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Iran : Les dessous d’une victoire prévisible des « conservateurs »
26.04.2008

Il y a environ une semaine, les médias iraniens ont fait état des sérieuses critiques de l’ex-ministre de l’économie à l’endroit d’Ahmadinejad. Ce dernier étant un conservateur, il aurait dû être sanctionné –c’est la règle dans toutes les démocraties- pour ses erreurs et être battu par ses adversaires « non conservateurs » à savoir les soi-disant « réformateurs »… Or, selon toutes les agences de presse occidentales c’est le contraire qui arrive : le second tour des élections législatives devrait confirmer la solide majorité obtenue par les conservateurs au premier tour ! | Décodages d’une anomalie ! |



Cette victoire illogique tient au fait que le régime des mollahs n’est pas une démocratie mais un régime totalitaire qui utilise les instruments démocratiques (élections, Parlement, Président…) pour se donner un cachet populaire (au sens démocratique). Par l’intermédiaire des résultats des élections, il s’agit d’affirmer que le « peuple » plébiscite les choix politiques des « durs » du régime, notamment au sujet de son opposition à toute suspension de l’enrichissement nucléaire.

C’est parce que Téhéran veut persister dans cette voie de chantage nucléaire qu’il a programmé une « victoire plébiscite » de ceux qui incarnent cette politique, mais aussi une « victoire plébiscite » à l’attention des médias occidentaux. Ces résultats étaient donc incontournables pour le régime des mollahs. Nous avions d’ailleurs été parmi les premiers à signaler, avant le premier tour de ces soi-disant élections, que le régime souhaitait aligner au premier rang du pouvoir les Pasdaran qui incarneront cette tendance « dure » (voir l’article sur la Pasdarisation du régime).

Cependant cette conduite d’intransigeance nucléaire se trouve être à l’origine des sanctions économiques qui frappent l’Iran, dérèglent son économie et font s’envoler l’inflation, le chômage et le seuil de la pauvreté.

Normalement donc, les iraniens n’auraient pas dû revoter pour les « durs » , également nommés les « conservateurs », qui ont provoqué cette situation économique désastreuse. Comment expliquer au monde occidental cette victoire illogique des durs ? L’explication officielle est mince : cette victoire serait celle des durs qui ne partageaient pas les choix économiques d’Ahmadinejad !

L’origine de cette explication. Juste avant les élections, le ministre de l’économie a durement critiqué le gouvernement dans les médias ! C’est une situation inédite jamais rencontrée nulle part sur terre ! Ces critiques ont été ultra médiatisées en Iran comme une preuve de l’existence d’un courant dur qui incarnerait la volonté nucléaire, mais ne partagerait pas les choix économiques : un profil idéal pour expliquer la victoire des durs au second tour des élections.

Cependant, ne vous y trompez pas : peu importent les explications médiatiques, l’inflation reste la même depuis des années et cela fait des années que les iraniens ne votent plus. Ces mises en scènes et explications par profil idéal sont des constructions mentales pour rendre plausibles des résultats illogiques, mais préprogrammés des élections mises en scène par le régime. Il en va de même du taux de participation annoncé par le régime et repris par l’AFP : ils surprennent toujours les iraniens. Car parallèlement à cette explosion d’explications logiques, ni les agences de photo de presse du régime ni les journalistes étrangers en poste en Iran n’ont jamais pu diffuser des images de foules iraniennes prenant d’assaut les rues pour aller voter. En revanche, la même foule célèbre chaque année la fête « non islamique » de Sizdah Bedar bien qu’elle soit interdite par les mollahs.

Ces élections et ses résultats ne concernent pas l’Iran ou les iraniens, mais l’opinion internationale. Ce qui nous ramène au rôle joué par les correspondants de presse vivant en Iran qui sans exception ont une attitude complaisante à l’égard du régime à l’image de Delphine Minoui du Figaro. Elle a d’ailleurs participé à l’amplification des critiques sur la politique économique du gouvernement d’Ahmadinejad.

Quand la presse iranienne avait fait étalage des critiques de l’ex-ministre de l’économie à l’endroit des choix économiques d’Ahmadinejad, nous avions été l’unique site d’info à affirmer qu’il ne s’agissait pas de véritables critiques économiques, mais d’une mise en scène délibérément surmédiatisée liée au second tour des élections et censée expliquer d’une manière plausible la victoire des conservateurs modérés et pragmatiques du régime !

Mais quand la presse iranienne avait fait étalage des critiques de l’ex-ministre de l’économie, l’information a été reprise et amplifiée par les journalistes étrangers en poste à Téhéran (dont Delphine Minoui), mais sans aucune analyse : car évidemment, il ne fallait pas lier les deux affaires sinon le lecteur aurait (comme nous) soupçonné des manoeuvres électorales.

En fait, selon un modèle de propagande déjà rôdé à maintes reprises, ces analyses de presse (celles de Figaro, Libé, Le Monde) ont été livrées quelques jours après, le jeudi 24 à la veille de la date de l’élection, et chose incroyable, elles étaient toutes identiques.

Tous les articles évoquaient un peu Khatami, mais annonçaient la même victoire des durs pragmatiques (ceux qui seraient économiquement des pragmatiques) et tous évoquaient aussi la montée en puissance d’un certain Ghalibaf, un milicien des Pasdaran, figure de proue de cette tendance incroyablement idéale !

