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Iran-Russie-France : cache-cache à trois !
12.12.2006

La France essaie de rédiger une résolution selon les demandes Russes avec l’espoir d’une adoption avant Noël. Ce n’est pas la première fois que l’état français agit selon les intérêts de l’état russe, mais la version précédente de cette résolution avait quand même échoué car les russes la trouvaient encore trop dure envers l’Iran et les américains la trouvaient trop molle.



Cette première résolution avait été concoctée avant les élections à mi-mandat aux Etats-Unis qui étaient censées transformer Bush en un président sans pouvoir. Malgré les titres revanchards de la presse française, le nombre de sièges obtenus par les démocrates à la chambre ne leur permet pas de s’opposer au veto présidentiel et au Sénat, les démocrates ont à peine la majorité. La première résolution française avait été concoctée pour gagner du temps et avoir les résultats des éléctions et depuis ces résultats ne laissent pas présager un changement de direction de la diplomatie américiane.

Pire encore, cette première résolution a été remaniée et reproposée à la veille de la publication du Rapport Baker dans l’espoir que les recomandations de Baker refaçonnent la politique américaine et la rendent moins intransigeante.

Finalement, la diplomatie française se résume à des approches anti-américaines ponctuelles en attendant un changment outre-atlantique, à présent on espère le départ de John Bolton ou l’arrivée aux commandes des Démocrates même si ces derniers n’ont pas les moyens de créer des nuisances à Bush. Ce faisant, la France continue à accorder de nouveaux délais aux mollahs et à leurs principaux partenaires stratégiques, les Russes.

La Raison de cette sympathie pour le diable Russe est la dépendance de l’Europe au pétrole Russe. Mais pendant ce délai, la Russie intensifie son partenariat économique avec les mollahs, s’implantant durablement en Iran et dans la région. Par conséquent, on ne peut se féliciter de cette approche du Quai d’Orsay car il contribue à renforcer les liens stratégiques entre l’Iran et la Russie tout en retardant l’échéance des sanctions.

Au final, quand les sanctions seront adoptées, les liens stratégiques et énergétiques entre l’Iran et la Russie pourront être préjudiciables à l’Europe et surtout à la France, et ce pour deux raisons :

:: : 1 :: : | En raison de ses liens stratégiques avec l’Iran, la Russie pourra, le temps venu, monnayer son ralliement aux Etats-Unis et même à une option militaire. Et la France n’a rien à y gagner.

:: : 2 :: : | Si les sanctions incitent l’Iran à négocier, c’est encore la Russie qui fera la meilleure affaire, grâce aux contrats stratégiques qu’elle établit en ce moment avec l’Iran dans ce délai accordé par la France. Les Russes s’inscrustent pour remplacer la Chine et le Japon qui ont pris leurs distances avec les mollahs. La France se fait donc la complice d’une main-mise russe sur l’économie iranienne. Il est prévisible que les Banques Russes aussi s’intéressent bientôt à l’Iran car de nombreuses banques internationales réduisent leur relations avec les mollahs, seules les françaises s’y refusent.

Pendant ce délai, l’Iran (le régime des mollahs) se garde de proposer de nouveaux contrats juteux à la France, car pour inciter ce pays à jouer son jeu, il est préférable de brandir la menace des représailles contre les intérêts français.

C’est pourquoi le petit jeu du Quai d’Orsay est plus préjudiciable à la France qu’aux Etats-Unis. De plus, il permet de renforcer la Russie sur un plan régional dans la région la plus sensible de la planète. L’Iran et la Russie détiennent ensemble plus de 50% des réserves mondiales de gaz, leur alliance stratégique sera une menace pour l’Europe qui déjà n’arrive pas à surmonter le nationalisme énergétique de la Russie… qu’en sera-t-il face à une alliance énergétique Iran-Russie qui contrôlera les route du transit du pétrole de la région Caspienne et du Golfe Persique ?

L’offensives Russes en Iran | Les signes ne trompent pas, Sergeui Lavrov, un des trois lieutenants du Tsar Vladimir, a salué la nouvelle version du projet de résolution en soulignant qu’elle « contient des changements sur la base des propositions russes, qui tiennent compte de la nécessité de pousser l’Iran à s’asseoir à la table des négociations et des tendances qui inquiètent l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) ». Téhéran refuse, les russes insistent, les sanctions sont retardées, entre temps, Poutine renforce les liens stratégiques et énergétiques avec l’Iran, ce que la France ne peut pas faire car elle n’est pas le voisin de l’Iran.

Ce même lundi, l’Iran et la Russie ont exprimé leur volonté d’accroître leurs échanges économiques, notamment dans l’énergie et l’achat d’avions. Le ministre des Affaires étrangères Manouchehr Mottaki et Sergueï Kirienko, le chef de l’Agence russe de l’énergie atomique Rosatom, en visite à Téhéran, ont annoncé la signature pour lundi soir d’un protocole de coopération. Les Russes ne perdent pas de temps et fidélisent le marché iranien avant son effondrement. Le pétrolier russe « Loukoil a entamé des discussions pour participer aux activités d’exploration du champ pétrolier d’Azadegan », a dit Kirienko.

Gazprom est aussi en discussion sur l’exploration, l’exploitation et le transport du gaz iranien. Et Lukoil Overseas a effectué des travaux de recherche géologique et confirmé l’efficacité de la production de pétrole sur le gisement d’Anaran. L’Iran a aussi évoqué la coopération en cours dans le domaine spatial pour le satellite iranien Zoreh (Venus), projet évalué à 132 millions de dollars, pour la construction et le lancement de ce satellite initialement prévu en 2006. Dans ce projet, les russes n’ont encore rien fait : Les mollahs s’achètent la protection des Russes avec ce genre de projet et les russes fidélisent le marché iranien avec des contrats dont le prochain régime aura du mal à se défaire.

Mais l’offensive des Russes sur le marché iranien va encore plus loin : La Russie et l’Iran ont convenu, toujours ce même lundi 11 décembre 2006, de créer un groupe de travail avec la participation de l’Arménie, de l’Azerbaïdjan et de la Géorgie pour interconnecter leurs réseaux électriques, a annoncé Kirienko. La coopération entre l’Iran et la Russie pourra s’étendre aussi dans le transport de fret.

Les Russes ne chôment pas et mettent à profit la désunion France-USA pour relancer un vieux projet qu’ils semblaient avoir abandonné. La Russie a rappelé sa proposition de créer sur son territoire une coentreprise d’enrichissement d’uranium, encore un projet pour doubler les Entreprises Européennes. Il se passait bien des choses intéressantes à Téhéran, ce 11 décembre, pendant que les caméras s’activaient sur la coférence de l’Holocauste et l’intervention de Faurisson saluée par la Télévision iranienne.

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Pour en savoir + sur la diplomatie française à l’ONU :
- Iran : Villepin prouve la constance de la diplomatie Française
- (14 novembre 2006)

Pour en savoir + sur l’axe Paris-Moscou :
- Le Monde | Nucléaire iranien : l’Elysée prône la prudence
- (6 novembre 2006)

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