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Iran : la semaine en images n°178 17.07.2011 Au cours des dernières semaines, les jeunes officiers des Pasdaran ont régulièrement boycotté toutes les manifestations officielles du régime notamment l’anniversaire de la révolution islamique, la journée de l’hommage à Khomeiny et enfin l’anniversaire de naissance de l’islam. Ils ont ainsi tourné le dos au régime et réduit le régime à ses dirigeants, les membres de leurs clans et quelques milliers de collaborateurs. Ces gens bien peu nombreux pour sauver le régime ont paniqué : ils se sont mis à vendre leurs actions pour acheter des dollars vidant les réserves en devise du régime à un moment où sous l’effet des sanctions américaines, ce dernier manque de revenus en devises. Les dirigeants du régime ont cherché à intimider les Pasdaran ou encore leurs collaborateurs qui les mettaient en danger. N’y parvenant pas, ils ont parlé de leur capacité balistique à attaquer les intérêts régionaux de Washington afin de le forcer à cesser ses sanctions. Washington n’a pas réagi car il ne veut pas d’une guerre : il veut juste épuiser les mollahs pour les forcer à céder la direction de leur régime agitateur à ses pions, les islamistes démocrates désireux d’exporter la révolution islamique en Asie Centrale chinoise. Dépité par cette esquive tactique américaine, samedi dernier (1er jour de la semaine en Iran), les mollahs ont évoqué explicitement une attaque en règle contre des pétroliers américains pour forcer Washington à hurler. Nous avions alors affirmé que Washington esquiverait encore, mais qu’en sortant des menaces floues, le régime allait effrayer les siens qui approuvent les bluffs tactiques, mais pas les propos susceptibles de provoquer une attaque fatale ou le renforcement des sanctions bancaires en vigueur au moment où ils cherchent à fuir avec leurs capitaux. Nous avions vu juste : les derniers collaborateurs hauts placés du régime ont commencé à liquider leurs actions, la bourse de Téhéran a chuté de 40% en un jour pour finir la semaine sans la moindre transaction ! Le régime a vécu sous le signe de l’urgence (à la recherche d’une solution pour sortir de la crise sans provoquer une plus forte panique). Cet état d’urgence a été renforcé par des revers dont le régime n’a pas parlé, mais que l’on voit sur les images de la presse iranienne. Voici une semaine de rebondissements, de revers et de désillusion. Le régime des mollahs a passé une sale semaine. Washington qui veut prendre le contrôle de cet agitateur pour déstabiliser l’Asie Centrale chinoise a été également sous pression. Le samedi 9 juillet, jour de la crise, le vassal régional de Washington, la Turquie, a annoncé la visite en Iran d’une délégation pour parler de nouveaux contrats pétroliers. C’est là une raison officielle pour sonder l’ouverture des mollahs à la proposition américaine d’un marché pour le transfert des pouvoirs vers les pions de Washington. L’annonce faite par Ahmet Davutoglu, la tête pensante du gouvernement islamiste et anti-laïque soutenu par Washington dans les médias internationaux a gêné les mollahs qui ne veulent pas céder le pouvoir. De peur que l’échec prévisible de la mission et (donc) l’absence de tout contrat n’aggravent la situation, ils ont commencé à s’écarter du langage de menace qui avait provoqué la crise. Le dimanche 10 juillet, cela semblait difficile car comme chaque année à cette date, le régime devait organiser une conférence très anti-américaine pour dénoncer l’« enlèvement de 4 de ses diplomates en 1980 à Beyrouth », une occasion pour évoquer de nouvelles menaces. Par la force des choses, le régime a oublié son devoir de provocation. C’est pourquoi l’affaire n’a pas été confiée à son principal provocateur Ahmadinejad, mais au ministre des affaires étrangères Salehi qui n’a nullement invectivé Washington, mais s’est adressé à Ban Ki-Moon pour demander mielleusement la « création d’une commission d’enquête à propos de l’enlèvement des 4 diplomates iraniens ». On l’a même vu très amical avec les représentants occidentaux invités à la conférence, une vraie révolution pour le régime.
Ahmet Davutoglu, le visiteur encombrant de Washington est arrivé dimanche soir. Le régime a tenté de résumer la rencontre à l’objet officiel de sa visite en l’accueillant par un haut responsable de la compagnie iranienne de pétrole. L’émissaire de Washington n’a pas commenté cet accueil. Il n’a pas parlé de pétrole, il voulait voir Ali Larijani qui, en sa qualité de membre influent du Conseil de Discernement, est considéré comme le patron du régime. Larijani qui est toujours en première ligne pour recevoir les visiteurs a envoyé le ministre des affaires étrangères Salehi (qui ne siège pas au Conseil de Discernement et de fait n’est qu’un simple exécutant) à la rencontre du visiteur non désiré pour le fatiguer et l’éconduire. A l’issue d’une rencontre de plusieurs heures, il n’a lâché ni un sourire ni une déclaration. Mais Ahmet Davutoglu, le super négociateur de Washington, n’a pas renoncé : on l’a alors envoyé à Ahmadinejad qui est aussi un simple exécutant. Mais sa patience a payé, il a finalement rencontré Larijani lundi soir. Son visage s’est enfin déridé.
Lundi, au lendemain du départ de l’émissaire de Washington, le régime a annoncé un grand défilé matinal de ses commandos anti-émeutes devant les commandants militaires de Téhéran. Les médias ont diffusé des extraits focalisés sur le passage des miliciens armés devant les commandants. © WWW.IRAN-RESIST.ORG
Cette première tentative matinale a été déstabilisée par la diffusion des photos du site, un petit stade presque vide.
