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Iran-Nucléaire : Changement de priorités, risques de conflits
14.01.2011

Washington sanctionne toujours davantage les mollahs afin de les contraindre à « négocier pour résoudre leurs problèmes ». Il entend utiliser la réconciliation pour revenir au pays avec ses pions islamistes qui espèrent prendre le pouvoir via une révolution de couleur. Sous l’effet de ces sanctions, Téhéran accepte le dialogue, mais il doit fuir tout terrain d’entente, d’où ses diverses provocations avant, pendant et après chaque rencontre. De préférence, il doit provoquer un conflit ouvert afin de pousser les Américains à reculer de peur d’en arriver à une guerre. Dans ce contexte, à quelques jours d’une nouvelle rencontre à Istanbul, Téhéran vient de lancer deux grands projets de conflit : l’accusation que Washington est à l’origine des attentats menés par des espions israéliens contre les savants atomistes iraniens puis une tentative de déstabilisation du Liban qui risque d’agiter Israël et déstabiliser la région. Attention ! Il y a matière à s’inquiéter. | Décodages |



Il y a une semaine, Téhéran a insisté sur la poursuite de l’enrichissement. Cette annonce n’a provoqué aucune crise. Les Six ont rappelé qu’il avait accepté une nouvelle rencontre à Istanbul. A présent, Téhéran vient d’accuser Washington d’être impliqué dans l’assassinat du spécialiste iranien de l’atome, le professeur Massoud Ali-Mohammadi. Téhéran avait presque agi de la même manière lors de la précédente rencontre avec les Six.

En effet, il y a un mois, sous la pression des sanctions américaines, Téhéran avait accepté la reprise du dialogue pour la troisième fois à Genève. Exactement une semaine avant le départ de son représentant vers l’Helvétie, il avait évoqué des attaques terroristes contre deux savants atomistes iraniens : Fereidoun Abbassi-Davani, cité dans les résolutions onusiennes, et Majid Shahrari, un enseignant mondialement reconnu qui ne travaillait pas sur le programme nucléaire iranien, mais en Jordanie sur le projet nucléaire Sésame initié par l’ONU. Majid Shahrari a été tué et l’autre homme, lié au programme et issu des Pasdaran, a été blessé. Le régime avait alors parlé d’« attentats américains visant les spécialistes de son programme nucléaire » alors que l’homme lié à son programme n’avait rien eu.

En fait, les mollahs ont éliminé un spécialiste en contact avec les Occidentaux et de fait capable de les renseigner sur leurs bluffs nucléaires afin de pouvoir évoquer un complot terroriste et avoir une raison absolue d’entrer en confit avec Washington ou du moins pour refuser le dialogue. Téhéran ne menaçait plus Washington pour provoquer une escalade, il se disait menacé pour déclencher le processus.

Ce changement de comportement a été dû à un changement de priorités. En effet, au cours des deux dernières années, en cherchant l’escalade à tout prix pour faire reculer Washington et ainsi sauver leurs privilèges, les mollahs avaient contribué à alourdir les sanctions. Leurs provocations n’avaient pas sauvé le régime, mais avaient malmené le peuple provoquant la rupture des miliciens issus du peuple. Les mollahs devaient lever le pied pour éviter plus de sanctions afin de préserver les derniers éléments fidèles. Cette contrainte les a amenés à imaginer des scénarii pour déclencher l’escalade sans tenir des propos ouvertement bellicistes. Dans ce contexte, ils ont parlé de la capacité défensive des missiles iraniens, ils ont utilisé la pression sur les Américains détenus en Iran et enfin ils ont évoqué « ces assassinats » pour évoquer une agression de Washington…

Washington n’avait pas tenu compte de cette accusation plutôt grossière aux allures de slogans anti-américains afin ne pas donner aux mollahs l’opportunité de provoquer une grande crise susceptible de le mettre en position de capituler.

