Ce tir qualifié de dissuasif a déclenché une nouvelle polémique qui n’a pas lieu d’être car si le missile en question avait une portée de 2000 km, il aurait dû tomber en dehors des frontières iraniennes, ce qui n’est pas le cas.

Ce tir est une réponse aux invitations indirectes lancées par l’équipe d’Obama aux mollahs via des articles de presse dans le Washington Post ou le New York Times.

Le régime des mollahs ne veut pas d’invitations indirectes ou encore d’un rôle de faire valoir dans la diplomatie américaine, mais il veut la même impunité dont il a joui avant la chute de l’Union Soviétique et dans les années suivantes avant l’arrivée au pouvoir de Bush et la relance du projet Arc de Crise qui entend rétablir l’hégémonie américaine de la Méditerranée jusqu’à l’Océan Indien.

Parallèlement à ce tir de missile qui prétend pouvoir nuire aux troupes américaines en Irak, Ahmadinejad a déclaré dans un déplacement régional que la république islamique ne tolérait pas de manque de respect à son égard. Le régime reste ferme sur ses positions pour obtenir ce qu’il appelle des « garanties de sécurité », termes désignant un pacte de non agression américaine à son égard et à l’égard de ses miliciens de la région : le Hezbollah, le Hamas ou encore l’Armée du Mahdi en Irak.

C’est une nécessité vitale pour les mollahs, c’est pourquoi ils n’hésitent pas à friser les lignes rouges pour obtenir ces fameuses garanties. C’est d’ailleurs un jeu de plus en plus dangereux : il y a deux semaines, Téhéran négociait une entente avec l’administration sortante et il était protégé par la possibilité d’une entente pré-électorale. Cette assurance anti-guerre n’existe plus et même si les mollahs tablent sur l’impopularité d’une nouvelle guerre ou encore sur l’importance vitale pour Washington d’une alliance avec le pack mollahs-Pasdaran-Hezbollah, ils n’écartent pas pour autant la menace d’un bombardement américain des centres de pouvoir et des casernes.

Conscients du danger de ce genre d’attaque punitive qui pourrait donner des ailes à une population très hostile, les mollahs ont commencé à déployer dès la semaine dernière des miliciens armés dans les rues. Il y eut d’abord les très jeunes miliciens armés de Kalachnikov qui ont défilé pendant la journée de l’écolier, et depuis deux jours, le régime a instauré la Semaine de la sécurité à Téhéran.

30,000 miliciens mobiles (en auto ou en moto) ont été déployés dans tout Téhéran : Des formations de 10 miliciens de noirs vêtus sont installées à chaque carrefour pour surveiller, notamment le bazar, et font des rondes 24h/24 dans leur secteur, appuyés par 4.000 véhicules militaires et 50 hélicoptères. La relève arrive par des convois longs de 2 à 3 kilomètres. Le régime a également annoncé l’installation des caméras de surveillance dans toute la ville.

Pour compléter l’ambiance d’intimidation, le régime a diffusé sur le net des images soi-disant volées qui montrent des miliciens en train de tabasser violemment un civil : un voleur présumé, battu, dénudé, étranglé.

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

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En réalité, les images ont été tournées par les miliciens eux-mêmes et on entend en début de la séquence l’un des barbus qui demande à un autre de s’écarter pour le laisser filmer. Cette vidéo maison a été diffusée par les Activistes iraniens des Droits de l’Homme, un blog soi-disant anti-régime, spécialisé dans la diffusion via Youtube des rumeurs utiles pour le régime. Leur blog est d’ailleurs domicilié par le réseau blogfa, un hébergeur (.com) basé en Iran et géré par le régime des mollahs.

De nombreux iraniens ont remis en cause la tentative délibérée d’intimidation dans cette vidéo, mais elle fait néanmoins son chemin dans les médias grâce à des relais au-dessus de tout soupçon. En France, ce relais est Réza Moïni, le responsable pour l’Iran de Reporters sans frontières, un personnage dont nous avons déjà cité le nom comme relais pour la promotion des faux dissidents made in régime. [1]

Cette vidéo a fait son œuvre : les Iraniens ont sans doute plus peur, mais ils ont également encore plus de haine pour le régime. Cependant, l’heure de l’affrontement n’est pas encore proche, car Washington a encore tempéré après ce tir de missile pour éviter l’escalade fatale. Washington reste encore figé sur son projet d’entente, mais aussi sur sa stratégie de sanctions+offres de dialogue.

Même si cela n’est guère réjouissant pour nous Iraniens (avides d’en découdre avec les mollahs), ces derniers évènements sont quand même intéressants : le régime des mollahs est désormais sur la défensive. Il a peur à la fois d’Obama et aussi des Iraniens.

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| Mots Clefs | Institutions : Diplomatie (selon les mollahs) |