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Iran : Précisions à propos de l’inflation
20.04.2007

Une dépêche de l’AFP a fait hier état d’une hausse des prix en Iran, supérieure à 20% en rythme annuel. L’auteur de la dépêche avait consulté les experts et députés du régime des mollahs qui tous accusaient les sanctions internationales et aussi la politique du gouvernement Ahmadinejad. |Précisions |



Pourtant la politique économique du pays comme les autres orientations politiques du gouvernement sont définies par le Conseil du Discernement, organe créé sur mesure pour Rafsandjani afin qu’il puisse tout contrôler dans le pays. Effectivement l’économie iranienne va mal, mais premièrement, la faute en revient non pas à Ahmadinejad qui n’a aucun pouvoir exécutif mais à Rafsandjani qui s’obstinent à défier les Américains, et secundo, cette dégradation n’est pas le résultat des sanctions mais d’une panne des investissements.

Après avoir nié et même affirmé que l’inflation était maîtrisée à 15,1% (annoncé officiellement par la Banque Centrale), le régime laisse entendre que l’inflation atteint à présent 22,4%. On peut d’ores et déjà tabler sur une plus importante hausse car les mollahs mentent par principe et le problème est encore plus grave car depuis 1979, la république islamique a recours à l’injection de liquidités dans le marché. Ainsi quand il en a besoin, il fait fonctionner la planche à billets et imprime ce dont il a besoin pour financer ses dépenses avec de la fausse monnaie (des rials et même des dollars).

Les mollahs créent ainsi une inflation incontrôlable. Ces manipulations étaient plus ou moins masquées tant que les investissements affluaient vers l’Iran mais depuis août 2006, il y a eu un ralentissement des investissements au point que depuis octobre 2006 la Banque Centrale Iranienne ne publie plus aucune information afin de ne pas alarmer les économistes des groupes qui désirent investir en Iran. La situation doit être vraiment catastrophique pour en arriver là car cette absence de publication contribue également à un refroidissement des investisseurs.

C’est pourquoi le régime a encouragé « ses experts » à faire des révélations sur le taux de l’inflation (qui pourrait atteindre les 24%) et la masse monétaire qui augmenterait de 41%. Au passage, ces experts providentiels attribuent la paternité de ces hausses aux résolutions de l’ONU, aux sanctions bancaires américaines, les restrictions bancaires Européennes qui obligent l’Iran à payer des intérêts importants : ce qui se répercute sur les prix.

Bizarrement, ces mêmes experts attribuent également ces hausses des prix à Ahmadinejad. C’est inexplicable à moins que ces experts ne cherchent à désigner un bouc émissaire au lieu de pointer du doigt les patrons occultes du régime, patrons jamais remis en cause par un quelconque expert économique du régime. Ahmadinejad le frustre est parfait comme bouc émissaire et les économistes attitrés du régime des mollahs multiplient les critiques contre sa politique économique.

Mais qu’est-ce qui se passe réellement ? La planche à monnaie est plus que jamais en surchauffe, la corruption fait rage, et en plus de la panne de l’investissement, les mollahs doivent payer des rançons à leurs alliés et partenaires commerciaux, de préférence ceux qui siègent au Conseil de Sécurité pour acheter si possible leur bienveillance ou pour encourager les procédures dilatoires. Ainsi les mollahs ont déboursé des sommes pharaoniques pour s’assurer la coopération des Russes ou encore ils ont fait acheter en une semaine (et par des particuliers) l’ensemble de la production de Renault Iran soit 85,000 ventes en 6 jours : du jamais vu !

Et pourtant aucun des experts économiques du pays ne signale ces dépenses ou la corruption ou encore la panne des investissements. Tous, comme des moutons, répètent les mêmes explications identiques. Dans la foulée, une vingtaine de députés ont protesté mardi contre Ahmadinejad et « la hausse incontrôlée et infondée des prix des produits alimentaires, d’hygiène et de consommation ». Nous avons assisté à ce genre de manèges, il y a quelques mois, en Juin, puis en Octobre 2006 et ensuite en janvier 2007 Janvier 2007.

A des périodes précises, des experts ’économiques ou politiques) liés au régime diabolisent ce président sélectionné par le régime : la république islamique réutilise inlassablement les mêmes tactiques. Nous en avions parlé à plusieurs reprises quand les députés, des experts ou des étudiants avaient lancé des attaques très médiatisées (même en Iran) contre Ahmadinejad. Les mêmes avaient par la suite loué les réussites de l’Iran dans les domaines scientifiques et nucléaires.