En ignorant les mollahs, Washington a neutralisé leur argument de base pour refuser le dialogue. Au pied levé, Téhéran avait alors insisté sur son intention de produire du Yellow Cake, la matière première nécessaire à la poursuite de l’enrichissement car quelques années plutôt les Etats-Unis avaient attaqué Saddam quand ce dernier avait tenté d’acheter cette matière. Téhéran voulait agiter l’opinion et forcer Washington à s’engager dans une escalade. Washington a esquivé cette provocation en ne lui accordant aucune publicité médiatique.

Téhéran a alors été contraint d’envoyer son représentant à Genève. Sur place, ce dernier a insisté sur la production de matières nucléaires, mais il s’est surtout pointé avec un portrait du savant tué pour transformer la rencontre en scène de ménage afin de saboter toute possibilité d’une avancée. Washington avait encore esquivé en n’accordant aucune tribune à l’agent des mollahs.

Entre temps, le régime a perdu encore une partie de ses derniers fidèles. Il est à présent dans une situation très critique où il doit éviter tout écart pour éviter de nouvelles ruptures et un plus grand affaiblissement, ou au contraire, déclencher une très grande escalade. Les priorités du régime ont encore changé. C’est pourquoi il a revu le contenu de ses « provocations douces » ainsi que l’ordre de leur exploitation.

Ainsi, il y a une semaine, le régime a inversé l’ordre de ses deux provocations. Il a d’abord insisté sur la « production du combustible nucléaire » ce qui insinue la poursuite du programme nucléaire, voire des progrès nucléaires sans utiliser des mots explicites de « droits nucléaires » assimilables à une rigidité diplomatique susceptible d’aggraver les sanctions. Puis au début de cette semaine, il s’est focalisé sur une nouvelle version du « complot d’élimination des savants nucléaires iraniens ». On peut dire qu’il a défini une position de repli et son arme de pointe pour déclencher le conflit.

Cette fois, il n’est plus question d’une accusation grossière facilement réfutable par Washington, les mollahs se sont montrés plus imaginatifs, mais aussi plus méthodiques.

Lundi, les mollahs ont annoncé la capture de 10 Iraniens formés par Israël pour assassiner le savant atomiste Massoud Ali-Mohammadi. Ce dernier avait été tué en 2010 devant chez lui avant que Téhéran n’évoque le complot pour l’assassinat de ses savants atomistes. Ce savant travaillait aussi en Jordanie sur le projet Sésame et était susceptible de nuire à la politique nucléaire prétentieuse des mollahs.

Mardi, un des hommes capturés a été montré à la télévision pour expliquer les étapes de sa formation en Israël ainsi que les détails de la mise au point de l’attentat comme la création de la rue où habitait le professeur Ali-Mohammadi.

Mercredi, Téhéran a accusé Washington d’avoir de facto condamné à mort ses savants nucléaires en les plaçant sur la liste des résolutions qu’il adopte au Conseil de Sécurité.

Dans cette nouvelle version, les mollahs sont menacés, mais Washington n’est plus accusé de les avoir agressés : ils lui reprochent d’avoir moralement autorisé Israël à les attaquer. C’est une accusation de base du monde arabe. Téhéran doit impliquer les Arabes dans sa croisade pour forcer Washington à sortir de son esquive comme le loup de sa tanière. C’est pourquoi dans le même temps, sans dire un mot ou lancer des invectives, discrètement, Téhéran a renversé le gouvernement libanais via une démission collective des ministres du Hezbollah…

Les mollahs ont désormais entre leurs mains un grand pouvoir : celui de déclencher une petite crise ou une très grande crise. Tout dépendra de l’évolution de leurs priorités, c’est-à-dire l’évolution de leur situation interne au cours des prochains mois.

La capacité ou l’incapacité du régime à mobiliser ses partisans pour l’anniversaire de la révolution islamique (le 11 février prochain) sera un facteur important de cette évolution.

Etant donné que Washington est obnubilé par le maintien du système islamique afin d’avoir un allié pour agiter l’Asie Centrale, on ne peut espérer un ressaisissement de sa diplomatie, il serait salutaire que d’autres Etats aident l’opposition laïque et patriote représentée par Reza Pahlavi qui a le soutien du peuple afin de renverser ce régime instable (du moins au niveau de ses priorités) avant qu’il ne déclenche une nouvelle guerre au Liban pour résoudre ses problèmes.


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