Après la défection japonaise, les chinois ont joué la prudence et il semblerait que seuls les Russes aient relevé le défi, ce que nous avions exclu pour certaines raisons. Or, la Russie vient d’envisager Azadegan pour exactement les mêmes raisons qui auraient pu l’empêcher d’y investir… (lire l’article) En effet, la Russie vient de signer un important contrat de livraison de gaz jusqu’en 2030 avec la France et un autre contrat avec l’Italie, et désireuse de garder en priorité ses réserves intactes, ce pays semble intéressé par Azadegan.

Le projet avec les japonais a échoué car les mollahs voulait contraindre le Japon à se désengager auprès des Etats-Unis afin de ne pas appuyer les sanctions contre l’Iran. La Russie affirme ainsi son indépendance vis-à-vis des exigences américaines, mais sa situation économique est brillante et elle peut prendre une option sur Azadegan et ainsi avoir pied en Iran même en cas d’un changement de régime. Azadegan devient ainsi un investissement stratégique.

Les réserves du gisement d’Azadegan sont estimées à 26 milliards de barils, soit les deuxièmes plus importantes au monde. On pourrait y envisager une production de 260.000 barils par jour. Dans le projet initial, Inpex et Total étaient associés, mais rien ne prouve que le pétrolier français puisse partager quelques intérêts avec la Russie en Iran.

Sans un changement de régime, ceci est une mauvaise nouvelle pour les compagnies déjà fortement présentes en Iran (comme Total) car parallèlement la Russie semble porter un intérêt grandissant aux tubes iraniens : vers l’Arménie ou vers l’Inde. En cas de changement de régime, la Russie se débarrasse déjà de la concurrence du gaz iranien.

Encouragée par son adhésion à l’OMC après un accord soudain de Bush, la Russie pourrait se laisser tenter par un revirement diplomatique et apporter son appui à des sanctions contre les mollahs contre une part des marchés pétroliers iraniens. C’est peut-être là un signe avant-coureur de ce revirement opéré en vitesse avant l’arrivé aux affaires des amis de Brzezinski, le gourou de la diplomatie du parti Démocrate connu pour son hostilité à la Russie.

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