Téhéran espérait que cette contestation qualifiée de démocratique allait pousser les Occidentaux et surtout Obama à prendre le parti de la contestation démocratique, ou révolution verte, qui avait trois objectifs occultes. Ahmadinejad aurait perdu toute légitimité, ce qui aurait bloqué les négociations pendant 4 ans. Ce soutien aurait également cautionné Moussavi, un candidat qui a les mêmes programmes nucléaire et régional qu’Ahmadinejad et finalement, le régime aurait pu destituer Khamenei et mettre à sa place un guide populaire, ce qui aurait renouvelé la légitimité du système religieux au pouvoir.

Les choses ne se sont pas déroulées ainsi selon les espérances de Téhéran car non seulement, les Occidentaux n’ont pas été dupés, mais encore les Iraniens ont profité du retrait ponctuel des bassidjis pour descendre massivement dans les rues pour contester le régime. La réaction a été immédiate : les miliciens jusque-là peu présents ont ouvert le feu et le pays a été plongé dans 10 jours qui ont passionné le monde.

Le régime a paniqué tout comme Moussavi qui a désavoué publiquement toute contestation du régime avant d’approuver l’ordre du feu dans une lettre ouverte co-signée par Khatami.

Après 10 jours, le régime a réussi à mater le soulèvement. Il a alors repris la suite de sa contestation qualifiée de démocratique, sa révolution verte. Le 1er plan pour engager Obama en faveur de Moussavi ayant raté, le régime a changé d’approche en diffusant des rumeurs d’arrestation voire de pendaison du candidat battu, mais il a encore écopé d’un échec car il n’y eut aucun geste de soutien en faveur de Moussavi.

Il tenta alors un 3ème plan de sauvetage en autorisant à nouveau des manifestations pour prétendre l’existence d’une base populaire qui légitimerait son candidat révolutionnaire, ce qui a encore échoué le jeudi 9 car en dehors des manifestations orchestrées par le régime, il n’y a pas eu de slogans en faveur de Moussavi, ni de ralliement avec les manifestants cautionnés par le régime.

C’est alors que l’on entend parler de la création d’un Front de tous les partis réformateurs pour agir dans un « cadre légal » contre les « dérives radicales des intégristes » et pour obtenir l’annulation de l’élection d’Ahmadinejad. Au même moment, des tracts distribués à Téhéran ont appelé les Iraniens à manifester massivement après le sermon de vendredi officié par Rafsandjani en présence de Khatami et de Moussavi. Voilà un front qui ne manque pas de fraîcheur ! A défaut d’un soutien social fort, on essaie de faire de Moussavi le grand chef de l’opposition !

Ainsi, le patron occulte du régime, Rafsandjani, continuera ses projets de contestation utile de la légitimité d’Ahmadinejad et de Khamenei, mais en prenant doucement ses distances avec cette révolution verte qui est devenue incontrôlée et contreproductive.

C’est une triste fin pour la révolution verte, mais n’en doutons pas, le régime soignera le lancement de ce projet de substitution à savoir le Front démocratique de Moussavi. Le nom Front fait référence à Mossadegh qui plait aux Occidentaux. Ce front nouveau pourrait déclarer sa création le jour de l’investiture d’Ahmadinejad pour enflammer les esprits comme le veut Téhéran.

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