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Iran : Une révolution de velours au sommet
16.08.2008

Très récemment, à l’occasion de la nomination d’Ali Kordan, le bras droit de Larijani, comme nouveau ministre de l’intérieur en Iran, nous vous avions signalé un possible remaniement au sommet du régime des mollahs avec une destitution progressive de Rafsandjani et un renforcement de Larijani. Loin de s’avouer vaincu, Rafsandjani a œuvré en coulisse pour empêcher cette nomination et se réaffirmer comme le patron du régime et le seul interlocuteur possible avec les américains.



Kordan a obtenu le vote de confiance du Parlement islamique. Mais il se peut qu’après la contre-attaque de Rafsandjani il soit contraint de quitter son poste et de renoncer à toute carrière politique, privant ainsi Larijani d’un précieux collaborateur connaissant très bien les services secrets, les médias, la propagande et surtout le ministère du pétrole et son service des exportations, chasse gardée de Rafsandjani. Le tandem Larijani-Kordan aurait été capable de devenir l’interlocuteur idéal pour Washington qui souhaite conclure un accord avec le régime pour utiliser la force de frappe des Pasdaran-Hezbollah dans le sens des objectifs américains en Asie Centrale et dans les régions musulmanes de la Chine.

La Pasdarisation du régime a pris un coup. Sans Kordan, Larijani est privé d’efficacité opérationnelle et redevient un ambitieux qui doit se contenter du rôle de pion de Rafsandjani et du siège éjectable de président que ce dernier lui proposait. Pire, après son coup d’Etat interne raté, il risque d’être privé du mandat présidentiel pour lequel Rafsandjani avait donné son accord.

La déstabilisation de Kordan | Tout a commencé avec le site d’information Alef.ir qui a remis en cause le doctorat honoraire obtenu par Kordan à Oxford ! Ahmadinejad, le premier, a écarté tout licenciement pour dire son mépris des doctorats. Mais Alef a consulté le site d’Oxford et découvert qu’aucun doctorat n’avait été attribué à Kordan !

L’affaire est devenue sérieuse. Du jour au lendemain, un millier de sites et de blogs iraniens ont repris l’info et se sont mis à se moquer de Kordan, n’hésitant pas à publier un photomontage de Kordan accompagné de ses meilleurs amis à Oxford, qui ne sont que Laurel et Hardy.

Kordan a publié une lettre d’attestation et Alef a traduit le texte, affirmant que cette lettre est bourrée de fautes d’orthographe et de grammaire et expliquant qu’il s’agit d’un faux grossier, doublement preuve de l’inculture de Kordan « le faussaire » !

Bien que l’inculture et les faux doctorats soient le trait commun des dirigeants du régime, en peu de temps, Kordan « le faussaire » est devenu la risée de l’Iran entier pour sa tricherie et ses méconnaissances en anglais !

Finalement, Kordan a été achevé par une lettre officielle de la direction de cette université britannique qui confirma les points de vue de ses adversaires. Les britanniques auraient pu rester neutres, mais ils ont pris position en faveur des adversaires du tandem Larijani-Kordan, afin de saboter toute tentative d’entente irano-américaine qui les priverait de leur réseau en Iran.

Le site Alef appartient à un certain Ahmad Tavakoli, lui-même détenteur d’un doctorat bidon d’une université anglaise. Tavakoli (un cousin de Larijani, mais qui ne fait pas parti de ses chouchous) a roulé pour et contre tout le monde : il s’est fait une spécialité d’attaquer les différents dirigeants pour obtenir un poste ou une faveur.

Quoi qu’il en soit son action de sniper a profité à Rafsandjani qui n’a rien dit sur le sujet, observant un mutisme peu coutumier. Mais ses amis l’ont aidé : ainsi Chahroudi, l’inamovible ministre de la justice, a officiellement annoncé la fermeture du site Alef pour diffamation. Mais le site et les news sur Kordan n’ont jamais été censurés : l’annonce de la censure a seulement cherché à amplifier l’affaire. Au point qu’aujourd’hui, Tavakoli (député de Téhéran) exige que Kordan (le ministre de l’intérieur) « s’excuse pour sa tricherie, démissionne et se cherche une autre occupation » !

L’affaire éclabousse également Larijani qui a œuvré à la tête du Parlement pour obtenir le vote de confiance pour la nomination de Kordan. Larijani a été obligé de demander une enquête parlementaire sur « le faussaire » et pourrait même être obligé de chasser lui-même son ami Kordan !

Entre temps, Rafsandjani est resté muet, mais pas inactif. Il est parti à Mash’had pour rendre visite à un des fondateurs du régime, Vaez Tabassi, que l’on nomme le Sultan de Khorassan et qui jouit, comme tous les vieux mollahs fondateurs du régime, d’immenses privilèges. Ce voyage avait pour but d’informer son vieil ami (membre du Conseil de Discernement) qu’il serait sans doute le prochain sur la liste des jeunes loups comme Larijani et Kordan.

Depuis Mash’had, Rafsandjani a fait trois déclarations fondamentales qui complètent l’œuvre de déstabilisation du tandem Larijani-Kordan.

La première déclaration insiste sur la valeur du système politique du régime basé sur le clergé et le guide suprême. Rafsandjani a expressément affirmé que le régime était celui du clergé et de la charia. Rafsandjani a rappelé que le clergé comprenait que les affaires de l’Etat devaient être gérées par des technocrates (comprendre les Pasdaran), mais que d’après son expérience des affaires d’Etat et des affaires religieuses, ces technocrates ne pourraient se substituer au clergé qui reste le garant de la conformité des lois avec les règles de l’islam. En d’autres termes, oubliez vos rêves d’entente avec Washington sur notre dos !

La seconde déclaration est une confidence faite à son ami Vaez Tabassi : Rafsandjani a laissé entendre qu’il avait promis au guide suprême de ne pas interférer dans les affaires du gouvernement pendant un certain délai. Selon lui, après trois ans, ce délai est révolu !

Finalement la troisième déclaration est plus personnelle : dans une conversation publique avec Vaez Tabassi, il s’est demandé quelle pouvait être la punition définie par la charia pour un homme ayant triché lors d’une élection ou dans les affaires de l’Etat ?

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

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Kordan est toujours à son poste. Mais Rafsandjani semble moins déprimé que la semaine dernière, même s’il n’a pas encore gagné cette bataille dont dépend son avenir, mais aussi sa vie et celles des siens.

Pour vaincre, il compte sur ses alliés, c’est-à-dire de tous les vieux mollahs fondateurs du régime et de leurs familles. Néanmoins, il est clair qu’il y a une guerre ouverte au sein du régime entre les vieux mollahs fossiles et les jeunes loups en treillis. Tant mieux, qu’ils se déchirent !

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| Mots Clefs | Résistance : Menace contre le régime |
| Mots Clefs | Institutions : Démocratie Islamique |

| Mots Clefs | Mollahs & co : Larijani & jalili |

| Mots Clefs | Mollahs & co : Rafsandjani |
| Mots Clefs | Mollahs & co : d’autres mollahs... |

| Mots Clefs | Enjeux : Garanties Régionales de Sécurité : le DEAL US |

| Mots Clefs | Pays : Grande-Bretagne |

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