Accueil > News > Iran : Le régime agonise, ses amis se mobilisent !



Iran : Le régime agonise, ses amis se mobilisent !
12.03.2011

Il y a une semaine, le peuple iranien boycottait encore l’opposition officielle du régime des mollahs qui veut sauver le régime. Les Etats-Unis avaient alors tourné le dos aux Iraniens en apportant leur soutien à cette fausse opposition donc au régime car ils ont besoin de cet agitateur islamique pour déstabiliser l’Asie Centrale. Cette absence de soutien aux Iraniens n’a pas changé la donne : l’échec de la fausse opposition a convaincu les derniers collaborateurs du régime à prendre leur distance avant la première manifestation hostile au régime prévue pour le 15 mars. Cela a inquiété Washington. Il a proposé la reprise du dialogue pour geler de facto les sanctions qui pénalisent le régime. Téhéran n’a pas accepté car il ne veut pas de dialogue : cela l’obligerait à accepter un apaisement contraire à ses intérêts. Washington a laissé tomber cette piste, il vient d’autoriser un de ses partenaires européens à investir des dizaines de milliards de dollars en Iran !



L’Italie vient d’annoncer son intention d’investir 30 milliards de dollars dans des « secteurs non touchés par les sanctions américaines » ! Or, avec les sanctions américaines visant le système bancaire iranien, normalement, l’Italie ne peut investir dans aucun secteur du pays. Ces « secteurs non touchés par les sanctions américaines » n’existent pas. L’absence de réaction de la part des Etats-Unis laisse supposer un accord tacite de ce pays.

Tous les Iraniens sont choqués : certes, ils avaient compris que Washington ne cherchait pas à renverser les mollahs mais à les affaiblir pour les forcer à céder le pouvoir à ses pions, mais ils ne prévoyaient pas qu’il aille aussi loin ! Ces craintes sont compréhensibles, mais injustifiées pour trois raisons.

La première raison est que ce n’est pas la première fois que les Américains agissent ainsi. Ils l’ont fait à chaque fois que le régime a été face à un risque de renversement par des contrats fantaisistes généralement inférieurs à 1 milliard de dollars pour passer inaperçus. A chaque fois, Téhéran a empoché cette aide providentielle sans dire merci pour ne pas entrer dans un processus d’apaisement avec Washington car cela l’obligerait à cesser son soutien au Hezbollah et autoriser le retour en Iran des pions américains formés pour prendre le pouvoir de l’intérieur.

La seconde raison est que cette fois-ci, Téhéran ne peut même pas accepter car il dépendrait alors à 100% des Etats-Unis pour sa survie ! On lui propose une stabilité factice car elle peut à tout moment cesser sur une décision unilatérale des Américains. Cette offre est loin d’être une bouée de sauvetage, c’est plutôt une perche entre les mains d’un ennemi qui pourrait servir pour l’enfoncer. C’est pourquoi Téhéran n’a nullement péroré comme à son habitude après l’annonce faite par les Italiens à la presse iranienne à Téhéran. Pour résumer, si Washington n’aide pas les Iraniens, il n’a pas renoncé à ses objectifs.

Enfin troisième et dernière raison pour ne pas s’inquiéter est que le régime qui est contesté par tout le monde surtout ses miliciens et ses militaires ne peut même pas saisir cette perche dangereuse un court moment pour remonter un peu car l’effet souhaité n’est même pas garanti.

En effet, le régime a été privé de ressources depuis des années par les Américains pour qu’il accepte leurs exigences. Mais puisqu’il s’agissait de céder le pouvoir à ses ennemis, il n’a jamais accepté. Ce refus a poussé les Américains à sans cesse diminuer ses ressources. Le régime a rapidement manqué de moyens pour importer du kérosène, carburant nécessaire pour la production d’électricité. Il a alors été confronté à une importante baisse de production d’électricité qui a lourdement pénalisé l’industrie et l’artisanat. De nombreuses usines ou ateliers ont fermé, le chômage et la pauvreté ont augmenté, mais plus grave encore, ces pannes ont rendu le régime plus dépendant de l’Occident au moment même où il manquait de devises pour s’approvisionner chez les Occidentaux. Cette dépendance envers des alliés de Washington a mis le régime face à un risque élevé de pénurie : il a alors décidé de diminuer le pouvoir d’achat de tous les Iraniens pour les habituer graduellement à vivre avec presque rien afin d’annuler le risque d’un soulèvement.

Avant cette mesure, 85% des Iraniens vivaient sous le seuil de pauvreté. Après cette mesure, 98% des Iraniens sont passés sous le seuil de pauvreté (500 dollars par personne et par mois à Téhéran). Le régime a alors perdu le soutien des jeunes engagés dans ses milices pour échapper à la misère. Sa mesure a également ruiné le Bazar, un secteur employant plus de 2,000,000 de personnes.

De plus en plus affaibli par le manque de devise, dernièrement, après une sanction indirecte américaine visant sa production nationale de carburant, le régime a augmenté les prix de tous les carburants et de l’électricité, ce qui a entraîné une hausse générale des prix notamment le prix du pain et le mécontentement de 70 millions d’Iraniens.

La situation est explosive car parmi ces mécontents il y a 100,000 miliciens anti-émeutes, 400,000 Pasdaran, 300,000 militaires qui ont tous rompu avec le régime et près d’1,000,000 de vétérans de la guerre Iran-Irak qui ont été oubliés par les services d’allocations du régime depuis 20 ans, autrement dit, près de 2,000,0000 des mécontents savent utiliser des armes.

Dans ces conditions, le régime ne peut pas utiliser cet argent pour payer des salaires très élevés pour récupérer ses 100,000 miliciens. Ils seraient insuffisants pour contenir des millions de mécontents qui manquent de tout et savent se battre tout en protégeant les oligarques et les sites-clefs comme la télévision, les centrales électriques, les sites nucléaires, les ministères, les banques, les dépôts d’armes, les prisons, les pompes à essence et les dépôts de carburants. Vu la dangerosité de la mission, le régime aurait besoin d’une véritable armée de mercenaires de préférence étrangère, bien équipée et très mobile pour une protection rapprochée 24h/24 ! Cela a un coût très élevé. Le régime pourrait augmenter les allocations, mais une petite augmentation de 2 dollars par jour et par personne qui ne changerait même pas la vie des Iraniens lui coûterait 4,2 milliards de dollars par mois. En fait, sachant que l’offre est précaire, le régime devrait oublier ces solutions et garder l’argent, mais ce refus de partager provoquerait une explosion sociale.

Pour résumer, le régime doit refuser l’argent pour ne pas aggraver sa situation. Mais dans le même temps, en refusant, il montre que son cas est désespéré, ce qui encouragera ses derniers collaborateurs à le fuir plus rapidement.

En conclusion, on peut dire que Washington n’a pas rendu un bon service au régime en évoquant cette offre. Les Iraniens qui souhaitent renverser le régime devraient le remercier au lieu de le maudire.


© WWW.IRAN-RESIST.ORG
article complémentaire sur l’agonie du régime :
- Iran-Rafsandjani : l’Etat se fissure.
- (9 MARS 2011)

| Mots Clefs | Enjeux : Sanctions Ciblées en cours d’application |

| Mots Clefs | Décideurs : OBAMA |
| Mots Clefs | Enjeux : Apaisement |

| Mots Clefs | Resistance : Boycott (du régime ou du Mouvement Vert) |

| Mots Clefs | Enjeux : Italie |

© WWW.IRAN-RESIST.ORG