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Iran : L’affaire de l’homosexuelle interviewée par Shargh
07.08.2007

Une depêche de l’AFP nous révélait hier que les mollahs avaient ordonné la fermeture du grand quotidien modéré Shargh pour avoir publié une interview d’une militante homosexuelle. L’affaire mérite un décodage.



Tout d’abord, la correspondante de l’AFP a Téhéran qui a écrit cette dépêche est Hiedeh Farmani, un élément très complaisant avec le régime des mollahs : en mai 2006, nous avions remarqué une de ses dépêches, dans laquelle elle racontait le projet de loi sur la création d’un uniforme islamique uniquement du point de vue du régime, allant jusqu’à prétendre que les iraniennes plébisciteraient une telle loi. Dans cette dépêche, au lieu de parler du Parlement Islamique, Hiedeh Farmani parlait du Parlement Iranien. C’est la marque de fabrique des journalistes pro-régime : utiliser le mot « IRAN » à la place de « République Islamique d’Iran ».

Dans l’affaire qui nous concerne, Hiedeh Farmani ne parle toujours pas du régime des mollahs mais de l’IRAN. Avec Hiedeh Farmani, nous sommes les deux pieds dans le politiquement correct made-in mollahs. Elle écrit : « L’Iran a fermé pour la seconde fois en moins d’un an le grand quotidien modéré Shargh... »

Ce quotidien n’a rien de réellement modéré, mais son existence est censée prouver l’existence des courants modérés ou réformateurs au sein du régime des mollahs. Ainsi le régime autorise puis cloture des journaux afin de mettre en scène une lutte permanente entre les modérés et les non modérés. Et des journalistes comme Hiedeh Farmani sont censés raconter les malheurs de cette presse réformatrice afin que le monde entier assimile l’existence en Iran des modérés entourés des non modérés.

Shargh n’est pas un quotidien modéré car il défend Rafsandjani (il appartient d’ailleurs à ce dernier). Et Rafsandjani est le plus corrompu des mollahs d’Iran, l’homme qui a déclaré que l’on pouvait raser Israël avec une seule bombe nucléaire, l’homme qui a commandité le plus grand attentat anti-sémite de l’histoire et tous les meurtres des opposants iraniens en exil. Mais si on ne rappelle pas le bilan de Rafsandjani et le bilan des silences de Shargh sur ses forfaits, oui dans ce cas, Shargh peut être considéré comme un quotidien modéré. Mais dans ce cas, on ne parle plus du régime des mollahs mais d’un Iran fictif.

C’est pourquoi, l’interview accordée par cette soi-disant homosexuelle devient suspect. Aucun opposant n’accepterait d’être interviewé par un journal associé à un homme coupable de tous les meurtres et sous mandat d’arrêt international pour crime contre l’humanité.

Mais Saghi Ghahreman, une poétesse iranienne installée au Canada et membre fondatrice de l’association de la défense des droits des gays et des lesbiennes, a accepté d’être interrogée par ce quotidien qui emploie de ex-barbouzes du régime comme ce Saïd Leylaz qui avait été le n°2 du ministère des renseignements sous Khatami. Sous le régime des mollahs, le n°2 du ministère des renseignements est chargé de l’Effacement des opposants (élimination des opposants - ndlr).

Les mollahs ont d’ailleurs trouvé la solution magique pour recycler leurs déchets des services de rensignements : ils en font des journalistes réformateurs. Nous avons signalé ce détails car le nom de notre homosexuelle du jour est lié à l’un d’eux, c’est-à-dire à Akbar Ganji.

Le cas de Ganji est hilarant : cet ex milicien violeur des prisons des mollahs, puis agent des Pasdaran au Kurdistan, s’est métamorphosé en journaliste anti-Rafsandjani, il a écrit un livre sur la corruption de cet homme et son rôle dans des meurtres d’ opposants. Suite à ces articles, il a fait de la taule et puis on ne sait comment, le régime lui a donné un visa : il s’est alors installé aux Etats-Unis, et à présent il dit partout que Rafsandjani est un modéré et la seule chance du régime ! Nous avons été le premier site à souligner les contradictions dans le discours de Ganji, des mois avant qu’il n’affiche ouvertement ses idées pro-régime. Il a ainsi déclaré le 6 juin 2006 que la république islamique d’Iran n’était pas un régime fasciste.