Ce même lundi, le régime est devenu le meilleur ami de ses businessmen avec une multitude de gestes ou d’annonces économiques favorables aux affaires. Il a, par exemple, évoqué une forte augmentation de ses exportations pétrolières, plusieurs baisses du dollar et de l’or, un lifting de la monnaie iranienne avec la suppression de 4 zéros qui lui donnent l’aspect d’une monnaie en faillite, des mesures pour attirer les touristes en Iran. Ces annonces déjà entendues à maintes reprises n’ont pas convaincu les businessmen du régime. L’annonce sur le tourisme a même choqué tout le monde car le régime a détruit cette semaine un important site historique proche du Bazar de Kermân pour punir les bazaris en grève de cette ville.
Mardi, le régime a tablé sur la relance du dialogue pour rassurer les siens. Mais puisqu’il s’agissait d’un dialogue à ses conditions, sa tentative a échoué. Il était alors aux abois. Par malheur, quelques jours plus tôt, après le boycott de l’anniversaire de la révélation de l’islam, il avait annoncé que ce mardi 12 juillet serait désormais la journée nationale du Hijab, il devait aligner des gens en particulier des femmes dans les rues pour ne pas donner l’image d’un régime rejeté. Il n’est pas parvenu à mobiliser quelques manifestants, il a remplacé la manifestation par un symposium sur le Hijab qui a également été boycotté. Cette claque s’est ajouté au reste ! La situation allait certainement empirer avec le boycott quasi certain de l’anniversaire nocturne de la naissance de l’imam caché le samedi 16 juillet.
Pour cacher sa nervosité vis-à-vis de l’échéance du 16 juillet, il s’est mis à décorer les villes avec des animations nocturnes.
Pour restaurer rapidement et radicalement la confiance chez ses derniers collaborateurs, le régime a annoncé le lancement de la Bourse Iranienne du Pétrole insinuant l’arrivée d’une rivière de dollars étrangers sur le marché boursier iranien. Mais les étrangers n’ont pas investi sur le pétrole iranien car ils savent que le régime ne maîtrise pas la production. Les officiels ont attendu des heures sans voir un seul client. Les courtiers ont été priés de simuler une certaine activité pour évoquer le contraire. Les journalistes désœuvrés ont découvert que la bourse était boycottée depuis quelques jours.
Immédiatement, tous les médias du régime ont évoqué une interview accordée par l’ex-patron du régime, Rafsandjani, à l’ex-ambassadeur des mollahs en France où l’on évoquait la disponibilité du régime à entamer un dialogue avec Washington sur une base équitable. Enorme ! Mais (il y a toujours un mais avec les mollahs), nous ne sommes pas parvenus à trouver le texte original sur le site de l’ex-ambassadeur des mollahs en France et nous avons découvert que le texte n’était pas récent : cette offre écrite de reprise du dialogue datait du 18 juin 2011 à un moment où le régime avait collectionné les boycotts (surtout le rejet de sa fausse opposition interne, le Mouvement Vert) et se croyait totalement perdu. Washington n’avait pas vu l’offre ou n’avait pas accepté son offre afin de le laisser chuter davantage : le régime avait alors oublié cette offre pour se lancer dans ses récentes menaces. Pour convaincre Washington du sérieux de l’offre, on a mis Rafsandjani au centre de la vie politique avec diverses polémiques, tout en prenant le soin de parler d’une initiative personnelle pour marginaliser l’échec éventuel de la tentative face à Washington qui se montre irascible. Le vieux filou a joué à la perfection le rôle que l’on lui attribuait en se posant en victime franc-tireur.
Washington allait renouveler sa tentative du début de semaine via Ahmet Davutoglu. Téhéran qui avait rejeté le Turc n’a pas reculé et a même accepté joyeusement la visite de Zardari car celui-ci répondait à son initiative : le régime pouvait utiliser cette visite pour restaurer la confiance de ses associés paniqués dans ses chances à remontrer la pente. La semaine des revers et des désillusions touchait à sa fin. Ce samedi, une semaine après la crise provoquée par leurs menaces destinées à faire reculer Washington, les mollahs avaient Washington à leur pied : ils ont reçu Zardari en grande pompe et l’ont envoyé chez leur provocateur officiel Ahmadinejad et non chez Rafsandjani. Ils pensaient sans doute surprendre l’émissaire de Washington en posant des conditions au dialogue. Avant même de parler, le Pakistanais les a surpris en annonçant que pour lutter contre la contrebande, il comptait désormais ne plus investir de dollar pour leurs transactions lors des contrats en cours ou à venir, mais d’utiliser le rial iranien (monnaie artificiellement très fortement sur-évaluée) ! A l’annonce de la nouvelle des paiements en rials qui ne vaut plus rien, le visage d’Ahmadinejad s’est décomposé.
Conscients de l’échec de leurs efforts pour restaurer la confiance de leurs collaborateurs, les mollahs ont chargé Khamenei à riposter en parlant de l’hostilité de Washington vis-à-vis de l’Islam et du Pakistan.
Ce samedi, le régime a terminé la semaine en très petite forme en remplaçant les images d’un million de jeunes rassemblés à la gloire de son idole caché par des images d’un déluge de feux d’artifices et de décorations lumineuses sur le site de Jamkaran. Cette dernière série fort artistique a permis de voir que le site était presque complètement vide (photo n° 3 & 4). Le régime a commencé la semaine par un revers, il l’a terminée sur un revers encore plus grand. Il connaîtra d’autres revers et d’autres désillusions.
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