Cette hypothèse est renforcée par la présence au sein de l’administration Obama d’Hillary Clinton qui avait, au cours de sa campagne, évoqué un tel équipement pour Israël, mais aussi pour les alliés arabes des Etats-Unis.

Cette fourniture mettra fin aux menaces israéliennes de frappes préventives, menaces et surtout rumeurs de menace sans cesse utilisées par l’administration Bush pour influencer Téhéran à se montrer plus coopératif. Le scoop de Haaretz confirme également notre analyse : jamais depuis le début de la crise puis après l’invasion de l’Irak, l’Amérique n’a envisagé une attaque sur l’Iran, mais uniquement des pressions pour affaiblir son économie sans renverser son régime afin d’obtenir une entente avec ses dirigeants mollahs et leurs alliés miliciens (Pasdaran iraniens et Hezbollah libanais).

La fourniture de cet équipement rendra donc caduque la méthode d’intimidation par des rumeurs de frappes et elle éliminera de facto Israël comme un acteur de la crise avec l’Iran. De plus ce pays devra composer avec les armées arabes pour exploiter ce système de défense commune. C’est une forme de repli forcé d’Israël sur lui-même, sur son environnement immédiat. On peut donc parler d’une marginalisation d’Israël, d’une réduction sensible de son poids régional, d’un tournant diplomatique dans ses relations avec les Etats-Unis. Cette marginalisation imposée par la nouvelle administration est évidemment liée à son désir d’une entente plus privilégiée avec les mollahs et les Pasdaran.

Il y a cependant peu de risque que cette marginalisation forcée d’Israël provoque un vide qui serait comblé par les mollahs car ce rôle est fondé sur la soi-disant capacité des mollahs à nuire à la sécurité d’Israël. C’est le noyau dur de la menace iranienne. En accordant ce parapluie nucléaire (somme toute inutile) à Israël, Washington privera Téhéran de son atout dans son poker menteur et en même temps se débarrassera d’un allié privilégié gourmand en attentions.

C’est une brillante mesure, qui signe le retour de l’Amérique aux commandes dans tous les compartiments de la crise (et pas seulement l’initiative des sanctions), mais rien ne dit qu’elle débouchera sur une entente car l’entente proposée par Washington ne convient pas aux mollahs.

Cette mesure qui renforce considérablement le jeu d’approche de Washington a immédiatement fait réagir la Russie, l’autre pays pour qui une alliance avec les mollahs est vitale. Lavrov, le ministre russe des affaires étrangères, a mis en garde contre toute « ingérence dans l’arrière-cour de la Russie » et ce pays a souhaité renforcer ses liens pétroliers avec l’Iran, mais aussi avec l’OPEP. L’Amérique élimine les intermédiaires pour revenir au premier plan, mais cela relance aussi la guerre froide.

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