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Analyse des articles du Figaro et du Monde

Nous avons eu droit à un tir groupé du Monde, du Figaro et Libé [1]. Trois articles très similaires : les seules différences étant les intervenants et leur degré de flagornerie à l’égard du régime, ses pontes et les Pasdaran que les véritables dirigeants souhaitent désormais placer sur le devant de la scène. La palme de la flagornerie et de la propagande revient sans conteste à George Malbrunot. Il dresse des portraits charmants des voyous miliciens des Pasdaran et affirme même qu’ils auraient désormais pris le pouvoir en Iran. (« Les Pasdarans, nouveaux maîtres de l’Iran » ! )

Pour bien faire comprendre les proportions de cette mainmise, Malbrunot évoque en détail l’implication des Pasdaran dans les affaires et les trafics, mais il modère ces révélations par des avis de consultants objectifs tel que Bernard Hourcade ou encore un certain « Anis Naccache, un ancien activiste, reconverti lui aussi dans les affaires » !

Hourcade n’est plus à présenter, il est un lobbyiste actif du régime des mollahs, en revanche, Naccache est un terroriste libanais membre du Hezbollah qui vit à Téhéran une retraire dorée : envoyé à Paris en 198o, il devait assassiner Shahpur Bakhtiar mais n’a réussi à tuer qu’un des policiers français qui le protégeait et une voisine de palier !

Le consultant très spécial de Malbrunot se montre évidemment très indulgent avec les affaires mafieuses des Pasdaran. Avec Malbrunot, la presse propagandiste a recruté un élément qui apporte un souffle nouveau à ce genre d’activité par rapport à Delphine Minoui. Cette dernière semble démodée à côté de Malbrunot qui traîne avec la bande à Heisbourg, les lobbyistes pro-britanniques qui dans l’intérêt de la Grande-Bretagne stipulent une reconnaissance du régime via un dialogue avec ses dirigeants. Ainsi Malbrunot a interrogé un certain Amir Taheri, journaliste notoirement agent des britanniques qui estime que les américains ont tort d’avoir décrété : « Faire du business avec eux (les Pasdaran) c’est faire des affaires avec des terroristes ». Amir Taheri parle de « mauvais calcul », et préconise une « approche plus sélective » car selon lui, les Pasdaran ont au contraire fait reculer la corruption. Une déclaration dans le sens de la réhabilitation des Pasdaran afin de justifier des négociations en direct qui seront une reconnaissance de facto du régime.

Malgré les informations contenues dans l’article de Malbrunot, l’article du Monde a aussi un intérêt certain : Marie-Claude Descamps, la journaliste de ce quotidien à Téhéran, a fait également appel à un personnage iranien très connu comme Amir Taheri. Ce personnage est un « opposant iranien » basé à Paris : comme un perroquet dressé, cet homme dit les mêmes choses que Malbrunot et fait le même éloge du milicien Ghalibaf (Qalibaf).

Ce soi-disant opposant qui ne remet pas en cause la nature théâtrale des élections et institutions du régime est Karim Lahiji ou Lahidji, le vice-président iranien de la FIDH, compagnon de route des Moudjahiddines du peuple (OMPI) et de Khomeiny. S’il ne remet pas en cause les institutions faussement républicaines du régime c’est bien parce qu’il les a conçues lui-même en tant qu’auteur de la première version de la constitution islamiste du régime des mollahs ! Cela fait des années que Lahiji sert les intérêts des mollahs en se gardant de dénoncer la nature faussement républicaine du régime.

On retrouve son nom dans tous les coups fourrés du régime en France : il est à l’origine du projet d’invitation de Shirin Ebadi par la Mairie de Paris alors que cette femme n’a jamais dénoncé une seule des violations islamiques des droits de l’homme dans sa vie. C’est encore Lahiji qui a attribué à Marjane Satrapi le titre de l’ambassadrice des droits de l’homme alors que cette dernière n’a jamais pis part à une simple pétition pour dénoncer la lapidation… Satrapi a même déclaré que les mollahs n’avaient rien en commun avec les talibans. On ne s’étonne pas de le voir profiter de son interview pour glisser un mot d’éloge en faveur des fausses féministes de la Campagne d’Un Million de Signatures !

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Le régime des mollahs mène de front plusieurs projets de désinformation et ses lobbyistes sont tenus d’en parler aussi. Le grand intérêt de ces projets est leur complémentarité : l’arrivée des « durs » ouvre une ère de durcissement vis-à-vis des soi-disant dissidents. C’est du pain béni pour les fausses féministes et autres faux opposants du régime, une relance inédite de la « cohabitation permanente » !

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Pour en savoir + :
- Iran : La « cohabitation permanente » !
- (21 MARS 2008)

| Mots Clefs | Resistance : Lobby pro-mollahs en France et ailleurs ! |

| Mots Clefs | Institutions : Démocratie Islamique |

| Mots Clefs | Auteurs & Textes : Georges Malbrunot |

| Mots Clefs | Institutions : Parlement Islamique |

| Mots Clefs | Resistance : FAUSSE(s) OPPOSITION(s) |

[1Jean-Pierre Perrin (Libération) semble dépassé par Malbrunot : il a pondu un pauvre article un peu confus où il interroge son expert préféré, Saeed Leylaz, ex terroriste présenté comme économiste !