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L’Iran dément tout contact avec les Américains à La Haye
02.04.2009

A la Haye, le représentant des mollahs a serré la main de Richard Holbrooke, l’émissaire spécial des Etats-Unis pour l’Afghanistan et le Pakistan, au cours d’une rencontre fortuite à la pause déjeuner. Téhéran qui n’avait pas initialement démenti la poignée de main, a changé dès lors que les Américains ont parlé d’un dégel et d’un premier pas constructif fait par l’Iran.



Le « premier pas » reste l’objet de tous les désirs ! Dès son élection Obama a déclaré qu’il était « prêt à serrer la main des mollahs si elle n’avançait pas comme un poing fermé ». Sur Youtube, il a plus récemment invité les dirigeants de la république islamique d’Iran à faire le premier pas. Selon Washington, le premier pas doit être fait par les mollahs. Pourquoi ?

Pour des raisons hautement stratégiques, les Etats-Unis doivent nécessairement parvenir à transformer les mollahs en alliés coopératifs (soumis) pour désenclaver l’Asie Centrale et soustraire cette région riche en hydrocarbures de l’emprise de ses puissantes voisines, la Russie et la Chine. Ce changement sera un Jack-pot géostratégique, militaire et économique pour les Etats-Unis. Cependant, ils ne peuvent faire le premier pas en direction de Téhéran, car ils devraient alors faire des concessions : marchander les faveurs de Téhéran qui demande une reconnaissance d’un droit d’ingérence au Moyen-Orient via le Hamas et le Hezbollah, sinon il refuse tout dialogue donc toute entente sur l’Asie Centrale.

A la Haye, les Américains espéraient ce premier pas ou à défaut ils espéraient coincer les mollahs dans un processus de dialogue et de compromis, via une mission commune de surveillance de la frontière irano-afghane, une tâche spécifique qui aurait contraint les responsables iraniens à dialoguer avec leurs homologues américains. Mais Téhéran les a surpris en affirmant qu’il souhaitait aider les Afghans, mais ne voulait en aucun cas d’une coopération bilatérale avec les Américains basés en Afghanistan, « soldats étrangers qui sont à l’origine de l’instabilité dans ce pays ».

Malgré cette déclaration, le processus afghan est le seul moyen dont dispose Washington pour pousser les mollahs à dialoguer. Pour montrer qu’il n’a pas été déstabilisé par ce refus, Washington a décidé d’envoyer sa délégation au contact physique avec la délégation iranienne et Téhéran qui y a vu un premier pas américain, n’a pas refoulé la main tendue par Richard Holbrooke, l’émissaire spécial des Etats-Unis pour l’Afghanistan et le Pakistan. Cette main a été saisie par le représentant iranien, Akhoundzadeh.

Interrogé sur le sujet par l’agence IRNA, dans un premier temps Akhoundzadeh n’a pas démenti. Le démenti est venu quelques heures plus tard via le porte-parole du ministère iranien des affaires étrangères quand les médias étrangers ont évoqué un signe de dégel sur la base des déclarations d’Hillary Clinton évoquant une conversation ne concernant pas l’Afghanistan, c’est-à-dire un dialogue au sens large avec les Etats-Unis.

C’est alors que Mehdi Akhoundzadeh a également démenti l’affaire en insistant sur l’absence de possibilité d’un dialogue élargi, sans une invitation officielle des Etats-Unis. Dans sa déclaration, il a rappelé que les diplomates iraniens avaient rencontré à trois reprises à Bagdad leurs homologues américains dans un cadre officiel et sur une demande du gouvernement irakien.

« La politique de l’Iran est claire et sans équivoque. Nous ne refusons pas le dialogue, mais il y a une place pour chaque chose. Avant de venir à La Haye, l’Iran avait annoncé vouloir s’y rendre pour parler uniquement de l’Afghanistan et c’est ce qu’il a fait », a confié à la presse iranienne Akhoundzadeh. Dans le cadre de son déni de rencontre, il a également accusé la partie adverse d’inventer une situation pour en faire une exploitation abusive. Ce thème d’exploitation abusive est également présent dans les médias du régime.
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Malentendu | Il faut préciser que le sujet de conversation qui a fâché les mollahs était l’évocation de la détention par l’Iran des Irano-américains, un prétexte soft utilisé par Washington pour nouer le dialogue, sur un sujet simple et apolitique. Ce fait démontre l’énormité de l’incompréhension qui existe entre les Américains et les mollahs. Ces derniers avaient délivré un discours de refus de l’offre de coopération bilatérale d’Obama –discours dont ils avaient distribué le texte à tous les invités- : ils s’attendaient à un pas en avant des Américains, pas apparenté à une défaite sur le terrain afghan. Mais quand les Américains ont évoqué les Irano-américains, ils ont involontairement frôlé le concept du dialogue élargi et de fait la poignée de main devenait un pas en avant de Téhéran. Ce qui a déclenché les démentis en rafale avec les explications lourdingues sur le sujet restreint et la nécessité d’une invitation officielle par sujet de discussion. Les Américains seront plus prudents la prochaine fois.

Parallèlement, le contenu des démentis différés et la mention obsessionnelle du modèle de dialogue irano-américain à Bagdad témoignent de la divergence des objectifs entre Téhéran et Washington : les Américains espèrent inlassablement coincer les mollahs en les plaçant dans une situation de fait accompli de compromis pour ouvrir un dialogue plus large, alors que les mollahs se rendent à chaque rendez-vous dans une optique de faire admettre leur poids régional. C’est un processus stérile auquel s’ajoutent d’énormes problèmes d’incompréhension.

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| Mots Clefs | Institutions : Diplomatie (selon les mollahs) |

| Mots Clefs | Décideurs : Hillary Clinton |
| Mots Clefs | Enjeux : Rétablir les rel. avec les USA & Négociations directes |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : Afghanistan |