« L’Iran n’est pas un régime fasciste et totalitaire comme l’était celui de Staline ». Notez au passage, l’usage du mot « IRAN » au lieu de République Islamique d’Iran : cet usage réglementé pour les personnages pro-régime conduit Ganji à dire des ânneries car l’« IRAN » n’est pas un Régime mais un Pays, mais cette ânnerie mise à part, c’est à Moscou lors de la remise d’un prix pour la liberté de l’expression que Ganji a déclaré que le régime des mollahs n’était pas un régime fasciste.

Et c’est là que nous nous heurtons au personnage de Saghi Ghahreman, car cette soi-disant lesbienne militante a apporté son soutien à Ganji un mois après cette phrase polémique. On trouve d’ailleurs le nom de cette femme dans 2 pétitions, toujours en faveur des faux opposants du régime ; en 2000 en faveur d’un mollah nommé Eshkevari et en 2006 aux côtés de Ganji pour la défense de 3 autres : Ali Akbar Moussavi Khoeni, Ramin Jahanbegloo, et Mansour Ossanlou. Son ami Arsham Parsi, le fondateur de l’assocation des gays et lesbiennes d’Iran, a également soutenu Ganji malgré ses liens avec le clan Rafsandjani et son absence de condamnation des pendaisons d’homosexuels.

Saghi Ghahreman et Arsham Parsi sont les nouveaux vecteurs de communication du régime des mollahs. Le vecteur Queer ! Les mollahs s’emparent de tous les thèmes médiatiques et créent des contrefaçons.

Ainsi Saghi Ghahreman et Arsham Parsi ne parlent pas de la situation des gays ou lesbiennes en Iran mais ils se calquent sur le discours des mouvements occidentaux gays et lesbiennes car leur objectif n’est pas de parler des problèmes des gays en Iran (absence de prévention contre le sida, accès au soin pour les MST, traitement des homos séropositifs), mais de laisser entendre qu’en Iran même la situation politique est telle que l’on peut mettre en place une structure associative pour demander des droits pour les gays.

Ce discours séduisant a ses défauts : son objectif est de prouver la réformabilité du régime et non son horreur. Ainsi Saghi Ghahreman et Arsham Parsi qui vivent au Canada et ont un budget illimité pour leurs voyages n’ont jamais dans aucun de leurs déplacements dans différentes conférences ou rencontres évoqué la situation du sida en Iran. Ce mouvement n’a pas d’existence et son discours est faux. Nous avons d’ailleurs été nous mêmes témoins de leur inefficacité dans le cas de Hamid, l’homosexuel iranien qui était en France depuis 1 an et demi et qui était sur point d’être expulsé. Ce dernier nous a affirmé qu’il ne connaissait pas ce mouvement en Iran et que pendant son séjour mouvementé en France, ce mouvement ne s’est pas manifesté pour médiatiser son cas (en contactant Act Up). Ce que nous avons fait. Et nous pouvons ajouter que malgré nos appels vers Arsham Parsi ce dernier n’a pas contacté Hamid.

Ces mouvements bidons ne sont pas là pour venir en aide aux homos fugitifs ou encore pour parler du sida en Iran, ils sont là pour se placer entre la réalité iranienne et les médias étrangers et la liaison est faite par des dépêches écrites par les émules de Hiedeh Farmani.

Le mouvement fondé par Saghi Ghahreman et Arsham Parsi n’a jamais brillé par ses résultats, mais désormais sa réputation est faite grâce à cette fermeture spectaculaire de Shargh. Le seul résultat de ce mouvement est la participation d’Arsham Parsi à un reportage sur la vie des gays en Iran. Un film où l’on peut voir les gays qui se revendiquent actifs à visage découvert.

Le procédé ressemble au film Forbidden Iran, sur le mouvement estudiantin en Iran. Ce reportage, où l’on pouvait voir les visages des étudiants qui se revendiquaient hostiles au régime, a bâti la célébrité de Fakhr-Avar, un des plus célèbres faux-opposants iraniens, le dernier ami de George Bush ! On aura sans doute bientôt également des nouvelles de ces homos vus à la télé !

Quant à Saghi Ghahreman, on ne sait pas à quel moment elle est devenue une lesbienne. Jusqu’en 2003 dans ses poèmes, elle parlait de ses enfants et de sa sexualité d’hétéro (avec des détails hard qui ne laissent pas de doute sur ses orientations).

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Pour en savoir + sur le SIDA en Iran :
- Le nombre alarmant des séropositifs iraniens
- (1er décembre 2005 )

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