Ceci est une tactique pour alimenter la thèse des divisions internes du régime. Pour chaque situation, les mollahs ont un modèle de communication. C’est leur déploiement qui déroute les occidentaux car il n’y a aucune logique politique. Voici le décodage rédigé en Juin 2006 et rien n’a changé en termes de tactique : une stratégie ponctuelle de réconciliation.

Extrait de l’article 3049| Cette mise en scène veut encore tromper les iraniens qui désirent que le régime abandonne sa ligne dure pour s’ouvrir à des négociations avec l’ouest. Le but de ces minables articles est de diaboliser Ahmadinejad et d’adoucir l’image de Rafsandjani. Tout dépend de la tournure des évènements : si le régime veut continuer à se montrer obtus, il continuera à mettre en avant Ahmadinejad qui est lui-même une production du clan Rafsandjani.

Et le régime se montrera obtus et exigeant si les Européens continuent à éviter les sanctions. Dans ce cas, les mollahs continueront à vouloir utiliser cette faiblesse pour exiger d’obtenir en plus le droit à l’enrichissement. Si, au contraire, le régime voit les sanctions se rapprocher dangereusement, il peut changer de direction et revenir à une stratégie ponctuelle de réconciliation et dans ce cas Ahmadinejad sera impropre à la tâche et il faudra un homme nouveau.

Or, le régime des mollahs n’a pas d’homme nouveau, il ne fait que recycler d’anciens islamistes révolutionnaires pour les refourguer comme des voitures maquillées par de géniaux ferrailleurs. Le problème avec ces « recyclés » est qu’ils ont fait enlever, torturer ou tuer des centaines d’Iraniens…

Mais entre temps les mollahs se sont aperçus que cette solution avait le désavantage de les priver d’un pion utile comme Ahmadinejad qui leur permet de tenter toutes les provocations (nucléaires ou antisémites) et ils ont alors commencé à chercher un plan qui permettrait à ce même Ahmadinejad d’apparaître comme un modéré.

Les mollahs ont essayé d’innover en prenant en otages des Britanniques puis en les faisant libérer par Ahmadinejad et aussitôt leurs lobbyistes ont pris d’assaut les médias US ou Britanniques pour clamer cette évolution politique d’Ahmadinejad ! Mais cette approche a échoué et bien malgré eux, les mollahs reviennent à ce scénario de diabolisation économique d’Ahmadinejad.

Mais toutes ces manigances sont quand même la preuve que le régime des mollahs s’attache à la forme et non au fond. Il refuse de cesser de défier les Américains pour calmer le jeu et attirer les investisseurs. Au lieu de ça, le régime des mollahs continue à vouloir brouiller ses adversaires, à laisser miroiter l’existence de modérés et leur retour prochain. Il a 2 objectifs :

- Faire espérer les occidentaux tout en continuant son bras de fer nucléaire avec eux,

- Stopper la fuite des investisseurs (parce que Ahmadinejad est provisoire, les modérés reviennent, tenez bon !)

Ce jonglage politico-stratégique alambiqué va coûter cher à l’Iran (hausse des prix et aggravation de la grande pauvreté) car les mollahs et leurs économistes auto-proclamés n’ont aucun objectif économique mais uniquement des objectifs politiciens.

Selon l’AFP, la bouteille de Coca-Cola familiale est passée de 6.000 à 7.500 rials (0.75 $) après le nouvel an, et le jus d’orange a doublé en un mois, pour atteindre les 20 $. Cependant, ce sont des produits qui ne concernent pas la masse des fonctionnaires et employés iraniens : l’AFP ment sur le salaire de ces derniers : ils ne gagnent pas 200 à 300 dollars mais 75 à 120 $. Les produits qui sont bannis dans les familles iraniennes sont : tomate, œuf, poulet, et bien sûr la viande rouge qui elle a disparu de leurs assiettes depuis des années... L’AFP comme toujours diffuse la version des mollahs et les chiffres du régime alors que ses correspondants vivent en Iran et sont témoins de la misère du plus grand nombre.

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| Mots Clefs | Fléaux : Pauvreté (et Disparité) |

| Mots Clefs | Institutions : Economie Iranienne |

| Mots Clefs | Institutions : Economies Parallèles |

| Mots Clefs | Auteurs & Textes : Selon l’AFP |

PS. Les experts économiques du régime parlent de tous sauf de la fierté nucléaire nationale (slogan du régime des mollahs). Parce que un peuple qui souffre de la misère ne peut pas être fier de ce qui provoque cette misère. Ces experts ont une vision très sélective, et la dégradation économique n’est pas nouvelle. En septembre 2005 déjà, nous avions consacré un article à ce sujet : Ladane Nasseri : Une Carrie Bradshaw au rabais...

Pour en savoir + sur le fonctionnement de l’économie iranienne :
- L’économie iranienne et le dernier choix des mollahs
- (29.12.2006)