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Iran : Le dialogue à guichet fermé !
02.09.2007

Ouf, tout va bien en Iran, Delphine Minoui, la porte-parole du régime des mollahs, est de retour ! C’est étrange, chaque fois que des jeunes Iraniens vont danser au bout d’une corde dans une pendaison publique, Minoui revient avec des articles culturels et des formules répétitives pour dépeindre un régime des mollahs en mutation permanente qui n’existe que dans les récits des plus fervents partisans du régime des mollahs.



En juillet 2002, un jeune homme du nom de Payam Amini était pendu publiquement à Téhéran et le régime lui-même avait diffusé les images de son exécution. L’événement avait pétrifié la ville, abasourdi les jeunes car en l’espace d’une semaine, plusieurs autres jeunes ont suivi Payam pour mourir sous les yeux de leurs amis et de leurs compatriotes. Cette semaine sanglante de juillet 2002, Minoui avait écrit un article sur l’ouverture des salles de gyms à Téhéran et avait précisé que tout le monde ne parlait que de ce changement essentiel au pays des mollahs.

C’est ainsi que Minoui a façonné un Iran imaginaire pour les lecteurs bobo de Télérama avant de continuer son œuvre de propagande chez le Figaro. Un Iran imaginaire peuplé de jeunes pro Khatami et de femmes en quête d’une nouvelle liberté. Cette nouvelle liberté n’a jamais existé pas plus que les femmes qui l’incarnaient. C’est ainsi que des centaines de milliers de français n’ont jamais su que sous la présidence de Khatami 27 personnes ont été lapidées, que 27 familles et amis ont assisté au supplice d’une mère, d’une sœur, d’une fille, d’un père ou d’un frère, imaginant son corps et sa tête fracassés par des jets de pierres. Pourtant, dans d’autres pays, la presse s’agitait et les journalistes, principalement des Allemands, travaillaient pour informer les occidentaux de la fausseté des mollahs supposés modérés. Il y a eu même des publications dans la presse iranienne où Khatami et ses collaboratrices insistaient sur la nécessité du port du voile et de l’application de la lapidation.

Mais Minoui ne sévissait pas seulement au Figaro pour dissimuler cette vérité sur l’Iran, elle est devenue au fil des ans la consultante des journalistes français de la Télé en visite en Iran. Elle a ainsi contribué à formater les documentaires français sur le sujet.

Dans tous ces documentaires, on parle invariablement : des femmes libérées de l’ère Khatami, des femmes heureuses, des étudiantes épanouies, des sports chics (le ski ou le golfe), de la drague, et des opérations du nez.

Dans aucun documentaire, il n’a été question d’opération pour vendre un rein ou une cornée, ni des 85% d’iraniens vivant en dessous du seuil de la pauvreté, ni de l’absence de droits pour les Iraniennes répudiées par leurs maris ou divorcées ou encore de celles issues des couches défavorisées qui pour survivre vendent leur corps pour 2 à 20 dollars. Les urgences humanitaires ne manquent pas quand on parle de l’Iran et la plus évidente de toutes est la loi en vigueur depuis 1979, loi qui considère qu’une fillette de 9 ans est une femme. Il est de ce fait criminel de ne pas avoir parlé de cette loi qui a dépénalisé la pédophilie et brisé la vie de centaines de milliers de fillettes.

Pourtant, d’autres journalistes Européens ont fait des documentaires où l’on voit cette jeunesse désenchantée et sans destin. Chez les autres, on voit les femmes partir faire le tapin avec leur petit enfant dans les bras, on voit les drogués totalement défoncés. Mais rien n’a été vu en France grâce au reformatage Minoui, pour un format à guichet fermé. Elle s’y est opposée car ces vérités allaient à l’encontre de son Iran imaginaire et modéré de l’ère Khatami. Elle a préféré laisser des fillettes se faire violer plutôt que de renoncer à quelques jobs bien rémunérés. Imaginez qu’elle a été responsable d’une collection sur la jeunesse iranienne aux Editions Autrement mais qu’elle n’a jamais parlé de la pédophilie dépénalisée, ni des exécutions d’enfants en Iran !

Dernièrement, elle a poursuivi son œuvre de désinformation en publiant les « Pintades de Téhéran », un livre bien immonde dans la droite lignée de ses écrits précédents. Un livre où elle évoque les ressemblances entre les Iraniennes et des Londoniennes ou des New Yorkaises.

On croit rêver car les Iraniennes n’ont aucun droit, ni celui de se déplacer, ni de travailler ou d’entreprendre des études sans l’autorisation du mari (même lors d’un mariage temporaire) et quand elles sont célibataires, il leur faut l’autorisation d’un tuteur qui peut être un père ou un frère ou un mollah (qui au passage se fera payer en nature) !

On ne sait quoi dire devant tant de mauvaise fois d’une femme qui compare l’Iranienne à une Londonienne. On ne sait que penser devant tant d’efforts déployés pour que personne ne puisse imaginer la détresse des Iraniennes, du moins celles qui ont 8 ans et sont dans la hantise d’être vendues par des parents pauvres. Alors quelle n’a pas été notre surprise quand nous avons entendu Mohammad Reza (dit Robert) Chahid, le correspondant de la Voice of America faire l’éloge du professionnalisme de Minou ! Mais il est vrai que la chaîne américaine a également embauché par intermittence cette menteuse par choix.

