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Iran : Signes d’un changement du côté américain ?
28.07.2010

Ce lundi, l’Europe a adopté de nouvelles sanctions contre les mollahs pour les inciter à négocier sur son programme avec les Six. Le même jour, Téhéran a fait savoir qu’il était ouvert au dialogue, mais uniquement avec le Groupe de Vienne sur un échange de combustible, une solution qui ne résout pas la crise. Il s’agissait bien évidemment d’une provocation. Le lendemain, Téhéran a redoublé de provocation en évoquant le dialogue avec les Six, mais à des conditions irréalisables. Téhéran veut le clash, la question est de savoir s’il va l’avoir ou pas ?



Il y a plus d’un an, Washington a proposé aux mollahs qui recherchaient du combustible nucléaire pour leur réacteur de recherche médicale de leur fournir ce combustible en échange de leur stock de 1200 kg d’uranium enrichi à 3,5% qui pourrait produire 20 kg d’uranium hautement enrichi nécessaire pour une bombe nucléaire. Washington, qui selon la doctrine Brzezinski a besoin d’une entente avec les mollahs pour affaiblir la Chine, ajoutait alors à sa guerre d’usure économique des conditions idéales pour un dialogue où le règlement de la crise devenait une base pour un réchauffement bilatéral. Mais la proposition n’a pas séduit les mollahs car tout apaisement avec Washington, protecteur d’Israël, les priverait du soutien de la rue musulmane au Hezbollah. Ils devaient refuser pour ne pas perdre leur capacité de nuisance terroriste qui est leur véritable force de dissuasion, leur assurance vie. Ils ont alors aligné les provocations en 2 temps (slogans menaçants suivis de tirs de missiles ou annonces de progrès nucléaires) pour engager Washington dans une escalade guerrière afin de refroidir les envies américaines d’entente, intimider les clients pétroliers du Golfe persique et aussi redorer son blason d’ennemi juré des américano-sionistes.

Cycles d’esquive | Dans l’optique de sauver l’entente, Washington avait alors esquivé ces provocations comme toujours avant de se rapprocher des Russes pour obtenir leur alignement sur ses positions en échange d’un abandon de l’ABM et d’un droit d’ingérence en Abkhazie. En ayant à ses côtés la France et l’Allemagne, il a ainsi créé une majorité favorable à son approche au sein du groupe des Six, ce qui lui a permis de proposer à nouveau son projet d’échange à l’Iran via les Six sans que la Chine ne puisse le refuser. La Grande-Bretagne, qui est le n°1 du marché pétrolier international grâce à BP, et qui serait une autre grande victime d’une entente pétrolière irano-américaine a également été neutralisée dans cette opération.

Cette fois, Téhéran était coincé. Lors de la rencontre Genève 2, il a accepté d’étudier la proposition avant de repartir dans de nouvelles provocations, mais cette fois des provocations spécifiquement axées sur l’échange. Il a ainsi refusé de livrer la totalité de ses 1200 kg de stock ou encore il a rejeté la participation de la France comme fournisseur de combustible pendant la rencontre à Vienne avec la coalition Etats-Unis+France+Russie où les parties devaient finaliser l’accord pour poser la première pierre d’un compromis. In fine, il n’a même pas pris la peine de répondre à la coalition qui a été baptisée le Groupe de Vienne et il est reparti vers d’autres provocations dans le même but de provoquer une surchauffe pour saboter l’entente.

Ces derniers ont toujours esquivé ces provocations fondées sur des tirs de missiles ou des menaces de fermeture du détroit pétrolier d’Ormuz. Les autres protagonistes ont aussi évité toute escalade pour éviter de se retrouver dans l’obligation d’adopter des sanctions qui frapperaient leurs propres intérêts en Iran. Le régime a alors changé d’axe pour des provocations en deux temps, mais plus tactiques : il a ainsi accepté la reprise du dialogue (comme hier) en affirmant qu’il envisageait l’échange de 1200 kg de son stock, mais à un moment où il avait doublé ce stock. C’est ce que l’on peut appeler la provoc à base d’une mauvaise foi assumée et ricanante. Dans un premier temps, personne n’y a prêté attention. Par la suite, Washington, qui est toujours à la recherche d’une entente, a demandé à ses alliés, la Turquie et le Brésil, de signer un accord sur cette quantité avec Téhéran pour montrer que les mollahs pouvaient se montrer coopératifs. Il a ainsi créé une nouvelle coalition hors des Six.

Les Etats membres du groupe des Six qui avaient été écartés du processus des négociations ont rejeté l’accord et ont plaidé en faveur de nouvelles sanctions pour restaurer leur pouvoir et en faveur d’une nouvelle résolution pour rétablir l’autorité du groupe. Le 6 juin dernier, le Conseil de Sécurité a adopté la résolution 1929. Celle-ci qui ne contient pas de nouvelles sanctions, mais insiste sur l’interruption de l’enrichissement (ce qui désavoue l’échange), et aussi le dialogue uniquement avec les Six. Dès lors, les Etats écartés par Washington qui sont les plus importants partenaires commerciaux ou stratégiques des mollahs et par conséquent ont les moyens de sanctionner ces derniers les ont pressés à reprendre le dialogue. Mais ce dialogue est impossible car Téhéran ne peut se retrouver en termes amicaux avec les Américains ou les Européens qui sont les alliés de facto d’Israël. Téhéran s’est alors retrouvé dans l’obligation de repartir en campagne de provocations.

