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Le Monde | Nucléaire iranien : l’Elysée prône la prudence
06.11.2006

Par Nathalie Nougayrède – Au moment où l’Iran est menacé de sanctions au Conseil de sécurité de l’ONU pour avoir refusé de suspendre ses activités d’enrichissement d’uranium, des discussions parcourent l’appareil d’Etat français sur la meilleure façon de continuer à traiter ce dossier.



Officiellement, la France poursuit à l’ONU des efforts diplomatiques visant à faire adopter un projet de résolution qu’elle a elle-même déposé la semaine dernière, aux côtés du Royaume-Uni et de l’Allemagne. Celui-ci prévoit des sanctions ciblant les secteurs nucléaire et balistique iraniens.

Mais, sans que cela ne se traduise par un changement dans la position officielle française, l’inquiétude augmente, à l’Elysée et au ministère de la défense notamment, s’agissant des conséquences que pourraient avoir la poursuite d’une ligne dure vis-à-vis du régime iranien et, a fortiori, la mise en place de mesures à caractère punitif.

Les craintes portent notamment sur le sort des soldats déployés dans le cadre de la Finul renforcée au sud du Liban, région dominée par le groupe chiite Hezbollah qui est soutenu par l’Iran.

Concernant le dossier iranien, « notre position est très proche de celle des Russes », dit une source dans l’entourage du président français. « Les Russes veulent gagner du temps. Ils veulent que toute mesure concernant l’Iran ne vise qu’à inciter ce pays à aller dans le bon sens ». A l’ONU, la Russie s’oppose au projet de résolution, jugeant qu’il « vise à isoler l’Iran ». Soutenue par les Chinois, elle négocie pied à pied des modifications qui atténueraient la portée du texte. Les tractations pourraient n’aboutir que dans « deux ou trois semaines », selon un diplomate français de haut rang.

Une source proche de la présidence française formule l’espoir que l’administration américaine opérera un revirement et explorera plus avant l’idée d’un dialogue avec l’Iran, en raison de la détérioration de la situation en Irak.

« Nous attendons les résultats des élections au Congrès américain », le 7 novembre, indique cet officiel français, « et aussi le rapport Baker », du nom de l’ancien secrétaire d’Etat américain James Baker, chargé de rédiger un rapport sur la situation en Irak, qui pourrait recommander un travail plus approfondi de Washington avec Téhéran et Damas.

On évoque aussi à l’Elysée un « créneau » au cours duquel l’Iran pourrait être incité à manifester plus de souplesse sur la scène diplomatique, alors qu’il a refusé l’offre de coopération que lui ont faite, en juin, les grandes puissances. Il s’agit de la période séparant les élections municipales de décembre en Iran et le mois de mars 2007, quand s’achève, dans le calendrier iranien, l’année en cours, au terme de laquelle Téhéran a indiqué vouloir se doter de 3000 centrifugeuses.

L’approche du président français consiste à ne pas presser le pas vers des sanctions qui seraient susceptibles de trop « mordre », et de maintenir la porte ouverte à un retour de l’Iran au dialogue. La résolution 1696 de l’ONU votée le 31 juillet prévoyait le passage aux sanctions si l’Iran ne suspendait pas l’enrichissement.

Exposés au Liban sud

La question peut se poser de savoir si cette position française s’accommode particulièrement de l’obstruction des Russes à l’ONU, qui cherchent à temporiser, dans la crainte d’une répétition du scénario irakien de 2003. Pareil calcul est démenti avec vigueur à l’Elysée.

M. Chirac s’est démarqué des autres dirigeants occidentaux en multipliant les appels au dialogue avec l’Iran, dont il a reçu un émissaire présidentiel en septembre à l’Elysée. Il a proposé en septembre qu’une suspension vérifiée de l’enrichissement cesse d’être un préalable à l’ouverture de négociations avec Téhéran.

Sur le fond, l’opposition du président français à toute perspective d’une nucléarisation de l’Iran ne fait pas de doute. M. Chirac s’est prononcé pour des sanctions « provisoires et réversibles ». Mais tout en faisant l’objet d’un traitement séparé, la question du Liban et celle du dossier nucléaire iranien ont des connexions difficiles à nier.

Dans ce contexte, différentes tendances s’expriment au sein du pouvoir et des réseaux diplomatiques français sur la politique qu’il convient de mener face à l’Iran. Les uns, qualifiés par une source de « pragmatiques réalistes », prônent une prudence particulière en tenant compte des enjeux régionaux. Les autres, tenants d’une ligne plus dure, ont surtout l’œil sur la question de la prolifération. « Nous sommes exposés au Liban sud, commente une source française, nous ne pouvons faire comme si de rien n’était. »

De plus en plus la France s’laligne sur les exigeances diplomatiques de la russie et du régime des mollahs et cette attitude n’est pas le signe d’une affirmation de la puissance française sur la scène internationale.

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