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CHARLIE HEBDO : Ahmadinejad rêve de 1001 nuits avec Bush
23.12.2005

C’est plus qu’officiel, Mahmoud Ahmadinejad a définitivement rejoint le camp des négationnistes. Pour Kaveh Mohseni, journaliste iranien en exil, le président iranien cherche à pousser les Européens à la rupture, afin de n’avoir qu’un seul interlocuteur : Washington.



Le régime des mollahs a développé un système de défense unique au monde, fondé sur le terrorisme — ils s’en sont servis contre la France dans le contentieux nucléaire d’Eurodif. Surtout, il a repris à son compte le conflit israélo-palestinien, dont il contrôle l’issue depuis qu’il a réussi à chasser les Américains et la force internationale du Liban, en 1984. Mais jamais il n’a réussi à se faire reconnaître comme le principal interlocuteur des États-Unis dans ce conflit.

Or l’élément constitutif du régime des mollahs est de briguer le leadership du monde musulman -la bombe islamique sera un atout supplémentaire pour y parvenir. L’objectif est donc de pousser l’Amérique à des négociations directes. L’ingérence au Liban ou en Irak l’obstination nucléaire et les propos sur Israël sont des provocations qui trouvent un écho dans le monde musulman et font des mollahs le principal adversaire des Américains. Logiquement, d’adversaire unique, l’Iran espère devenir l’interlocuteur unique.

Cependant, jusqu’aux dernières élections, les Européens avaient du mal à envisager la possibilité d’une République islamique atomique et hostile. La raison : le discours mielleux de Khatami, le réformateur. Pourtant, à aucun moment la menace n’a cessé d’exister : les treize Juifs persécutés pour espionnage, Israël menacé d’anéantissement par bombe atomique, c’était pendant la présidence de Khatami... Il n’a d’ailleurs jamais cessé d’affirmer son soutien au Hezbollah. Khatami a fait traîner les négociations en longueur, cherchant à « fatiguer » la Troïka européenne (Allemagne, France, Grande-Bretagne). Ahmadinejad est sorti des urnes pour donner le coup de grâce aux négociations. Normalement, l’Europe aurait dû lâcher prise et demander l’intervention de Washington. C’est ce qu’attendaient les mollahs pour s’asseoir en tête à tête à la table des négociations.

Mais la Troïka s’accroche. Pas forcément pour des raisons politiques : l’Union européenne contrôle 51 % du marché iranien et achète du pétrole en « buy-back » (ce qui permet de diviser les prix par cinq). Depuis, Ahmadinejad multiplie les provocations pour venir à bout de l’Europe : démarrage de la conversion d’uranium, interdiction de visite sur les sites militaires, menaces de reprise d’enrichissement ou même abolition du buy-back. Rien à faire. Les mollahs se retranchent donc sur les sujets sensibles : Israël, la Shoah, les chambres à gaz.

La situation est donc la suivante : les mollahs veulent pousser l’UE à la rupture pour se retrouver seuls face aux Américains. Ces derniers traînent des pieds car ils redoutent ce face-à-face. Et les Européens s’accrochent lamentablement à leurs contrats commerciaux. Autant dire qu’Ahmadinejad n’a pas fini de vociférer sur « le mythe » du génocide.

KAVEH MOHSENI

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