Triviale poursuit | Cette fois, Téhéran a axé ses provocations désobligeantes sur le thème du dialogue. Selon la méthode en 2 temps, il s’est prononcé en faveur du dialogue en septembre, mais à des conditions irréalisables comme l’anéantissement de l’arsenal atomique d’Israël ou l’exigence de la participation de la Turquie et du Brésil. Il espérait engager Washington dans des polémiques pénalisantes comme sa « partialité vis-à-vis d’Israël » ou son « soutien explicite à la médiation turco-brésilienne »

Face à ce piège de « dialogue, mais à des conditions irréalisables », Washington et ses alliés (qui tous veulent éviter une escalade impossible à gérer) ont toujours noté la volonté du dialogue des mollahs, mais ils ont régulièrement censuré les conditions posées par Téhéran. Le régime s’est alors engagé dans une course-poursuite avec les médias occidentaux pour évoquer son envie de dialogue et ses conditions par des formules incensurables. Mais il n’y est pas parvenu.

Son annonce de reprise de dialogue sans aucune condition préalable avec le groupe de Vienne est la suite de ces tentatives infructueuses. En fait, Le régime a tout simplement laissé passer deux semaines pour franchir la grille de la censure par surprise. Quelques heures après avoir fait un retour dans l’espace médiatique occidental, le ministère iranien des affaires étrangères a pris la parole pour annoncer une reprise de dialogue en septembre, mais sans faire mention des conditions préalables. Puis, Ahmadinejad a accordé une interview à la chaîne iranienne d’info en anglais, Press TV, pour préciser que le dialogue en septembre était à certaines conditions, celles qui étaient régulièrement censurées par les Six. On peut dire qu’en désespoir d’être entendu, le régime a inventé la provocation en 3 temps.

Bilan des efforts | Cette approche aurait pu finir en désastre comme les précédentes tentatives qui avaient été frappées par la censure implacable des Américains et des autres puissances impliquées, mais ces derniers ont enfin médiatisé la réponse provocatrice des mollahs. C’est à la fois une victoire, mais aussi une défaite car cela veut dire que les grandes puissances ne veulent plus sauver ce régime à tout prix.

Changements en vue ? | Tout à fait par un hasard auquel nous ne croyons pas, le Prince Reza qui est vu comme le chef incontesté de la résistance laïque a été beaucoup vu sur les médias américains ces derniers jours, ce qui laisse supposer que le désaveu du régime a été envisagé avant ces réponses prévisibles des mollahs. Ceci peut expliquer la fuite inexplicable des archives de guerre d’Afghanistan qui dévoilent à l’opinion publique américaine d’une manière incontestable et détachée de la Maison-Blanche l’ingérence terroriste des mollahs sur un terrain où meurent les jeunes Américains rendant impossible toute entente avec Téhéran. Le jour même, un journaliste de CBS-News était à Téhéran pour interroger Ahmadinejad sur cette ingérence comme s’il avait su que la fuite allait avoir lieu ce jour.
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L’enlisement en Afghanistan qui a dépassé la durée de l’engagement américain au Vietnam est sans doute un élément à prendre en considération qui plaide en faveur d’un vrai bouleversement, mais il existe un doute qu’il s’agisse d’une pénible intimidation de plus pour raisonner les mollahs.
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Il faut l’espérer qu’il en soit autrement car cette révolution arrive à une date historique très symbolique. Il y a trente ans jour pour jour, un 27 juillet, disparaissait le Chah d’Iran qui a été renversé par ces mêmes puissances surtout les Américains pour des raisons que tout Iranien connaît désormais : sa politique pétrolière et industrielle et la doctrine malfaisante de Brzezinski. L’occurrence de la date de la remise en cause de cette doctrine et l’anniversaire de la mort de sa principale victime ne manquera pas de remuer les Iraniens qui sont très portés sur le mysticisme. Cela affectera encore plus les mollahs eux-mêmes qui parlent si souvent de malédiction et de vengeance posthume. Le moment est parfait pour un changement.
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Le régime est lui-même conscient du danger puisque parallèlement à ses provocations, il a évoqué par l’intermédiaire du faux opposant Moussavi le principe d’un référendum sur la poursuite du programme nucléaire ! Il peut aussi mettre en référendum le maintien du régime pour procéder à un changement en douceur afin de s’éviter un carnage.
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Il a suffi d’un simple changement de posture sans de nouvelles sanctions pour bouger les frontières. Il suffirait d’un message de soutien au peuple et à son leader spirituel, Reza Pahlavi, partisan de la désobéissance civile pour donner le signal d’une grève générale qui débarrasserait l’Iran et le monde des mollahs, des Pasdaran et leurs sinistres lieutenants, le Hamas, le Hezbollah et al-Qaeda Maghreb. Mais cela ne nous appartient pas, c’est à Washington de confirmer son changement de politique régionale.


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| Mots Clefs | Enjeux : Changement de régime |

| Mots Clefs | Décideurs : OBAMA |