Iran – Etats-Unis : Les vases communicants ! 26.02.2010 Il y a trois jours, Téhéran a annoncé le début d’ici 30 jours, du « chantier de deux usines d’enrichissements avec des centrifugeuses 5 fois plus puissantes ». Le lendemain, Hillary Clinton a rappelé son attachement au dialogue et peut-être une résolution « dans 30 à 60 jours ». Il y a évidemment un rapport entre les deux déclarations, mais ce rapport est plus complexe qu’il n’y paraît. Depuis un an, Obama continue à sanctionner les mollahs, les privant de tout contrat pétrolier, tout en leur offrant de mettre fin à cette privation très pénalisante pour l’économie iranienne en échange d’une normalisation des relations entre les deux pays en vue d’arriver à « une entente dans le respect des deux pays ». Dernièrement, Washington a également écarté définitivement l’éventualité d’une frappe militaire américaine ou israélienne en précisant qu’il continuerait aussi longtemps que possible sa politique de double approche, sanctions suivies de proposition d’entente. D’emblée on comprend que conclure cette entente est très important pour Washington et de même la refuser est tout aussi très important pour les mollahs. En fait, cela est même vital pour l’un et pour l’autre. Pour affaiblir la Chine, Washington a besoin d’un allié capable de soulever les musulmans de la région contre la Chine et cet allié stratégique ne peut être qu’un Etat musulman qui revendique l’activisme islamiste : le seul exemplaire en vente est le régime des mollahs. De fait, Washington ne peut le renverser : il ne peut qu’envisager de le transformer en un allié docile avec de l’intimidation. Pour réussir, Washington a ciblé les points faibles des mollahs : leur économie et leur impopularité. Il a commencé à sanctionner les mollahs pour augmenter le niveau du mécontentement social, en parallèle, il a sans cesse évoqué le bombardement des casernes des Pasdaran ou de sanctions susceptibles de provoquer des émeutes. D’emblée la clef de la victoire a été une guerre d’usure… En face, les mollahs ne peuvent pas accepter de devenir les alliés de Washington car cela suppose une réconciliation. Cela veut dire qu’il doit accepter le retour en Iran d’exilés issus du régime et proches de Washington en leur accordant le droit de participer à la vie politique. Téhéran y a vu à juste titre une fine stratégie de Cheval de Troie dont le succès dépendait de la guerre d’usure menée par Washington contre ses points faibles. Téhéran devait neutraliser cette guerre d’usure, le plus rapidement possible, le temps lui étant défavorable. Il a identifié les alliés Européens de Washington (qui dépendent du pétrole du Golfe Persique) comme son point faible. Dès lors il a commencé à aligner les provocations nucléaires et militaires pour engager Washington dans une escalade susceptible de déboucher sur une guerre afin que par peur d’une menace sur leur approvisionnement pétrolier, les Européens paniquent et demandent à Washington de cesser ses pressions et aussi sa politique de Cheval de Troie. Ainsi il y a eu face à face deux gestions des délais : la guerre d’usure de Washington, la guerre éclair des mollahs. Il y a trois jours, Téhéran qui est de plus en plus affaibli par les sanctions a donné un coup d’accélérateur dans sa stratégie délibérée d’amplification de crise pour imposer sa cadence et prendre la direction des opérations… Pour lui couper l’herbe sous les pieds, Washington a laissé passer un jour avant d’annoncer une éventuelle résolution peut-être dans 30 voire 60 jours… Les Européens n’ont rien dit. Conformément aux usages des guerres d’usure, Washington vient en fait de moucher les mollahs d’une manière très méprisante. On devrait donc s’attendre à des diatribes vociférantes !
| Mots Clefs | Instituions : Politique Economique des mollahs | | Mots Clefs | Décideurs : Hillary Clinton |
| Mots Clefs | Institutions : Diplomatie (selon les mollahs) |
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