Iran : La semaine en images n°81 06.09.2009 Cette semaine, le régime attendait fiévreusement le résultat de la rencontre des Six à Francfort. Craignant des sanctions, il était prêt à simuler un désaveu politique du champion officiel du refus de dialogue, Ahmadinejad. Téhéran a aussi démarché les chinois pour qu’ils contrent une demande de sanctions. Finalement, les six ont parlé sans évoquer de nouvelles sanctions. Soulagé, le régime a validé son champion du refus de dialogue qui s’est aussitôt lancé dans des nouvelles provocations verbales vis-à-vis des Six. Images d’une semaine contrastée. En Iran, en raison du calendrier musulman, le jour férié est le vendredi. Par conséquent, le premier jour ouvré est le samedi, et le sixième et dernier jour de la semaine du travail est le jeudi. Mais étant donné que chez les mollahs, la vie politique est un spectacle destiné à passer des messages vers l’Occident, la semaine politique commence le lundi ! Info sur mesure | Cette semaine encore, le régime a commencé sa semaine politique un lundi avec l’examen des programmes des ministres par les parlementaires pour savoir s’ils allaient valider ou pas les choix ministériels du président. Dès le début, toutes les rumeurs et les bruits de couloirs évoquaient un rejet massif des ministrables pour incompétences ou manque d’expérience. Les médias occidentaux reprennent invariablement au mot près les dépêches envoyées par l’agence de presse iranienne IRNA. Personne ne vérifie jamais l’authenticité du contenu. Le fait est que ces ministrables venaient des rouages du système avec de longues années d’expérience dans les ministères de ce régime. Ils étaient donc loin de correspondre aux qualifications données par l’IRNA, l’organe officiel de l’Etat. En reprenant docilement cette désinformation délibérément diffusée par Téhéran, les médias occidentaux ont aidé le régime à crédibiliser le scénario d’un Ahmadinejad désavoué par tous, scénario imaginé pour simuler une crise de gouvernance, une vacance de pouvoir, avec des promesses de retour des modérés au moment où l’Etat iranien doit impérativement ouvrir le dialogue avec les Six afin d’éviter nouvelles sanctions. C’est là un schéma permanent du régime : quand il est en danger, il promet le retour des modérés. Cette semaine, le danger venait de la rencontre du mercredi 2 septembre entre les représentants des Six pour évoquer l’adoption immédiate de nouvelles sanctions. Le régime des mollahs est pétrifié à l’idée de nouvelles sanctions en raison d’une économie qui a toujours vécu sur l’arrivée de nouveaux investissements et se retrouve à l’agonie par la faute des sanctions américaines qui les bloquent. Les récentes déclarations de Nicolas Sarkozy ont donné aux mollahs l’impression que le 2 septembre allait être une journée noire dans son histoire. Ils ont donc lancé avec force la mascarade de la déferlante de rumeurs sur les incompétences des ministrables pour préparer le terrain à un désaveu généralisé d’Ahmadinejad, préalable nécessaire à un éventuel retour des modérés… Toutes les heures arrivait une déclaration d’un député sur un ministrable ! Il n’y avait que ces véritables âneries sur les pages entières de Google et Yahoo. Téhéran lançait les rumeurs qui étaient reprises dans chaque pays par des journalistes locaux, en France, Delphine Minoui, Vincent Hugeux, Marie-claude Descamps… Mardi matin, l’agence IRNA a publié un article sur le succès de l’opération (capture ci-dessous).
Au magique pays des mollahs, 286 députés ont chacun glissé 21 bulletins dans 21 urnes et ont procédé à deux recomptages et la publication des communiqués en un temps record de 2 heures ce qui ne correspond pas aux conditions de déroulement des faits selon les photos des agences iraniennes de presse. Pour l’anecdote, Larijani, le président du Parlement qui lisait les résultats avait du mal à lire correctement les noms des ministres. Cela s’entendait qu’il les découvrait pour la première fois, ce qui en dit long également sur les prétendues journées de débats.
Si les députés iraniens étaient non consentants, il n’en va pas de même pour nos bonnets d’ânes qui ont immédiatement adopté la nouvelle ligne d’info dictée par les mollahs pour produire chacun un article sur ce choix forcé qui rappelle le manque de légitimité d’Ahmadinejad.
Ces affaires ruinent le pays. Un exemple parmi tant d’autres est Ispahan. Les mollahs ont détourné les eaux de Zayandeh Roud, « la rivière nourricière » pour alimenter leurs cimenteries (immobilier oblige) dans la région d’origine de Khatami. Ispahan, le verger d’Iran est en faillite. Dans la ville, après avoir bétonné la zone historique, les mollahs ont décidé de faire passer contre l’avis des habitants une ligne de métro sous le Pont Si-o-sé Pol (2nde photo)classé au patrimoine de l’humanité. Pour calmer le jeu, ils ont annoncé un itinéraire décalé. Cette semaine, ils ont annoncé une erreur de calcul d’une société de forage allemand qui aurait finalement fait passer le tunnel sous les fondations fragiles de ce pont. On parle de fissures, d’effondrement… Les habitants d’Ispahan si choyés par le Chah qui ont jadis soutenu Khomeiny par ferveur religieuse s’en mordent les doigts…
C’est un point très nuisible pour la légitimité politique du régime. L’absence d’image de ferveur religieuse est aussi une menace pour sa légitimité dans le monde musulman. Pour éviter un gadin monumental, il vient d’ailleurs d’annuler trois jours de veille religieuse qui ont lieu chaque année sur le tombeau de Khomeiny pendant le mois du Ramadan. Toujours dans ses combines sans fin, ce régime qui carbure à la rumeur laisse entendre que la cérémonie a été annulée par le méchant Ahmadinejad car Moussavi et Khatami allaient mener les prières. Soucieux de donner de l’Iran l’image d’un pays religieux et pratiquant, le régime a concentré ses efforts là où il excelle : les médias. Il a organisé des soirées d’Eftar (collation pour briser le jeune) où il affiche côte à côte, des gens évolués comme les artistes en compagnie des mollahs emblématiques, comme le Guide ou encore le morveux Seyed Mehdi Khamouchi, mollah chargé de la propagande islamique du régime.
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