En termes de mensonges délibérés ou mensonges par omission ou formulations à double sens, les articles de Minoui ressemblent beaucoup aux rapports d’El Baradei, les deux reflètent les attentes des mollahs. Dans le cas d’El Baradei, ce dernier déclarait, il y a 3 mois que les progrès nucléaires des mollahs étaient tels qu’il était déraisonnable de leur demander une suspension de l’enrichissement, il recommandait le dialogue pour trouver un compromis sur le droit à l’enrichissement. À présent que cette approche a échoué, il affirme le contraire et recommande toujours la poursuite du dialogue.

Dans le cas de Minoui, elle a encensé pendant 8 ans Khatami, l’homme de dialogue selon Téhéran. Et à présent, il accompagne les efforts du régime des mollahs pour faire un bouc émissaire d’Ahmadinejad afin de ressusciter Khatami. C’est le formatage Minoui. Tout est écrit pour finir sur la même conclusion : Khatami était meilleur, il était modéré.

Mais il n’y a pas de lien entre les articles qui finissent par cette conclusion unique. Ainsi dans le cadre de la diabolisation d’Ahmadinejad, elle a beaucoup écrit sur les mauvais traitements infligés à des fashion victimes (les Pintades inexistantes) ou à des étudiants (islamiques mais démocratiques), mais on ne trouve pas trace de ces victimes dans l’article sur l’orchestre symphonique. Pourtant ils auraient eu leur place dans ce récit. Mais ce n’était pas possible : le jeune a un rôle très précis dans les articles de Minoui, il est pro-Khatami, jeune, gominé, voituré, riche, branché rock ou techno. Mais comment Minoui s’est-elle sortie de cette impasse ?

Le concert classique s’est joué « pour un public entièrement iranien » , mais à « guichet fermé » . Dans son article, Delphine Minoui précise que c’est bien la première fois qu’un spectacle se donne à « guichet fermé » à Téhéran. Minoui vieillit et se répète. Le 24 novembre 2005, elle avait écrit la même chose à propos d’un spectacle de danse « A travers les nuages » d’un certain Amir Reza Kouhestani : selon elle, il avait joué « à guichet fermé pendant 15 jours ».

On est curieux de savoir qui assiste à ces spectacles ? 85% des Iraniens vivent en dessous du seuil de la survie. Ce public n’aurait pas pu être composé de mélomanes fonctionnaires : ils sont trop pauvres, de l’aveu du régime, 85% des jeunes n’ont rien pour vivre, et si on croit les documentaires et écrits des journalistes français, les 15% restant se divisent en deux groupes : les super croyants branchés lectures coraniques et les super-gominés branchés techno qui se baladent dans des autos hors de prix transformées en Macoumbas roulantes… Restent les mollahs, les Pasdaran, les sœurs de Zeynab (bassidjis femelles) ou les bassidjis, et on ne les imagine pas vraiment vibrant au son de Brahms.

Le concert est un coup médiatique à l’approche des sanctions contre l’Iran : le régime veut dire que l’Iran est un pays qui a soif de dialogue et non soif de sanctions. Le guichet fermé est une technique de paiement pour des artistes méprisables comme Kouhestani ou Michael Dreyer qui se rendent en Iran et ne parlent pas des violations des droits de l’homme afin de dépolitiser leur approche artistique. En échange de leur déplacement médiatique, le régime achète toutes les places et le spectacle se joue à guichet fermé. Dreyer a obtenu 10 dates de concert, mais Kouhestani avait fait mieux avec 15 dates. Même dans d’autres domaines, le régime pratique le système à guichet fermé : Renault en sait quelque chose !

Delphine a accepté le défi de raconter le déplacement de cet orchestre en Iran en gommant les aspects choquants de l’affaire comme elle en a fait autant depuis 1997 avec les lapidations, les pendaisons publiques, les amputations de l’ère de Khatami, ou encore avec cette hideuse loi dépénalisant la pédophilie.

Dans le récit de Minoui, l’obligation du port de voile pour les musiciennes allemandes est réduite à ses aspects fonctionnels : « ce n’est franchement pas pratique » dit l’une des musicienne et une jeune joueuse de harpe, d’origine suisse, reconnaît que ce « n’est finalement pas si strict que ça puisqu’on peut laisser dépasser des mèches ». Avec un bémol : « Quand il fait chaud, c’est franchement pénible » (Cette fameuse mèche qui dépasse, aussi présente dans la BD de Satrapi et chez Patrick Banon).

C’est le style Minoui ; réduire le signe de la soumission de la femme iranienne à une gêne de confort. Évidemment, dans ses conclusions, elle a aussi eu un mot pour Khatami, ce modéré, et aussi un clin d’œil pour la joie de vivre et la soif de culture des Bazaris de Téhéran !

Tout est codé pour plaire au régime : on flatte les Bazaris (ces pourvoyeurs de fond de la révolution islamique et du clergé des mollahs depuis 1860), on réhabilite Khatami, le lapideur. On souligne l’utilité du dialogue.

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

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Pauvreté, drogue et prostitution

un documentaire allemand à l’attention de Michael Dreyer et ses musiciens

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